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AN. M.

10. pag.

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Attale, Pleurate, Nabis Tyran de Sparte qui avoit fuccédé à Machanidas, les Eléens, les Mefféniens, les Athéniens. Ainfi fut terminée cette guerre des Alliés, par une paix qui ne fut pas de longue durée.

S. VIII.

Expéditions glorieufes d'Antiochus vers POrient dans la Médie, la Parthie, PHyrcanie & jufqu'a l'Inde. De retour à Antioche il apprend la mort 'de Ptolémée Philopator. Caractére déréglemens de ce Prince.

L'HISTOIRE des guerres de la Gréce nous a fait interrompre le récit de ce qui fe paffoit en Afie. Il faut maintenant retourner fur nos pas.

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Antiochus, aiant emploié quelque 3792. Av. tems, aprés la mort d'Achéus, â metJ. C.212. tre ordre à fes affaires dans l'Afie Polyb. Mineure, marcha vers l'Orient, pour 597-602." réduire les provinces qui avoient fecoué le joug de l'Empire de Syrie. Il commença par la Médie, que les Parthes venoient de lui enlever. Leur roi étoit Arface, fils de celui qui avoit fondé cec Empire. Il avoit profité de P'embarras que caufoit à Antiochus la

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guerre

guerre de Prolémée & celle d'Achéus, & avoit fait la conquête de la Médie. Il tâcha d'empêcher Antiochus d'entrer dans cette province, en faifant boucher tous les puits des deferts qu'il faloit traverser pour y arriver, fans lefquels il étoit impoffible qu'une armée y pût subsister.

Ce pays, dit Polybe, eft le plus puiffant roiaume de l'Afie, foit par fon étendue, fuit par le nombre & la force des hommes, & par la quantité de chevaux qu'on y trouve. C'eft la Médie qui en fournit toute l'Afie, & fes paturages font fi bons, que les Rois voifins y mettent leurs haras. Ecbatane en éft la capitale. Les richeffes & la magnificence des édifices de cette ville paffent tout ce que l'on voit dans les autres. Le palais du Roi a sept cent toifes de tour. Quoique tout ce qu'il y avoit en bois fût de cédre & de cyprès, on n'y avoit rien laiffé à nud. Les poutres, les lambris, & les colonnes qui foutenoient les portiques & les périftiles, étoient revétues les unes de lames d'argent, les autres de lames d'or. Toutes les tuiles étoient d'argent. La plupart de ces richeffes furent enlevées par les Macédoniens.

du

du tems d'Alexandre: Antigone & Séleucus Nicator pillérent le refte. Cependant, lorfqu'Antiochus entra dans cę roiaume, le temple d'Ena étoit encore environné de colonnes dorées, & on trouva dedans quantité de tuiles d'argent, quelque peu de briques d'or, & beaucoup de briques d'argent. On fit de tout cela de la monnoie au coin d'Antiochus, laquelle monta à la fomme de quatre mille talens, c'eft à dire de douze millions.

Arface s'attendoit bien qu'Antiochus viendroit jufqu'à ce temple: mais il ne pouvoit s'imaginer que ce Prince auroit la hardieffe de traverfer avec une fi grande armée un pays defert, tel que celui qui eft proche, & où fur tout l'on ne trouve d'eau nalle part. En effet, fur la furface de la terre on n'en voit point du tout. Il eft vrai qu'il y a fous terre des ruiffeaux & des puits, mais il faut connoitre le pays pour les découvrir. Sur cela les habitans du pays débitent une chofe qui eft vraie; que les Perfes, lorfqu'ils fe rendirent maîtres de l'Afie, donnérent à ceux qui feroient venir de l'eau dans les lieux où il n'y en auroit point eu auparavant, l'ufu

fruit de ces lieux-là mêmes jusqu'à la cinquième génération inclufivement. Les habitans animés par cette promeffe, n'épargnérent ni travaux ni dépenfes pour conduire fous terre des eaux depuis le mont Taurus, d'où il en découle une grande quantité, jufques dans ces deferts, de forte que même à préfent, dit Polybe, ceux qui fe fervent de ces eaux ne favent pas où commencent les ruiffeaux fouterrains qui les leur fourniffent.

Il feroit à fouhaiter que Polybe, qui pour l'ordinaire eft affez diffus, fût defcendu ici dans un plus grand détail, & nous eût expliqué comment ces canaux fouterrains avoient été conftruits, ce qu'il faut entendre par les puits dont il parle, & comment Arface s'y prit pour les faire boucher. Ce qu'il dit des travaux immenfes & des dépenfes extraordinaires qu'il falut faire pour venir à bout de cet ouvrage,nous donne lieu de croire qu'on conduifit l'eau dans toute l'étendue de ce vafte defert par des aqueducs de maffonnerie bâtis fous terre, qui def pace en efpace avoient des ouvertu res, que Polybe appelle des puits. Lorfqu'Arface vit qu'AntiochusAv. J.C.

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3793.

tra- 211.

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traversoit le defert malgré les difficultés qu'il croioit devoir l'arréter, il donna ordre qu'on bouchât les puits. Antiochus, qui l'avoit prévû, envoia un détachement de fa cavalerie, qui fe pofta auprès de ces puits, & battit le parti qui venoit les boucher. L'armée traverfa les deferts, entra dans la Médie, en chaffa Arface, & regagna toute cette province. Antiochus y paffa le refte de l'année à rétablir l'ordre, & à faire les préparatifs néceffaires pour continuer la guerre.

Il entra de fort bonne heure l'an3794. Av. née fuivante dans le pays des Parthes, J. C. 210. où il eut le méme fuccès qu'il avoit eu en Médie l'année précédente. Arface fut obligé de fe retirer en Hyrcanie, où il crut qu'en s'affurant de quelques paffages dans les montagnes qui la féparent de la Parthie, il feroit impoffible à l'armée de Syrie de le venir inquiéter.

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Mais il fe trompa. Car, dès que la 3795. Av. faifon le permit, Antiochus fe mit en J. C. 209. campagne, & après avoir effuié des difficultés increiables, il fit attaquer tous ces poftes en méme tems par toutes fes forces, dont il forma autant de Corps qu'il y avoit d'attaques

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