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Prolom. Al mageft. lib.4.

Cup. 2.

Jofeph. An BLY. LLO. 1.

guent par le mouvement du Soleil, il eft impoffible de réuffir dans l'Agriculture. Si l'on ne prévoit les tems commodes pour voiager, on ne peut pas faire le commerce. Si l'on ne détermine une fois la grandeur du mois & de l'année " on ne peut ni établir d'ordre certain dans les affaires civiles, ni marquer les jours deftinés à l'exercice de la Religion. Ainfi l'Agriculture, le Commerce, la Politique, & la Religion même ne pouvant fe paffer de l'Aftronomie, il eft évident que leshommes ont été obligés de s'appliquer à cette Science dès le commencement du Monde.

Ce que Ptolomée raporte des Obfervations célestes, fur lefquelles Hipparque réforma l'Aftronomie, il y a près de deux mille ans, fait affez connoitre que dans les plus anciens tems, & même avant le déluge, cette étude étoit fort en ufage. Et il ne faut pas s'étonner que la mémoire des Obfervations Aftronomiques faites pendant le premier âge du Monde ait pu fe conferver même après le déluge, fi ce que Jofephe raporte eft vrai, que les defcendans de Seth, pour conferver à la postérité la mémoire des Obferva

tions célestes qu'ils avoient faites, en

erent les principales fur deux coTonnes, l'une de pierre & l'autre de brique; que celle de pierre réfifta aux eaux du déluge, & que de fon tems même on en voioit encore des veftiges dans la Syrie.

On convient que l'Aftronomie fut particuliérement cultivée par les Caldéens. La hauteur de la Tour de Babel que la vanité des hommes éleva environ cent cinquante ans après le déluge, les a plaines unies & étendues de ce pays, des nuits où l'on refpiroit un air frais après les chaleurs importunes du jour, un Horifon libre, un Ciel pur & ferein, tout engageoit ces peuples à contempler la vafte étendue des Cieux, & les mouvemens des Aftres. De la Caldée, l'Aftronomie passa en Egypte, & bientôt après elle fut portée en Phénicie, où l'on commença à en appliquer les Obfervations fpéculatives aux ufages de la Navigation, par où les Phéniciens devinrent, en

verunt

a Principio Affyrii, tufque ftellarum obfervapropter planitiem ma Qua in natiognitudinemque regionum ne Chaldæi.... diuturquas incolebant cùm na obfervatione fiderum cælum ex omni parte pa- fcientiam putantur effetens atque apertum intue-ciffe, &c. Cic. de Divin. rentur traje&tiones mo lib. 1. n. 2.

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Arat.

Diog.Laert. lib. 1.

peu de tems, maîtres de la mer & du

commerce.

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Ce qui les rendoit hardis à entreprendre de longs voiages, c'eft qu'ils conduifoient leurs vaiffeaux par l'obfervation d'une des étoiles de la petite Ourfe, qui étant proche de ce point qui eft immobile dans le Ciel, & que l'on nomme Pole, eft la plus propre de toutes pour fervir de guide dans la navigation. Les autres peuples, moins habiles dans l'Aftronomie n'obfervoient dans leurs voiages de mer que la grande Ourfe. Mais, comme cette conftellation eft trop éloignée du Pole pour pouvoir fervir à guider sûrement des vaiffeaux dans de grands voiages, ils n'ofoient entrer fi avant en mer, qu'ils perdiffent les côtes de vûe; & s'il arrivoit qu'un orage les jettât en pleine mer, ou en quelque rade inconnue, il leur étoit impoffible de reconnoitre par l'infpection du Ciel en quel endroit du monde la tempête les avoit portés.

Enfin Thalès aiant apporté de Phénicie en Grèce la Science des Aftres, apprit aux Grecs à connoitre la conftellation de la petite Curfe, & à s'en fervir pour fe conduire dans la navi

gation. Il leur enfeigna auffi la théo rie du mouvement du Soleil & de la Lune, par laquelle il rendit raifon de l'augmentation & de la diminution des jours,il détermina le nombre des jours de l'année folaire, & non feulement il expliqua la caufe des Eclipfes, mais encore il montra l'art de les prédire, qu'il mit même en pratique, prédifant une Eclipfe qui arriva peu de tems après. Le mérite d'un favoir alors fi rare, le fit paffer pour l'oracle de fon tems, & lui fit donner la premiére place entre les fept Sages de la Gréce.

Plin. lib. 7.

cap. 56.

Il eut pour difciple Anaximandre à qui Pline & Diogéne Laërce attribuent l'invention de la Sphère, c'està-dire, la repréfentation du Globe terreftre; ou, comme dit Strabon, des Strab. lib 1. Cartes géographiques. On dit qu'A- pag. 7. naximandre dreffa auffi à Lacédémo- lib.. Diog. Laërt. ne un Gnomon, par le moien duquel il obferva les Equinoxes & les Solftices; & qu'il détermina l'obliquité de l'Ecliptique plus exactement que l'on n'avoit fait jufqu'alors; ce qui étoit néceffaire pour divifer le Globe terreftre en cinq Zones, & pour diftinguer les climats, qui ont depuis fer

Arift. de eal. lib. 2.

cap. 13.

vi aux Géographes à faire connoitre la fituation de tous les lieux de la terre.

Sur les inftructions que les Grecs avoient reçues de Thalès & d'Anaximandre, ils hazardérent d'aller en pleine mer, & faisant voiles en divers pays éloignés,ils y fondérent plufieurs Colonies.

L'Aftronomie fut bientôt récompenfée des avantages qu'elle avoit procurés à la Navigation. Car le Commerce aiant ouvert le refte du Monde aux Savans de la Gréce, ils tirérent de grandes lumiéres des conférences qu'ils eurent avec les Prêtres d'Egyte, qui faifoient une profeffion particuliére de la Science des Aftres. Ils apprirent auffi beaucoup de chofes des Philofophes de la Secte de Pythagore en Italie, qui avoient fait de fi grands progrès dans cette Science, qu'ils oférent renverser les fentimens reçus de tout le monde fur l'ordre de la nature, en attribuant le repos perpétuel au Soleil, & le mouvement à la Terre.

Plut. in A' Méton fe diftingua beaucoup à Athé

cib. p. 199

In Nic. nes par l'application particuliére qu'il donna à l'Aftronomie, & par l'heureux

pag. 532.

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