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Le lendemain, la pluralité étant pour mettre l'affaire en délibération, & les peuples témoignant affez ou vertement ce qu'ils penfoient, les Dyméens, les Mégalopolitains, & quelques-uns des Argiens fe retirerent de Paffemblée avant qu'on fit le Décret; & perfonne n'en fut furpris, & ne leur en fus mauvais gré, parce qu'ils avoient des obligations particulieres à Philippe, qui, tout récemment encore, leur avoit rendu des fervices confiderables. La reconnoiffance eft une vertu de tous les tems & de tous les pays, & l'ingratitude eft par tout abhorrée. Tous les autres peuples, quand on en vint aux fuffrages, confirmerent fur le champ par un Décret l'alliance avec Attale & les Rhodiens: & remirent l'entiére conclufion de celle qui regardoit les Romains juf qu'au tems où l'on envoieroit des Députés à Rome pour obtenir la ratification du peuple, fans laquelle on ne pouvoit rien terminer.

En attendant on envoia trois Députés à Quintius, & toute l'armée des Achéens fe rendit à Corinthe, devant laquelle Lucius frére du Conful avoit déja mis le fiége, après s'être rendu

mai

maitre de Cenchrée. D'abord Pattaque fut affez foible, parce qu'on efperoit que la divifion fe mettroit dans la ville entre la garnifon & les habitans. Quand on vit que rien ne remuoit, on fit approcher les machines de tous côtés; & l'on fit diverfes attaques, que les affiégés foutinrent avec beaucoup de vigueur, & où les Romains furent toujours repouffés. Hy avoit dans Corinthe un grand nombre de transfuges d'Italie, qui n'attendant aucun quartier de la part des Romains s'ils étoient vainqueurs, fe battoient en defefpérés. Philoclès, Capitaine de Philippe, aiant fait entrer un nouveau renfort dans la vil le, & n'y aiant plus d'efpérance de la pouvoir forcer, Lucius enfin fe rendit à l'avis d'Attale, & on leva le fiége. Les Achéeus aiant été renvoiés, Attale & les Romains remontérent dans leurs flotes. Le premier fe rendit au Pirée, & les autres à Corcyre.

Pendant que les flotes attaquoient Corinthe, le Conful T. Quintius étoit occupé au fiége d'Elatie, où il eut un fuccès plus heureux. Car, après une longue & vigoureuse réfiftance de la part des affiégés, il fe rendit maître

d'abord

d'abord de la ville, puis de la citadelle.

Dans le même tems, ceux d'Argos qui avoient embraffé le parti de Philippe, trouverent le moien de livrer leur ville à Philoclès l'un de fes Généraux. Ainfi, malgré l'alliance que les Achéens venoient de faire avec les Romains, Philippe demeura maître de deux de leurs plus fortes places je veux dire de Corinthe & d'Argos. §. III.

On continue le commandement à Flamininus comme Proconful. Il a unè entrevue inutile avec Philippe fur la paix. Les Etoliens fe déclarent pour les Romains, aufi bien que Nabis Tyran de Sparte. Maladie & mort d'Attale. Bataille gagnée par Flamininus fur Philippe près de Scotuffe & de Cynofcéphales en Theffalie. Paix accordée à Philippe, laquelle termine la guerre de Macédoine. Joie extraordinaire des Grecs aux Jeux Ifthmiques, quand on leur déclare que Rome les rétablit dans leur ancienne liberté.

ON NOMMA de nouveaux Confuls à Rome. Mais, comme on attribuoit,

A'N. M. 3807. Av. J. C. & 197.

Liv, lib. & avec raifon, le retardement des af 32. n. 27-faires de Macédoine aux fréquens

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changemens de ceux qui en étoient chargés, on continua Flamininus dans fon commandement, & on lui envoia des recrues.

Liv. lib. La faifon étant déja avancée, Quin32. m. 32.tius avoit pris fes quartiers d'hiver 37. dans la Phocide & dans la Locride, Polyb. 1. 17. pag. lorfque Philippe lui envoia un héraut 740-752. d'armes pour lui demander une enPlut. in trevûe. Il ne fe rendit pas difficile, & Flamin.p·la lui accorda, parce qu'il ne favoit 371.

pas encore ce qu'on avoit résolu à Rome à fon fujet, & qu'une conférence lui laiffoit la liberté ou de continuer la guerre fi on lui prorogeoit le commandement, ou de por ter les chofes à la paix fi on lui envoioit un fucceffeur. Le lieu & le jour pris, ils s'y rendirent de part & d'autre. Philippe avoit avec lui plufieurs Seigneurs de Macédoine, & Cycliade un des principaux des Achéens qu'ils avoient depuis peu-exilé. Le Général Romain étoit accompagné d'Amynandre roi des Athamanes, & des Députés de tous les alliés. Après quelques difputes fur le cérémonial, Quintius fit fes propofitions:

cha.

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chacun des alliés fit auffi fes demandes. Philippe y répondit, & comme il commençoit à s'emporter contre les Etoliens, Phénéas leur Magiftrat l'interrompant, lui dit :,, Il ne s'agit , pas ici de paroles: il faut ou vaincre les armes à la main, ou céder ,, au plus fort.,,La chofe eft claire mê ,, me pour un aveugle, reprit Philippe, en se raillant de Phénéas qui étoit incommodé de la vue. Philippe a étoit 'naturellement railleur, & ne pouvoit fe contenir même en traitant d'affaires les plus férieufes: ce qui eft un grand défaut dans un Prince.

Cette premiere entrevãe s'étant paffée en altercations, on fe raffembla le lendemain. Philippe fe rendit fort tard au lieu dont on étoit convenu. On crut qu'il l'avoit fait exprès pour ne point laiffer aux Etoliens & aux Achéens le tems de lui répondre. Il s'aboucha avec Quintius en particu lier. Celui-ci aiant raporté fes propofitions aux alliés, nul d'eux ne les agréa, & l'on étoit prêt de rompre toute conférence, lorfque Philippe demanda qu'on remît la décision au

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a Erat dicacior natura quam regem decet, &ne inter feria quidem rifu fatis tempe. rans. Liv.

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