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vaife faifon, & fans attendre que tout fût prêt: mais que bientôt leur attente feroit remplie. Que dès que le tems feroit propre à la navigation, ils verroient toute la Gréce couverte d'armes, d'hommes, de chevaux; & toutes les côtes de la mer bordées de galéres. Qu'il n'épargneroit ni dépenfe, ni peine, ni danger pour délivrer réellement la Gréce, & pour y procurer le premier rang aux Etoliens. Qu'a vec ces nombreuses armées il arriveroit auffi d'Afie des convois de toutes fortes: qu'ils euffent foin feulement de fournir pour le préfent à fon armée ce qui lui feroit néceffaire. Après avoir ainfi parlé, il fe retira.

Les plus fenfés de l'affemblée voioient bien qu'Antiochus, au lieu d'un fecours effectif & préfent tel qu'il l'avoit promis, ne leur donnoit prefque que des paroles & des efpérances. Ils auroient fouhaité qu'on le prit feulement pour médiateur & pour arbitre entr'eux & les Romains, & non pour Chef de la guerre. Mais Thoas emporta les fuffrages, & le fit nommer Généraliffime. On lui donna trente des principaux de la nation, pour délibérer avec eux quand il le jugeroit à propos. R 4 S. VL.

AN. M.

§. VI.

Antiochus fait tenter vainement les Achéens. Il fe rend maître de Chal cis, & de toute l'Eubée. Les Romains lui déclarent la guerre, & envoient contre lui dans la Gréce le Conful Manlius Acilius. Antiochus profite mal des confeils d'Annibal. Il eft vaincu près des Thermopyles. Les Etoliens fe foumettent aux Romains.

LE PREMIER fujet de délibération 3813. Av. entre le Roi & les Etoliens, fut de J. C. 191. favoir par quelle expédition il faloit Liv. lib. commencer. On jugea à propos de

35.2.46.

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faire une nouvelle tentative fur ChalAppian. cis, & fans perdre de tems l'on s'y in Syriac. rendit. Quand on en fut près, le Roi pag. 92. laiffa les principaux des Etoliens s'a

93.

boucher avec ceux de la ville qui en étoient fortis à leur arrivée. Les Etodiens les exhortérent vivement à faire alliance & amitié avec Antiochus, mais fans renoncer à celle des Romains. Its dirent que ce Prince étoit paffé dans la Grèce, non pour y porter la guerre, mais pour la délivrer réellement & de fait, & non fimplement en paroles comme avoient fait

les

les Romains. Qu'il ne pouvoit y avoir rien de plus utile pour les villes de la Gréce, que d'être amies en même tems des deux puiffances, parce que P'une les défendroit toujours contre l'autre, & que par là elles fe tiendroient mutuellement en refpect. Qu'ils viffent, s'ils ne prenoient pas ce parti, à quoi ils s'expofoient, le fecours Romain êtant éloigné, & le Roi préfent & à leurs portes.

Miction, l'un des principaux de Chalcis, répondit, Qu'il ne pouvoit deviner pour la délivrance de qui An-tiochus avoit quitté fon Roiaume, & étoit paffé en Gréce. Qu'il n'y favoit aucune ville qui eût garnison Romaine, ou qui paiât quelque tribut à Rome, ou qui fe plaignit d'être opprimée. Que pour les Chalcidiens, ils n'avoient befoin ni de libérateur, puifqu'ils étoient libres, ni de défenfeur, puifqu'ils vivoient en paix fous la protection & avec l'amitié des Romains. Qu'ils ne rejettoient pas l'amitié du Roi, ni des Etoliens: mais que la premiére démarche d'amis qu'ils devoient faire, étoit de fe retirer de leur ile. Qu'ils étoient bien déterminés, non feulement à ne les pas recevoir RS dans

dans leur ville, mais à ne faire avec eux aucune alliance que de concert avec les Romains.

Quand on eut raporté cette réponfe au Roi, comme il avoit amené avec lui peu de troupes, & qu'il n'étoit pas en état de forcer la ville, il prit le parti de retourner à Démétriade. Une premiére démarche fi peu fage, & fi mal concertée, ne lui fit pas d'honneur, & ne fut pas d'un bon augure pour l'avenir.

On fe tourna d'un autre côté, & l'on effaia de gagner les Achéens & les Athamanes. Les premiers donnérent audience aux Ambaffadeurs d'Antiochus & des Etoliens à Ege où fe tenoit leur affemblée, en préfence de Quintius Général des Romains.

L'Ambaffadeur d'Antiochus parla le premier. C'étoit a un homme vain, comme le font d'ordinaire ceux qui vivent à la cour & aux frais des Princes, qui fe croioit un beau parleur, & qui prenoit un ton emphatique & impofant. Il dit, Qu'une cavalerie innombrable paffoit l'Hellefpont

pour

a Is, ut plerique quos opes regiæ alunt, vaniloquus,maria terrafque inani fonitu-verborum compleverat. Liv.

pour venir en Europe, compofée partie de cuiraffiers, partie d'archers, qui de deffus leurs chevaux, dans la fuite même, lançoient à coup fûr leurs fléches en fe retournant. A cette cavalerie, capable d'écrafer feule toutes les forces de l'Europe réunies enfemble, il ajoutoit une infanterie encore plus nombreuse: les Dahes, les Médes, les Elyméens, les Caddufiens, noms inconnus & effraians. Pour la flotte,que nul port de la Gréce ne pourroit contenir, l'aile droite devoit être com pofée des Tyriens & des Sidoniens, la gauche des Aradiens & des Sidétes. de Pamphylie, nations les plus habiles inconteftablement & les plus expérimentées dans la marine. Qu'il étoit inutile de faire un dénombrement des fommes immenfes que le Roi apportoit avec lui, tout le monde fachant que les roiaumes d'Afte avoient toujours abondé en or. Qu'il faloit juger de la même forte des autres preparatifs de guerre. Qu'ainfi les Romains n'auroient point ici affaire à un Philippe ou à un Annibal, celuici fimple citoien de Carthage, l'autre renfermé dans les bornes étroites de fon roiaume de Macédoine; mais à un Prin

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