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Polyb.

331. &

Paufan. 1.

autres. It prit des airs de hauteur: il donna dans le fafte & les dépenfes, & fe rendit à la fin infupportable à tout le monde.

Les guerres d'Orient m'ont fait fufpendre le récit de ce qui s'eft paffé pendant ce tems-là dans la Gréce: je vais maintenant le reprendre.

§. II.

Les Etoliens fe déclarent contre les Achéens. Bataille de Caphyes perdue par Aratus. Les Achéens ont recours à Philippe, qui prend leur défenfe. Troubles à Lacédémone. Mort funefte de Cléoméne en Egypte. On choifit deux Rois à Lacédémone. Cette République fe joint aux Etoliens.

Strab 1. LES ETOLIENS,fur tout dans le tems 10. p. 450 dont nous parlons, étoient devenus un peuple fort puiffant dans la Gré746. ce. Leur domaine primitif s'étendoit 19. p. 650, depuis le fleuve Achélous jusqu'au detroit du golfe de Corinthe & aux Locres furnommés Ozoles. Mais, par la fuite des tems, ils s'etoient emparés de plufieurs villes dans l'Acarnanie, dans la Theffalie, & dans d'autres contrées voifines. Ils vivoient à

peu

peu près fur terre, comme les pirates fur mer, c'est-à-dire de brigandages & de rapines. Uniquement attentifs au gain, ils n'en trouvoient point de honteux ni d'illicite; & ils ne connoiffoient ni les loix de la paix, ni celles de la guerre. Ils étoient fort endurcis aux fatigues, & intrépides dans les combats. Ils fe diftinguérent particuliérement dans la guerre contre les Gaulois qui firent une irruption dans la Gréce, & ils fe montrérent de zélés défenfeurs de la liberté publique contre les Macédoniens. L'accroiffement de leur puiffance les avoit rendu fiers & infolens. Cette fierté parut dans la réponse qu'ils firent aux Romains lorfqu'ils leur envoiérent des Ambaffadeurs pour leur ordonner de laiffer l'Acarnanie en paix. Ils témoignérent, fi nous en croions Trogue Pompée, ou Juftin Justin. 7. fon abréviateur, un fouverain mé. 28. c. 2. pris pour Rome, honteux réceptacle dans fon origine, difoient-ils, de bri gands & de voleurs, fondée & bâtie par un fratricide, & formée par l'af femblage de femmes enlevées par force à leurs parens. Ils ajoutoient, que les Etoliens s'étoient toujours diftinTome VIII.

C

gués

Polyb. lib. 4. pag.

Plut. in

gués dans la Grece autant par leur courage que par leur nobleffe: qu'ils n'avoient redouté ni Philippe, ni Alexandre fon fils; & que pendant que ce dernier faifoit trembler toute la terre, ils avoient ofé rejetter fes Edits & fes Ordonnances. Qu'ainfi les Romains priffent garde de provoquer contre eux des armes, qui avoient exterminé les Gaulois, & méprifé les Macédoniens. On peut juger par ces traits du caractére des Etoliens, dont il fera beaucoup parlé dans la fuite. Depuis que Cléomene de Sparte 272-292 avoit perdu fon roiaume, & qu'AntiArato gone, par la victoire qu'il remporta pag. 1049. à Sélafie, avoit en quelque forte pacifié la Grece, les peuples du Péloponnéfe, qui étoient las des premié. res guerres, & qui croioient que l'état préfent des affaires dureroit toujours, avoient entiérement négligé les armes & le métier de la guerre. Les Etoliens fongérent à profiter de cette indolence. Ils ne pouvoient fouffrir la paix, pendant laquelle ils étoient obligés de vivre à leurs dépens,eux qui étoient accoutumés à ne vivre que de brigandages. Antigone les avoit tenus en refpect, & les avoit

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empêchés de rien erreprendre contre leurs voifins: mais, après fa mort, ils mépriféront la jeuneffe de Philippe,entrérent à main armée dans le Péloponnéfe, & ravagérent les terres des Mefféniens. Aratus, irrité de cette infolence & de cette perfidie, & voiant que Timoxene, qui étoit alors Capitaine Général des Achéens, cherchoit à gagner du tems, parce que fon année alloit expirer, comme il etoit nommé pour lui fuccéder l'année fuivante, il avança de cinq jours fon Généralat pour courir au fecours des Mefféniens. AN. M Aiant donc affemblé les Achèens, 3783. Av. dont la vigueur & les forces avoient J. C. 2216 été affoiblies par le repos & l'inaction, il fut battu près de Caphyes dans une grande bataille qui s'y donna.

On rejetta la caufe de cette défaite fur Aratus, & ce n'étoit point fans fondement. ¡Il tâcha de prouver que la perte qu'on lui imputoit, n'étoit pas arrivée par fa faute. Du refte, s'il avoit manqué en quelque chofe au devoir d'un bon Capitaine, il en demanda pardon, & pria qu'on exa minât fes actions avec moins de rigueur que d'indulgence. Cette modeftic changea l'efprit de toute l'Affem€ 2 blée,

blée, dont la fureur fe tourna contre fes accufateurs, & on ne fe fervit enfuite que de fes confeils dans tout ce qu'on voulut entreprendre. Mais le fouvenir de l'échec qu'il avoit reçu, rallentit beaucoup fon courage. Il fe conduifit plûtôt en fage citoien, qu'en grand capitaine; & quoique les Etoliens lui donnaffent fouvent de grandes prifes fur eux, il n'en profita point, & leur laiffa ravager prefque impunément tout le pays.

Les Achéens fe virent donc obligés de tendre encore les mains à la Macédoine, & d'appeller à leur fecours le Roi Philippe, dans l'efpérance que l'affection qu'il portoit à Aratus, & la confiance qu'il avoit en lui, le leur rendoient favorable. En effet Antigone, en mourant, avoit recommandé fur toutes chofes à Philippe de s'attacher à Aratus, & de fe gouverner par fes confeils quand il traiteroit avec les Achéens. Quelque tems auparavant, il l'avoit envoié dans le Péloponnefe pour s'y former fous les yeux & par fes avis. Aratus lui fit le meilleur accueil qu'il lui fut poffible, le traita avec toutes les diftinctions que méritoit fon rang,

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