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De nat.deor.

lib. 1. n. 25.

avancées fur cette matiére, nous con-
vaincra mieux que toute autre chofe
de l'impuiffance de la raifon humaine
pour arriver par fes propres forces à
de fi fublimes vérités. Je tirerai ce dé-
tail des Livres que Cicéron a compo-
fés fur la nature des dieux. Les remar-
ques & les réflexions dont M. l'Abbé |
d'Olivet de l'Académie Françoise a
accompagné l'excellente Traduction
qu'il nous a donnée de ces Livres de
Ĉicéron, me feront d'un grand fe-
cours, & je ne ferai prefque que les
copier ou les abréger.

Comme les anciens Philofophes n'ont étudié la nature de Dieu que par raport aux chofes fenfibles dont ils tâchoient de comprendre l'origine & la formation, & que les différentes maniéres dont ils arrangeoient le fyftême de l'Univers faifoient leurs différentes créances touchant la Divinité, il ne faut pas s'étonner fi l'on trouve fouvent ici ces deux matiéres unies & confondues.

THALES de Milet a dit que l'Eau eft le principe de toutes chofes, & que Dieu eft cette intelligence, par qui tout eft formé de l'Eau. Il parloit d'une Intelligence, qui ne faifant qu'un

avec la matiére dirigeoit fes opérations; comme on diroit que l'ame qui jointe au corps ne fait qu'un nême homme, dirige les actions de l'homme.

ANAXIMANDRE croit que les lbid. dieux reçoivent l'être, qu'ils naissent & meurent de loin à loin, & que ce font des mondes innombrables. Ces dieux d'Anaximandre étoient les aftres.

ANAXIMENE prétend que l'Air Ibid, n. 26, eft dieu, qu'il eft produit, qu'il eft immenfe & infini, qu'il est toujours en mouvement. L'opinion d'Anaximéne quant au fond, ne différe en rien des precédentes. Il retint d'Anaximandre fon maître l'idée d'une fubftance unique, & infiniment étendue : mais il dit que c'étoit l'air, comme Thalès avoit dit que c'étoit l'eau.

ANAXAGORE éleve d'Anaxi- Ibid. méne, fut l'auteur de cette opinion, que le fyftême & l'arrangement de l'Univers doivent être attribués à la puiffance & à la fageffe d'un esprit infini. Anaxagore n'eft venu qu'un fiécle aprèsThalès. Les notions commencent à fe débrouiller. On fent la néceffité d'une caufe efficiente, qui foit diftinguée fubftantiellement de la matérielle,

Įbid. n. 27.

Mais il n'attribue à cet efprit infini que l'arrangement & le mouvement, non la création de l'Univers. La coéternité de deux principes indépendans l'un de l'autre, quant à leur exiftence, eft l'écueil où il échoue avec tous les anciens Philofophes..

PYTHAGORE croit que Dieu eft une ame répandue dans tous les êtres de la nature, & dont les ames humaines ib.4.Georg. font tirées. Virgile a décrit admirablement le dogme de ce Philofophe.

Effe apibus partem divinæ mentis, & hauftus
Ethereos dixere : deum namque ire per

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Ibid. n. 28.

profundum.

Hinc pecudes, armenta, viros, genus omne

ferarum

Quemque fibi tenues nafcentem arceffere

vitas.

Pythagore étoit de 50 ans pour le moins plus ancien qu'Anaxagore. Celui-ci n'eft donc pas le premier qui ait eu l'idée d'un efprit pur: ou il faudroit dire que Pythagore le confondoit avec la matiére.

XENOPHANE dit que Dieu eft un

Quæft. lib. 4.

Tout infini, & il y ajoute une Intelligence. Ce même Philofophe dit ail- Academ. leurs que Dieu eft une fubftance éternelle..... & de figure ronde, par où il entend le Monde. Il croioit donc ce Dieu matériel.

PARMENIDE n'avoit point d'autre fentiment que fon maître Xénophaquoiqu'il s'exprimât en termes

ne,

différens.

n. 118.

Ibid. n 28.

EMPEDOCLE. Selon lui, les bid n. 29. quatre élémens, dont il veut que tout foit compofe, font divins, c'est-à dire des Dieux. Cependant il eft visible que ce font des mixtes, qui naiffent & périffent, & qui n'ont point de fentiment.

DEMOCRITE donne la qualité de Ibid. dieux, & aux images des objets qui nous frapent; & à la nature qui fournit ces images; & à notre connoiffance, notre intelligence. Ce qu'il appelloit dieux, c'étoient les Atomes. A proprement parler, il ne croioit rien. Je nie, difoitil, fi nous favons quelque chofe, ou fi Academ. nous ne favons rien. Je nie, que nous fa- Quaf. lib. 4. chions même fi nous ne favons pas cela. Je nie que nous fachions s'il exifte quelque chofe, ou s'il n'exifte rien. Digne membre de la fecte Eléatique, dont

12.73.

le dogme favori étoit l'acatalepfie, ou l'incompréhenfibilité abfolue de toutes choses. Cette fecte, qui avouoit Xénophane pour fon Chef, forma l'incrédule Protagore, & donna naisfance à celle de Pyrrhon.

PLATON. Il paroit par tous fes ouvrages, qu'il penfoit fort bien de la Divinité, mais qu'il n'a ofé s'expliquer nettement dans une ville & dans un tems où il étoit dangereux De nat.deor. de heurter le goût dominant. Dans Lib. 1. n. 30. le Timée, il dit que le pere de ce Monde ne fauroit être nommé: & dans les livres des Loix, qu'il ne faut pas être curieux de favoir proprement ce que c'eft que Dieu. Il le fuppofe incorporel. Ibid. n. 18. Il lui attribue la formation de l'Univers Opificem adificatoremque mundi. Il dit auffi que le Monde, le Ciel, les Aftres, la Terre, les ames, & ceux à qui la religion de nos peres attribue la Divinité; il dit que tout cela eft dieu. Le fond du fentiment de Platon eft, malgré l'apparence du polythéifme, qu'il n'y a qu'un Dieu très bon & très parfait, qui a tout fait fuivant l'idée du meilleur ouvrage poffible.

B. 30.

22.32.

ANTISTHENE dit qu'il y a plu

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