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Ils sont mes compatriotes, mes frères, mes amis; étant restés à Paris, ils ont suivi l'affaire du ci-devant roi. Nous avons combattu Louis Capet, m'ont-ils dit; nous avons versé notre sang pour soustraire notre patrie à sa tyrannie; nous désirons qu'il soit puni, parce qu'il est horriblement coupable; mais nous ne voulons en rien influencer son jugement. »

L'assemblée passe à l'ordre du jour.

Marat occupe toujours la tribune. - Un secrétaire y monte, par ordre du président, pour faire la lecture d'une lettre du commandant-général provisoire de la garde nationale de Paris, du 25 décembre.

< Citoyens représentans, demain est le jour que vous avez désigné pour entendre Louis Capet. Conformément aux ordres donnés par le pouvoir exécutif, toutes les mesures de sûreté ont été prises pour le traduire sans inconvénient. Il n'y a que la nuit qui pourrait nuire. Veuillez me faire avoir aujourd'hui un décret qui détermine mes devoirs, et l'heure à laquelle la Convention veut que Louis Capet soit amené. Signé SANTERRE. »

Il est décrété que Louis Capet sera traduit à la barre demain à neuf heures.

Marat. J'ai la parole pour un fait.

Le président. Il y a encore des lettres à lire.

Marat. Détour jésuitique! J'ai cédé la parole pour la lecture d'une lettre, j'ai le droit maintenant de la réclamer.

L'assemblée paraît indécise sur le point de savoir si Marat sera entendu. — On remarque que les membres de l'extrémité de la salle où s'assied Marat sont partagés d'opinion.

Marat insiste, annonçant qu'il a des observations importantes à faire. Il est décidé, à une petite majorité, qu'il sera entendu. Marat. L'indignation que j'ai éprouvée en me voyant dénoncé à cette tribune, par des hommes que je crois patriotes, et que je croyais au-dessus des petitesses de l'amour-propre, m'a fait prendre un ton qui n'est pas le mien. J'ai été accusé de vouloir avilir l'assemblée. Je déclare que personne ne désire plus que moi de la voir marcher à grands pas vers le bien public, et s'environner

elle-même des respects du peuple. Sentant les regrets de mon cœur, et voulant faire cesser tous les soupçons, je rétracte sincèrement les paroles qui me sont échappées, et dont la calomnie pourrait profiter pour faire croire que je ne suis pas le meilleur ami de l'ordre. Je ne me plaindrai pas du passe-droit du président Fermont, qui a mis aux voix le renvoi au comité de législation de la dénonciation faite 'contre moi, lorsque de toutes parts on demandait l'ordre du jour, et qui a prononcé le décret au milieu du tumulte qui avait empêché un grand nombre de membres de prendre part à la délibération. Je suis au-dessus des efforts de cette politique astucieuse, et je saurai les braver, bien persuadé que l'assemblée aura la prudence de rejeter dans l'antre de l'oubli toutes les dénonciations ridicules et absurdes faites contre moi; je n'aurai pas la petitesse de demander un décret d'accusation contre les membres qui ont bien plus compromis la chose publique, en demandant de renvoyer aux assemblées primaires le jugement de Louis Capet, proposition qui vous a été faite par Azéma.

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Jamais je ne serai le tyran de l'opinion publique, j'en serai au contraire le défenseur; mais ne voulant pas qu'on l'égare, je demande que vous retiriez au ministre de l'intérieur le décret qui lui permet de faire un abus aussi étrange; car il a fait tirer à vingt mille exemplaires l'opinion dangereuse d'Azéma, et je mets en fait qu'il n'en a pas envoyé un seul de mon opinion. (On rit. Quelques applaudissemens se font entendre des tribunes.) Je demande qu'on lui retire le reste des 100,000 livres que l'assemblée législative, dans un moment de crise, lorsqu'on le croyait patriote, a remises dans ses mains pour les distribuer aux écrivains patriotes, capables d'éclairer la nation, et dont il a fait un usage aussi indigne; car c'est lui qui pensionne ces vils folliculaires que le mépris public condamnerait à l'inaction s'il ne les soutenait pas. Je demande que ma proposition soit mise aux voix.

