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dent de faire ni guerre ni alliance que fous leur bon plaifir, les reléguent au delà des monts, & ne leur laiffent à proprement parler qu'un vain titre & un phantôme de roiauté,dépouillée de tous fes droits & de fes avantages.

On ne peut pas douter que la Pro vidence n'eût deftiné les Romains à devenir les maîtres du monde, & leur future grandeur avoit été prédite dans les Ecritures: mais ces divins Oracles leur étoient inconnus ; & d'ailleurs la fimple prediction de leurs conquêtes ne les juftifioit pas. Quoi - qu'il foit difficile d'affurer, & encore plus de prouver, qu'ils aient formé d'abord le plan de tout conquerir & de tout foumettre, on ne peut cependant difconvenir, en examinant avec attention toutes leurs démarches, qu'ils agiffoient comme s'ils euffent eu ce preffentiment, & qu'une espèce d'inftinct les eût portés à s'y conformer

en tout.

Quoi qu'il en foit, nous voions par l'événement où s'eft terminée cette rare modération des Romains que l'on vante fi fort. Ennemis de la liberté de tous les peuples, remplis de X 2 mé

AN. M. 3815. Av. J. C.

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mépris pour les Rois & pour la roiauté, regardant tout l'univers comme leur proie, ils ont embraffé par une ambition infatiable la conquête du monde entier : ils ont enlevé fans diftinction toutes les provinces & tous les roiaumes, & ont renfermé fous leur domination tous les peuples: en un mot, ils n'ont mis de bornes à leurs valtes projets que celles que les déferts & les mers les ont forcés d'y

mettre.

S. VIIL

Le Conful Fulvius foumet les Etoliens. Les Spartiates effuient un cruel traitement de la part de leurs Bannis. Manlius, l'autre Conful, foumet les Gaulois de l'Afie. Antiochus, pour paier aux Romains le tribut, pille un temple dans l'Elymaide;il eft tué. Explication de la prophétie de Daniel qui regarde Antiochus.

PENDANT l'expédition des Romains dans l'Afie, il y avoit eu quelques Liv. lib. mouvemens dans la Gréce. Amynan38.2.1-11 dre, par le fecours des Etoliens s'éPolyb. in toit rétabli dans fon roiaume d'AthaExcerpt. manie, aiant chaffé des villes les gar

Legat.cap.

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nifons

nifons Macédoniennes que le Roi Phikippe y tenoit. Il envoye des Ambaffadeurs à Rome au Sénat, & d'autres en Afie aux deux Scipions qui étoient alors à Ephéfe après la grande victoire remportée fur Antiochus, pour s'excufer de ce qu'il avoit emploié les armes des Etoliens contre Philippe, & pour faire des plaintes contre ce Prince.

Les Etoliens de leur côté avoient fait auffi quelques entreprifes contre Philippe, qui leurs avoient affez réaf f. Mais, quand ils apprirent qu'Antiochus avoit été défait, que l'ambaffade qu'ils avoient env iée à Rome en étoit revenue fans rien obtenir, & que le Conful M. Fulvius marchoit contr'eux, alors ils entrérent dans de vé ritables allarmes. Voiant bien qu'ils m'étoient point en état de réfifter aux Romains par la voie des armes, ils eurent encore recours aux prieres; & pour les rendre plus efficaces, il engagérent les Athéniens & les Rhodiens à joindre leurs Ambaffadeurs à ceux qu'ils envoioient à Rome pour demander la paix.

Le Conful étant arrivé en Gréce, de concert avec les Epirotes avoit for. X. 3

mé le fiége d'Ambracie, où les Etaliens avoient beaucoup de troupes, & qui fe défendit vigoureufement. Mais, perfuadés qu'ils ne pouvoient pas tenir longtems contre la puiffance Romaine, ils envoiérent de nouveaux Ambaffadeurs au Conful avec de plains pouvoirs de conclure le Traité à quelques conditions que ce fût. Celles qu'on leur propofoit leur paroiffant extrêmement dures, quoiqu'ils fuffent chargés de plains pouvoirs, ils demandérent qu'il leur fût permis de confulter encore une fois l'Affemblée. Elle leur en fut mauvais gré, & les renvoia avec ordre de finir. Pendant l'intervalle, les Ambaffadeurs des Athéniens & de Rhodiens, que le Sénat avoit renvoiés au Conful, étoient arrivés près de lui. Amynandre s'y étoit rendu auffi. Comme il avoit beaucoup de crédit dans la ville d'Ambracie où il avoit demeuré longtems pendant fon exil, il engagea les habitans à fe rendre enfin au Conful. La paix fut auffi accordée aux Etoliens. Les principales conditions du Taité furent, Qu'ils commenceroient par livrer aux Romains leurs armes & leurs chevaux: qu'ils leurs

leurs paieroient mille talens d'argent, (trois millions) dont moitié feroit paiée fur le champ: qu'ils rendroient tant aux Romains qu'à leurs alliés tous les transfuges & tous les prifonniers, qu'ils regarderoient comme amis & comme ennemis tous ceux qui le feroient du peuple Romain: enfin qu'ils donneroient quarante otages au choix du Conful. Quand leurs Ambaf fadeurs furent arrivés à Rome pour y faire ratifier le Traité, ils trouvérent les efprits terriblement indifpofés contre les Etoliens, tant à caufe de leur conduite paffée, que pour les plaintes que Philippe avoit faites d'eux dans les lettres qu'il avoit écrites à ce fujet. Le Sénat enfin fe laiffa toucher à leurs priéres, & à celles des Ambaffadeurs d'Athénes & de Rhodes qui les accompagnoient, & ratifia le Traité aux conditions que le Conful avoit prefcrites. On permit aux Etoliens de paier en monnoie d'or la fomme à laquelle ils avoient été taxés, de forte qu'une pièce d'or feroit comptée pour dix piéces d'argent de même poids; ce qui montre qu'elle étoit pour lors la proportion de l'or avec l'argent. Liv. lib. Le Conful Fulvius, après avoir

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38. n.

ter- 28-30.

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