4. Acte. Joas eft facré & reconnu par les Lévites dans l'intérieur du temple.

5. Acte. La Reine envoie propofer au Grand-Prêtre de livrer l'enfant & certains tréfors laiffés David. Le par Grand-Prêtre offre de fatisfaire la reine, pourvu qu'elle vienne au temple elle-même, avec peu de fuite: elle y vient. On lui montre Joas, qu'elle est forcée de reconnoître. Elle fort du temple pleine de rage : les fiens l'abandonnent : elle eft mife à mort par l'ordre du Grand-Prêtre.

Cette action eft de la plus grande fimplicité il y a peu de perfonnages; : & tout ce qu'il y a de mouvement est

dans Joad, Joas & Athalie. L'action eft une, Le paffe en un jour, & dans le temple, ainsi les trois

unités fe trouvent réunies.

Les Tragiques font en poffeffion d'employer quelquefois les fonges, quoiqu'ils contiennent du merveilleux; parce que cette efpéce de merveilleux a tant de reffemblance avec

la nature même, qu'il peut être employé, comme elle. C'eft donc un fonge qui a déterminé l'entreprise. Joad avoit prié le ciel de mettre le trouble dans le confeil de la reine; il y étoit déja. C'eft ce trouble, cette inquiétude affreufe qui force Athalie à venir au temple du Dieu d'Ifraël, pour effayer de l'appaifer. L'impulfion eft donnée, les caufes font en mouvement, l'action arrivera à fon terme.

Si on demande pourquoi Joad ne profite point de cette premiere occafion pour faire arrêter Athalie : le lieu étoit commode, elle étoit fans fuite, il pouvoit arriver que l'occafion ne revînt plus. On pourroit répondre que ce n'est point une démarche de Joad, mais un caprice d'Athalie; que Joad n'ayant pù le prévoir, n'avoit pu auffi en profiter; qu'au refte Joad trouve en lui-même un reffort pour faire revenir cette reine au cinquiéme acte, en lui promettant de lui découvrir des tréfors, & de lui faire connoître l'enfant.

pu

Mais le poëte ayant fait Athalie d'un caractere hautain, défiant, cruel, devoit-il fuppofer qu'elle fe prêtât à l'invitation de Joad? N'étoit-il pas plus naturel qu'elle fe défiât du GrandPrêtre, qu'elle regardoit comme fon ennemi déclaré, ennemi qui plioit devant elle pour la premiere fois, & qui lui propofoit de venir peu accompagnée Il s'enfuit de cette objection que cet événement n'eft point néceffairement produit par fes caufes; mais il l'eft vraisemblablement, & c'eft affez une femme impatiente, inquiéte, troublée, voulant éviter de plus grandes difcuffions, ne fait pas affez de réflexion fur le danger; elle s'y expofe; elle y périt. Venons à la piéce de Corneille.

Heraclius eft confervé par Léontine; comme Joas l'eft par Jofabet. II refte inconnu comme Joas pendant un temps. Il naît des foupçons & des inquiétudes dans l'efprit de Phocas, comme dans celui d'Athalie. Il y a un

interrogatoire des plus critiques dans l'une & dans l'autre piéce : enfin Phocas eft mis à mort de même que la Reine, & c'eft Heraclius qui triomphe de même que Joas.

A voir ces deux fujets ainfi présentés, il femble qu'ils devroient être craités à peu près de même. Mais l'accef- . foire en change tellement le fond, qu'il paroit abfolument différent dans l'un & dans l'autre poëte.

Les acteurs dans l'Heraclius, font Phocas empereur, Heraclius fils de Maurice, Marcian fils de Phocas, Pulcherie fœur d'Heraclius, Leontine, qui a élevé Heraclius & Marcian, & Exupere, feigneur de la cour de Phocas.

Une chofe finguliere dans cette tragédie, c'eft qu'Exupere fait toute l'action, & n'eft qu'un acteur fubalterne. C'est lui qui occafionne dans les acteurs principaux toutes leurs fituations l'inquiétude de Phocas, l'embarras de Pulcherie celui de Léontine, de Marcian, d'Heraclius.

La révolution qu'il opere, quelque grande & héroique qu'elle foit, le laiffe cependant fort au-deffous des héros pour qui il travaille. Et ces héros, quoiqu'ils ne faffent que des efforts inutiles, font fi nobles, fi grands, fi admirables, qu'on réferve pour eux tout ce qu'on a de fentiment.

Dans l'Athalie il n'y a que deux intérêts qui fe choquent, celui de Joas, & celui de la Reine. Ici il y en a autant de différens, qu'il y a de différens acteurs & ils font tous de la plus grande importance. Il s'agit de la vie & de l'empire pour Phocas; d'un hymen funefte, ou de la mort de Pulcherie; des plus terribles fupplices pour Léontine : pour Marcian & pour Heraclius, il s'agit de mourir comme fils de Maurice, ou de régner comme fils de Phocas. Voilà des intérêts étonnans; & ce qui étonne plus encore, c'eft qu'ils fortent tous d'un même germe, de la confervation d'Héraclius. Voici les points capitaux de l'action.