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fubito occidat? Quis hoc Phyficus dixit unquam ? C'étoit un principe reçu par tous les Philofophes, que la matiére ne pouvoit, ni être produite de rien, ni être réduite au néant.

De nihilo nihil, in nibilum nil poffe reverti.

Epicure refufoit en termes exprès ce pouvoir à la Divinité même;

Nullam rem è nihilo gigni divinitus unquam.

Perf.fat. 3.

cap.8.

Lactance nous a confervé un frag- Lat. Div. ment des Livres de Cicéron fur la Intit. lib. z. nature des dieux, qu'on ne peut pas appliquer avec certitude au fyftême des Stoïciens, parce qu'étant détaché on ne voit pas clairement de quels Philofophes il faut l'entendre; mais qui paroit fort propre à expliquer ce qu'ils penfoient fur la formation du Monde. Je l'inférerai ici tout entier. Il n'eft pas probable, dit celui qui parle, que la matière, dont toutes chofes ont tiré leur origiue, ait été formée elle-même par la divine Provi dence; mais plutôt qu'elle a, & qu'elle

a

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a Non eft probabile. habuiffe vim & naturam eam materiam rerum fuam. Ut igitur faber unde orta funt omnia cùm quid ædificaturus effe divina providentia eft, non ipfe facit mateeffectam fed habere &|riam, sed eâ utitur quæ fit

a toujours eu, une force intrinféque & naturelle, qui lui rend toutes fes modifications poffibles. Comme donc un ouvrier, lorfqu'il travaille à un bâtiment, n'en produit pas lui-même la matiére, mais emploie celle qu'il trouve toute faite; & que celui qui forme une figure de cire, trouve la cire déja produite ainfi il a falu que la divine Providence ait eu une matiére qu'elle eût produite elle-même, mais qu'elle ait trouvée comme fous fa main & préparée pour fes deffeins. Que fi dieu n'a pas produit la matière premiére, on ne peut pas dire qu'il ait produit ni la terre, ni l'eau, ni l'air, ni le feu.

non

La comparaifon de l'Architecte & du Statuaire eft tout-à-fait propre à déveloper le fyftême des Stoïciens. Leur dieu, (que Cicéron appelle ici la Providence divine) & qui n'est autre que l'Ether comme nous l'avons dit, n'a point créé, c'est-à-dire tiré du néant la matiére dont le Monde a été formé ; mais il l'a modifiée, &,

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en arrangeant les parties de matiére qui étoient confondues, il a fait l'eau, la terre, l'air, & ce feu groffier que nous connoiffons: c'eft-à-dire qu'il leur a donné la forme & l'arrangement où on les voit.

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a L'ouvrier, dit Lactance dans l'endroit que je viens de citer, ne peut bâtir fans bois, parce qu'il eft incapable de le produire par lui-même & il en eft incapable parce qu'il est homme, c'est-à-dire la foibleffe même. Mais Dieu produit de rien tout ce qu'il lui plait, parce qu'il eft Dieu, c'est-à-dire la puiffance même, qui eft fans mesure & fans borne. Car s'il n'est pas tout-puiffant,il n'est pas Dieu. S. II.

Syftême des Epicuriens fur la formation du Monde.

DANS LE SYSTEME des Epicuriens, Plat de pla

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cit.philof.lib. talitatem imbecillis eft; 2.cap.1. per imbecillitatem, definitæ ac modice poteftatis. Deus autem facit ex eo quod non eft, quia per æternitatem fortis eft, per fortitudinem poteitatis immenfæ, quæ fine ac modo caret ficut vita factoris. Lactant. ibid. cap. 10.

& les Stoïciens penfoient comme eux en ce point) ces deux mots; Monde & Univers, avoient une fignification différente. Par le Monde ils entendoient les cieux & la terre avec tout ce qui y eft renfermé. Par l'Univers, ils entendoient, non feulement les cieux & la terre avec tout ce qui y eft renfermé, mais encore le vuide infini qu'ils fuppofoient au-dela du Monde. Car ils croioient le Monde plein, & limité: mais au dela ils fuppofoient des espaces infinis, & absolument vuides. Auffi ils partageoient toute la Nature, tout l'Univers, en deux parties: les Corps, & le Vuide.

Lucret.lib.2. Omnis ut eft igitur per fe Natura duabus
Confiftit rebus, quæ Corpora funt & Inane.

Cette diftinction eft néceffaire pour entendre le fyftême des Epicuriens. Car ils fuppofoient comme un principe certain, , que fans le Vuide il ne pouvoit y avoir aucun mouvement dans le Monde, ni même aucune production.

a Sunt qui omnia Naturæ nomine appellent, ut Epicurus, qui ita dividit: Omnia, quæ fecun

dùm Naturam, effe Corpora & Inane. 2. de nat. deor. n. 82.

Quæ, fi non effet Inane,

Non tam follicito motu privata carerent,!
Quàm genita omnino nulla ratione fuiffent:
Undique materies quoniam ftipata fuisset.

Selon les Epicuriens, c'est le concours fortuit des atomes qui a formé le Monde.

Atome, est un mot grec, qui fignifie indivifible. C'est un petit corpufcule de toutes fortes de figures qui entre dans la compofition de tous les autres corps. Les Atomes ne tombent pas fous les fens à caufe de leur extrême petitesse, qui les dérobe à la vûe.

Mofchus Phénicien, Leucippe, à & Démocrite, ont été les premiers Philofophes qui ont établi la doctrine des Atomes. Ils fuppofent que parmi ces petits corpufcules, les uns font polis, les autres rudes, ceux-ci ronds, ceuxlà terminés en angles, quelques-uns courbés & comme crochus ; & & que concours fortuit de ces Atomes avoit formé le ciel & la terre.

le

a Ifta flagitia Democri- quædam & quafi adunca: ti, five etiam antè Leucip-ex his effectum effe cœnulla pi, effe corpufcula quæ-lum atque terram, dam lævia, alia afpera, cogente natura, fed conrotunda alia, partim au- curfu quodam fortuito. tem angulata curvata Qe nat, deor.lib. 1. n, 66...

2

Lucret.lib.va

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