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toient renfermés avec toutes leurs forces. Ce fiége avoit déja duré deux mois, lorfque Quintius, qui pendant cet intervalle avoit été occupé à différens foins dans la Gréce, s'y rendit, & fe joignit au Conful. La ruine de cette ville entraînoit celle de prefque toute la Nation. Quintius avoit toutes les raifons poffibles d'être mécontent des Etoliens. Cependant il fe laiffa toucher de compaffion à la vue de leur ruine prochaine : I s'approcha des murs affez près pour être reconnu par les affiégés. La ville étoit réduite aux abois. Le bruit s'y répandit que Quintius paroiffoit. Auffitôt on accourut de toutes parts fur les murs. Ces infortunés citoiens, tendant les mains vers Quintius, & l'appellant par fon nom, fe mirent tous à pleurer, & à implorer fon fecours avec de grands cris. Quintius leur aiant marqué par un geste refufant qu'il ne pouvoit rien faire pour Cux retourna trouver le Conful. Etant entré en converfation avec lui. il lui repréfenta qu'après avoir vaincu Antiochus, il perdoit tout fon tems à l'attaque de deux places, & que l'année de fon commandement étoit près

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d'expirer. Acilius en convint, máis la honte de lever le fiége le retenant, il laiffa Quintius maître de faire tout <ce qu'il voudroit. Celui-ci s'étant approché des murs une feconde fois,, les cris recommencérent, & on le fupplia d'avoir pitié de la nation. Il fit figne de la main qu'on lui envoiât quelques Députés. Phénéas & les principaux fortirent, & vinrent fe jetter à fes piés. Les voiant en cet (état : Votre malheur, leur dit-il,

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étoufe en moi tout fentiment de co

lére & de vengeance. Vous voiez ,, l'accompliffement de tout ce que je , vous avois prédit: & vous n'avez

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pas la confolation de pouvoir dire ,, que tout cela eft arrivé fans que vous ,,y ayez donné lieu. Mais deftiné ,, comme je le fuis à conferver la Gré,, ce, l'ingratitude n'arrétera point mon inclination à faire du bien. Dé>>, putez au Conful, pour obtenir de ;,, lui une tréve, qui vous donne le 29, tems d'envoier des Ambaffadeurs à ,,, Rome, pour faire vos foumiffions ,, au Sénat. Je vous fervirai d'interceffeur & d'avocat auprès du Conful. Ils fuivirent en tout le confeil déQuintius. Le Conful lui accorda vne tré

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ve, leva le fiége, & remena fon armée dans la Phocide.

Le Roi Philippe envoia des Ambaffadeurs à Rome pour féliciter les Romains fur l'heureux fuccès de cette campagne, & pour offrir des préfens & des facrifices aux dieux dans le Capitole. Ils y furent reçus avec de grandes marques de diftinction, & l'on remit entre leurs mains Démétrius fils de Philippe, qui étoit retenu à Rome en qualité d'otage. Ainfi fut terminée la guerre que les Romains firent dans la Gréce contre Antiochus.

§. VII.

Polyxénide, Amiral de la flote d'Antiochus, est battu par Livius. L. Scipion, nouveau Conful, est chargé de la guerre contre Antiochus: Scipion PAfricain, fon frere, fert fous lui. Les Rhodiens défont Annibal fur mer. Le Conful marche contre Antiochus,& paffe en Afie. Il remporte fur lui une célebre victoire près de Magnéfie.Le Roi obtient la paix, & par le Traité céde toute l'Afie en decà du mont Taurus. Difpute entre Euméne & les Rhodiens devant le Sénat de Rome au fujet des villes Grecques de l'Afie.

A

191.

PENDANT que tout ce que je viens AN. M. de raporter fe paffoit dans la Gréce., 3813. i Antiochus demeuroit tranquille à Av. J. C. Ephéfe, s'affurant fur la parole de fes Liv. lib. flateurs & de fes courtifans qu'il n'a-36..n..41voit rien à craindre de la part des Ro-45. mains, & qu'ils ne fongeoient point. Appian. à paffer en Afie. Annibal feul fut cain Syr.pag. pable de le tirer de cet affoupiffement. 99.100. Il lui déclara nettement, qu'au lieu de fe flater de vaines efpérances comme il faifoit, & de fe laiffer .endormir par des difcours deftitués de toute raifon & de toute vraisemblance,, il devoit compter qu'au premier jour il auroit à combattre par terre & par mer contre les Romains dans l'Afie & pour l'Afie, & qu'il faloit fe réfoudre ou à renoncer à l'Empire,"ou à le défendre les armes à la main conttre des ennemis qui n'afpiroient à rien moins qu'à fe rendre maitres de l'uinivers.

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Le Roi comprit alors tout le danger où il étoit. Il envoia des ordres pour faire bâter la marche des troupes d'Orient qui n'étoient pas encore arrivées: il fit équiper fa flote, s'y rembarqua, & paffa dans la Querfonnéfe. Il y fortifia Lyfimachie, Seftus,

$6

¡Aby

Liv. lib.

Abyde, & les autres places des environs; pour empêcher les Romains de paffer en Afie par l'Hellefpont; après quoi il revint à Ephése.

On y réfolut, dans un grand Confeil, de hazarder un combat naval. Polyxénide, Amiral de la flote, eut ordre d'aller chercher C. Livius qui commandoit celle des Romains, arrivée tout nouvellement dans la mer Egée, & de l'attaquer. Ils fe rencontrérent près du mont Coryque en Io. nie. Le combat fut fort opiniâtre. Enfin Polyxénide fut battu, & obligé de prendre la fuite. On lui coula à fond dix vaiffeaux, & on lui en prit treize. I fe fauva à Ephéfe avec la refte. Les Romains entrérent dans le port de Cannes en Etolie, firent tirer leurs vaiffeaux à terre, & fortifiérent d'un bon foffé & d'un rempart l'endroit où ils les mirent pour tout l'hi

wer.

Antiochus, lorfque ceci arriva, 37.22. 8. étoit à Magnéfie occupé à affembler Appian. fes forces de terre. Sur la nouvelle 22. Syr. P. qu'il eut de la défaite de fa flote, il

100.

marcha vers la côte, & fongea férieufement à en équiper une nouvelle, capable de conferver l'empire de ces

¡mers.

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