Page images
PDF
EPUB

les vaincus prétendiffent lui faire la loi, déclara qu'en venant à l'affemblée il n'avoit point du tout compté fur la droiture & la fincérité des Etoliens, mais qu'il étoit bien aise de con. vaincre fes Alliés qu'il defiroit véritablement la paix, & que les Etoliens feuls y mettoient obftacle. Il partit de là, après avoir laiffé aux Achéens quatre mille hommes pour les foutenir, & fe rendit à Argos, où l'on étoit prêt de donner les jeux Néméens dont il étoit bien aife d'augmenter la célébrité par fa présence.

Pendant qu'il étoit occupé à la célébration de ces Jeux, Sulpitius étant parti de Naupacte, & aiant débarqué entre Sicyone & Corinthe, ravagea tout le plat pays. Philippe, fur cette nouvelle, quitta les Jeux, marcha promtement contre les ennemis, & les trouvant chargés de butin, il les mit en fuite, & les poursuivit jusqu'à leurs vaiffeaux. De retour aux Jeux il fut reçu avec un applaudiffement général, d'autant plus qu'aiant quitté fon diadême & fa pourpre roiale, il s'égaloit & fe confondoit avec tous les fpectateurs, fpectacle bien agréable & bien flateur pour des villes Hi

bres,

bres. Mais autant que fes maniéres
fimples & populaires l'avoient fait
aimer, autant bientôt fes débauches
énormes le rendirent odieux. Il alloit
de nuit dans les maifons en fimple par-
ticulier, & y exerçoit toutes fortes de
licences. Il n'étoit pas für aux peres
& aux maris de vouloir s'y oppofer,
& ils couroient rifque de leur vie.

Quelques jours après la célébration des Jeux, Philippe, avec les Achéens, S qui avoient pour Capitaine Général Cycliade, aiant paffé la riviére de Lariffe, s'avance jufqu'à la ville d'Elis, qui avoit reçu une garnifon Etolient ne. Le premier jour il ravagea les terres voisines puis il s'approcha de la 3 ville en bataille rangée, & fit avancer quelques corps de cavallerie jufqu'aux portes, pour engager les Etoliens à &faire une fortie. Ils fortirent en effet : mais Philippe fut bien etonné de voir parmi eux des troupes Romaines. Sulpitius étant parti de Naupacte avee a quinze galéres, & aiant débarqué quatre mille hommes, étoit entré de nuit dans la ville d'Elis. Le combat plut. in fut rude. Damophante, Général de Philop. P. la cavallerie des Eléens, aiant aperçu 360. Philopémen qui commandoit celle des

13

Aché.

Achéens, s'avança hors des rangs, & courut impétueufement contre lui. Celui ci l'attendit de pié ferme, & le prévenant il le renverfa d'un coup de pique aux piés de fon cheval. Démophante tombé, fa cavallerie prit la fuite. J'ai déja parlé de Philopémen, & bientôt je le ferai connoitre plus en détail. D'un autre côté l'infanterie Eléene combattoit avec avantage. Le Roi voiant que les fiens commençoient à plier, pouffe fon cheval au milieu de l'infanterie Romaine. Son cheval, percé d'un coup de javelot, le jetta par terre. Alors le combat devint furieux, chacun de fon côté faifant des efforts extraordinaires, les Romains pour fe faifir de Philippe, les Macédoniens pour le fauver. Le Roi fignala fon courage en cette occafion, aiant été obligé de combattre long-tems à pié au milieu de la cavallerie. Il fe fit dans ce combat un grand carnage. Enfin aiant été enlevé par les fiens, & mis fur un autre cheval, il fe retira. Il alla camper à cinq milles de là, & le lendemain aiant attaqué un Château où s'étoit retirée une grande multitude de payfans avec tous leurs troupeaux, il fit quatre mille prifonniers,

&

[ocr errors]

e

e

[merged small][ocr errors]

& prit vingt mille bêtes tant de gros
que de menu bétail : avantage qui pou-
voit le confoler de l'affront qu'il ve-
noit de recevoir à Elis.

Dans ce moment il reçut nouvelles que les Barbares avoient fait une irruption dans la Macédoine. Il partit fur le champ pour aller défendre fon pays, aiant laiffé aux alliés deux mille cinq cent hommes de fon armée. Sulpitius avec fa flote fe retira à Egine, où il se joignit au Roi Attale, & y 12 paffa l'hiver. Quelque tems après les Achéens livrérent un combat aux Etoliens & aux Eléens près de Mefféne, où ils eurent l'avantage.

S. V.

Education & grandes qualités de Phi-
lopémen.

PHILOPEMFN, dont il fera beau- Plut. in
coup parlé dans la fuite, étoit de Mé- Philop. p.
galopolis, ville de l'Arcadie dans le 356-361.
Péloponnése. Il reçut une excellente
éducation par les foins de Caffandre
de Mantinée, qui, après la mort de
fon
pere, par reconnoiffance pour les
fervices importans qu'il en avoit re-
çus, fervit au jeune pupille de Tu-
teur & de Gouverneur.

Au

Au fortir de l'enfance il fut mis en tre les mains d'Ecdémus & de Démophane, citoiens de Mégalopolis, qui avoient été dans l'école d'Arcéfilas fondateur de la Nouvelle Académie. Le but de la philofophie, dans ces tems-là, étoit de porter les hommes à fervir leur patrie, & de les former par fes préceptes au gouvernement de la République & au maniement des grandes affaires. C'eft l'avantage ineftimable que procurérent à Philopémen les deux Philofophes dont nous parlons, par où ils le rendirent le bonheur commun de la Gréce. Auffi, comme on dit que les meres aiment plus leurs derniers enfans qu'elles ont dans un âge avancé, la Gréce, comme aiant enfanté Philopémen dans fa vieilleffe, & après tous les grands perfonnages qu'elle avoit portés, l'aima finguliérement, & fe plut à augmenter sa puissance à mesure qu'elle voioit croitre fa réputation. Il fut appellé le dernier des Grecs, comme Brutus dans la fuite le dernier des Romains: fans doute pour marquer que la Gréce, après Philopémen, n'avoit produit aucun grand homme ni qui fût digne d'elle. Aiant pris Epaminondas pour fon

modé

« PreviousContinue »