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s'avance vers elle. La suite reste dans le fond.) Que désirez-vous, madame?

LA MÈRE, tremblante.

Sire.... votre majesté.... Les ordres de votre majesté.

AUGUSTE.

Sire, c'est ma mère.,

LE ROI, en la fixant.

Vous aviez un brave homme pour époux, madame; que puis-je faire pour sa famille? (La mère lui remet le placet, le roi le prend avec bonté et y jette les yeux, en fronçant le sourcil.) Vous avez perdu votre bien par une faillite?

(Théodore, toujours occupé à chercher son rouleau, raconte bas son aventure aux pages.)

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Il vit dans l'opulence.

LE ROI, s'avançant d'un air terrible. Qui est le misérable qui a jugé?

LA MÈRE.

Sire, le même qui me condamne aujourd'hui à payer ce que je ne dois point.

LE ROI marche avec agitation, et froissant le placet entre ses mains, il dit à un officier de sa

suite:

Approchez.... (Changeant d'avis, il dit brusquement à Auguste:) Non, toi, écris. (Il s'arrête un mo ment.) Sont-ils mariés, ces gens-là?

(L'inquiétude se lit sur tous les visages.)
LA MERE.

Sire, ils ne le sont ni l'un ni l'autre.

LE ROI, avec un mouvement de joie vivement marqué.

Écris.... (Auguste met un genou à terre auprès do la table, regarde le roi avec une contenance assurée, et attend ce qu'on va lui dicter.) J'ordonne que tous les créanciers du faux négociant.... (mets les noms) soient payés à l'instant avec les intérêts des intérêts, en commençant l'opération par le capital du juge. (Tous les assistants donnent des marques de joie.) Qu'on porte cet ordre au chef de la justice. (Un officier le reçoit et part.)

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(La mère et la fille, ainsi qu'Auguste, sortent leur mouchoir et essuient leurs armes. Auguste, en tirant le sien, laisse tomber un rouleau.)

AUGUSTE.

O ma mère ! voilà de bonnes larmes.

THÉODORE, étourdiment, voyant tomber le rouleau entre le roi et Auguste.

Mon rouleau!

PLUSIEURS PAGES ET PERSONNES DE LA SUITE DU

Son rouleau!

ROI, bas.

LE ROI.

Qu'est-ce? (Il se met devant Theodore qui veut ramasser le rouleau.)

THÉODORE.

Sire... (Bas.) Que dirai-je? (Haut, en balbutiant.) Votre majesté.... (Bas, à Auguste.) Tu l'as donc trouvé, et tu ne me le dis pas.

PLUSIEURS PAGES ET PERSONNES DE LA SUITE DU

ROI, bas.

Il a pris son rouleau.

(La mère pálit.)

AUGUSTE, chancelant et tombant sur un genou,

Je me meurs.

LA MÈRE, avec un cri, n'osant aller à son fils de de manquer de respect au roi.

Auguste, ô mon malheureux fils!

LE ROI, à la mère.

peur

Eh bien! eh bien! par respect pour moi, madame, vous laissez mourir, votre enfant... (Il court à Auguste, le soutient et le relève avec la plus grande bonté.) Auguste, Auguste.

AUGUSTE, revenant à lui.

O mon maître!... O mon dieu tutélaire! (avec le cri de la vérité) je suis innocent.

LE ROI, avec attendrissement et lui serrant la main. Je le sais, mon ami.

THÉODORE, au désespoir.

Étourdi que je suis!

LE ROI, faisant relever Auguste sur qui il pose une

main protectrice.

Qui est-ce qui ose accuser cet enfant?
THÉODORE, tremblant.

Sire....

LE ROI.

Que parliez-vous.de rouleau?

(Auguste lève sur le roi un œil reconnoissant.)

Sire...

Eh bien?

THÉODORE.

LE ROI, brusquement.

THÉODORE, n'en pouvant plus.

Sire, j'en avois un, je l'avois offert à mon ami... Il l'a refusé... Je... je...

LE ROI, plus brusquement encore.

Eh bien?

THÉODORE, précipitamment..

Je l'ai mis dans sa poche.

LE ROI.

Vous l'avez mis dans sa poche!

SCÈNE IX.

LA MÈRE D'AUGUSTE, LE ROI, AUGUSTE, THÉODORE, CAROLINE; SUite du roi dans le fond.

CAROLINE ouvre la porte avec violence, traverse el s'élance vers son frère.

MON frère, ma mère, pardon, sire.... mais il s'agit de l'honneur de mon frère... Le voilà, votre rouleau. C'est moi qui l'ai trouvé sur un fauteuil dans ce salon prenez, monsieur, prenez votre argent, et n'exposez pas, ne perdez pas mon

frère.

THÉODORE, transporté, sans prendre le rouleau, s'adresse à toute la suite du roi, et surtout aux pages.

Messieurs, vous l'entendez... Auguste est innocent. (Au roi.) Grâce, sire, grâce. Mon ami étoit livré aux soupçons; je ne savois ce que je disois, ce que je faisois; je ne sentois que la peine de mon ami. Votre majesté peut me faire punir; mais mon cœur vaudra toujours mieux

tête.

LE ROI, en retenant un souris.

que ma

Ceci s'examinera, monsieur. (Il se tourne vers Auguste.) Auguste.... tantôt, quand tu dormois sur cette chaise.... ( Auguste baisse les yeux.) quel papier tenois-tu à la main?

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