Fonfrède. Je demande que l'assemblée décrète que le ministre de l'intérieur donnera à Marat les 15,000 livres qu'il lui avait demandées.

Marat. Je n'en veux plus aujourd'hui : je le méprise trop. (On rit.).

Nouvelle décision de passer à l'ordre du jour.

Thuriot s'avançant précipitamment au milieu de la salle. On vient de me dire que les défenseurs de Louis Capet sont allés chez Fermont, et qu'ils y sont restés pendant trois heures. (Murmures. On demande l'ordre du jour.) Je demande que Fermont ne préside pas demain. (Murmure général.)

La séance est levée. Il est cinq heures. ]

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Nouvelle de son retour dans le monde, tirée du journal de Perlet, p. 24. - Coup d'œil de Marat sur ses actes révolutionnaires, p. 24. Réflexions du même sur les Girondins, p. 25.- Lettre à l'Ami du peuple sur les affaires du temps, p. 24. —Notice sur le nouveau journal commencé le 14 octobre 1792 par C. Desmoulins et Merlin de Thionville; article de ce journal sur la réponse de Robespierre à Louvet, p. 26.-C. Desmoulins fait le parallèle de Marat et de Brissot, p. 32.-C. Desmoulins remplace la dénomination de Brissotin par celle d'autocrate, p. 56.—Réflexions des auteurs sur cette dernière expression, p. 57.- Notice sur le Républicain et sur le Créole, p. 38. Des papiers publics; article de Robespierre, p. 38. Notice sur les brochures publiées pendant le mois de novembre, p. 42. CHRONIQUE DE LA COMMUNE DE PARIS ET DU TRIBUNAL CRIMINEL DU 17 AOUT. Introduction, p. 43. - - Réclamations adressées à la Commune, p. 44.-Panis fait un rapport sur ses comptes, p. 45.- Anecdote relative à Sergent, au sujet d'une agate, p. 46. — Discussion des comptes du comité de surveillance, p. 46, 49.- Réflexions des auteurs, p. 49.-Élection d'un nouveau maire; note sur l'un des candidats (Lhuillier), extraite du Patriote français, p. 50. — Suite du bulletin électoral, p. 51.- Note sur le tribunal criminel du 17 août, p. 51; Préface du journal; liste des membres de ce tribunal, p. 52.-Procès du sieur Dossonville, p. 55.- Procès de Montmorin, gouverneur de Fontainebleau, p. 60. - Procès de Backmann, major-général des Suisses, p. 64. Réflexions des auteurs, p. 72. — Dernière audience du tribunal, p. 74. SITUATION DES ARMÉES.-Extrait d'un traité conclu et signé à Pavie, au mois de juillet 1794, p. 76. Conquête de la Belgique et des Pays-Bas autrichiens, p. 81, 92. — Armée du Rhin, p. 92.-Armée du Midi, p. 94.

DOCUMENS COMPLÉMENTAIRES au mois de novembre 1792. Introduction, p. 96.-Discours de Jérôme Pétion sur l'accusation intentée à Robespierre, p. 98. Lettre de Jérôme Pétion à la société des Jacobins, p. 445. Réplique de Louvet, intitulée: A Max. Robespierre et à ses royalistes, par Jean-Baptiste Louvet, p. 146. — Ni Marat, ni Roland, opinion d'Anacharsis Cloots, député du département de l'Oise, p. 139.

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DÉCEMBRE 1792.

Introduction.-CONVENTION NATIONALE; séance du 2 décembre au soir; la commune de Paris à la barre, p. 141; Elle pose deux questions sur Louis XVI, p. 450.- Séance du 3; rapport de Ruhl sur les membres de la Convention impliqués dans les papiers trouvés aux Tuileries, p. 151; Barrère se justifie, p. 457.- Guadet se justifie, p. 159. — Affaire de Louis XVI; opinion de Robespierre, p. 162.— Proposition de Pétion, p. 474. - Opinion d'Oudot, p. 474.- Robespierre demande la parole pour la lecture d'un projet de décret; il

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