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fieurs dieux révérés par les nations,mais qu'il n'y en a qu'un naturel, c'est-à-dire,

comme l'explique Lactance, auteur Inftit. divin. de toute la nature.

, par

I. 5.

ARISTOTE varie beaucoup. De nat. deor. Tantôt il veut que toute la Divinité lib. 1. n. 33. réfide dans l'intelligence, c'est-à-dire, dans le principe intelligent lequel penfent tous les êtres penfans. Tantôt que le monde foit dieu. Après il en reconnoit quelque autre, qui eft au-deffus du monde, & qui a foin d'en régler & d'en conferver le mouvement. Ailleurs il enfeigne que dieu n'eft autre chofe que ce feu qui brille dans le Ciel.

XENOCRATE dit qu'il y a huit n. 34 dieux. Les Planétes en font cinq: les Etoiles fixes n'en font qu'un toutes enfemble, comme autant de membres épars. Le Soleil fait le feptiéme, & la Lune enfin le huitiéme.

THEOPHRASTE dans un endroit attribue la fuprême divinité à l'Intelligence, dans un autre au Ciel en général, & après cela aux Aftres en particulier.

Ibid. n. 3.5

STRATON dit qu'il n'y a point Ibid. d'autre dieu que la nature que c'eft

le principe de toutes les productions & de toutes les mutations.

ZENON. C'est le fondateur de la fecte fameufe des Stoïciens. On devroit attendre de lui quelque chofe de grand fur la Divinité. Voici le précis de fa Théologie, tiré principalement du fecond Livre de la Nature des dieux, où fes fentimens font expliqués fort au long.

Qu'il n'y a que les quatre élémens, qui compofent tout l'Univers. Que ces quatre élémens ne font qu'une nature continue, fans divifion. Qu'il n'exifte abfolument nulle autre fubftance, hors ces quatre élémens. Que la fource de l'intelligence & de toutes les ames, c'est le feu réuni dans l'Ether, où fa pureté n'est point altérée, parce que les autres élémens ne s'y mêlent point. Que ce feu intelligent, actif, vital, pénétre tout l'Univers. Que comme il a l'intelligence en partage à la différence des autres élémens, c'eft lui qui eft cenfé opérer tout. Qu'il procéde méthodiquement à la génération, c'est-à-dire produit toutes chofes, non pas fortuitement ni aveuglément, mais fuivant de certaines régles toujours les

mêmes. Qu'étant l'ame de l'Univers, il le fait fubfifter & le gouverne avec fageffe, puifqu'il eft le principe de toute fageffe. Que par conféquent il eft Dieu. Qu'il donne la même dénomination à la Nature, avec laquelle il ne fait qu'un : & à l'univers, dont il fait partie. Que le Soleil, la Lune, tous les Aftres étant des corps ignés, ce font des dieux. Que l'air, la terre, la mer aiant pour ame ce feu célefte, font auffi des dieux. Que toutes les chofes où l'on voit quelque efficacité finguliére, & où ce principe actif paroit fe manifefter plus clairement, méritent le nom de divinités. Que çe même titre doit être accordé aux grands hommes, dans l'ame defquels ce feu divin étincelle avec plus d'éclat. Qu'enfin, de quelque maniére qu'on nous représente cette ame de l'Univers, & quelques noms que la coutume lui donne par raport aux diverfes parties qu'elle anime, on lui doit un culte religieux.

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e fuis las de raporter tant d'abfurdités & le Lecteur fans doute ne l'eft pas moins que moi, fi pourtant il a eu la patience de les lire jufqu'au bout. Il n'a pas dû s'atten

dre à voir fortir d'un fond auffi ténébreux qu'est le paganifme, de vives lumiéres fur un fujet infiniment fupérieur à la foibleffe de l'efprit humain, comme l'eft ce qui regarde la nature de la Divinité. Les Philofophes ont bien pu, par les feules forces de la raifon, fe convaincre de la néceffité & de l'existence d'un Etre divin. Encore quelques-uns, comme a Epicure, ont-ils été foupçonnés de cacher fous de fpécieufes paroles un véritable athéifme: du moins ils ont prefque autant deshonoré la Divinité par les idées baffes qu'ils en ont conçues, que s'ils l'avoient niée abfolument.

Pour ce qui regarde l'effence de la Nature Divine, ils fe font tous égarés. Et comment ne l'auroient-ils pas fait, puifque les hommes ne connoiffent Dieu, qu'autant qu'il lui plait de fe révéler à eux? M. l'Abbé d'Olivet, dans fa Differtation fur la Théologie des philofophes, réduit leurs fentimens à trois fyftêmes généraux, qui embraffent toutes les opinions par

a Nonnullis videturret, verbis reliquiffe decs, Epicurus, ne in offenfio- re fuftuliffe. Lib. 1. de nem Athenienfium cade-nat, deor. n. 85.

ticuliéres queCicéron nous a expofées dans fes Livres de la nature des dieux. Les différentes maniéres dont ces Philofophes arrangeoient le fyftême de l'Univers, faifoient leurs différentes créances touchant la Divinité.

Quelques uns crurent que la Matiére toute feule, privée de fentiment & de raison, avoit pu former le Monde; foit que l'un des élémens produisît tous les autres par divers dégrés de raréfaction & de condenfation, comme il paroit qu'Anaximéne l'a cru: foit que la Matiére étant partagée en en une infinité de corpufcules mobiles, ils aient pris des formes réguliéres à force de voltiger témérairement dans le vuide comme l'a cru Epicure: foit.que toutes les parties de la matiére euffent une pefanteur intrinféque & un mouvement naturel, qui les dirigeoient néceffairement, comme c'étoit l'opinion de Straton. Or l'athéisme de ces Philofophes eft vifiblement le plus groffier de tous, puifque la caufe premiére qu'ils ont reconnue n'eft qu'une matiére inanimée.

D'autres s'élevérent jufqu'à cette Denat.deor. notion, qu'il y a dans le monde un lib. 2. n. 28.

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