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(De 1795 à 1826.)

OU MÉMOIRES

POLITIQUES ET LITTÉRAIRES

DE

M. DE LABOUISSE-ROCHEFORT.

« Diversité, c'est ma devise. >>
(LA FONTAINE.)

« L'ennui naquit un jour de l'uniformité. »
(HOUDART DE LA MOTTE.)

«La mère en prescrira la lecture à sa fille. »
(MÉTROMANIE.)

TOME SEPTIÈME.

TOULOUSE,

IMPRIMERIE D'AUG. DE LABOUISSE-ROCHEFORT,
Hôtel Castellane.

PARIS,

POIRÉE, LIBRAIre, rue Croix-DES-PETITS-CHAMPS, 2.

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« Je sais qu'il n'est pas d'usage de publier ses Mémoires, de son vivant, et cependant il est peut-être plus loyal de ne pas mettre ses pensées, ses opinions et ses actes à l'abri d'une tombe. >>

(Vicomte S. de LA ROCHEFOUCAULD.)

« Que la joie soit avec l'âme du bienfaisant auteur qui imagina de faire des Mélanges. »

« Il faut à chacun son amusoir. >

(Lord SHAFTESBURY.)

(MONTAIGNE.)

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N.-B. 1847. Quoique je ne compose pas un tableau historique, que je n'écrive que des esquisses et des fragmens, et que j'aie annoncé que, franchissant le temps et l'espace, je passerais de suite de 1805 à 1810, attendu que j'avais fait toujours une plus ample moisson de traits historiques, pendant mes différens séjours dans la capitale, que lorsque j'étais resté en province; malgré toutes ces bonnes raisons, en jetant un coup-d'œil sur les notes des années que la nécessité, c'est-à-dire le défaut de place, me forçait à sacrifier, j'ai senti que je devais conserver quelques traits indispensables, pour faire connaître et expliquer la différence notable des deux situations; sans quoi, la nature de mes remarques ne serait pas assez comprise, et l'on m'accuserait peut-être d'avoir exagéré des expressions qui n'étaient que trop sen

ties; l'humanité me les dictait. Sans doute, Napoléon fut un grand homme de guerre. Emerveillé de ses rapides campagnes, je fus presque enthousiaste de ses grandes victoires, et j'admire encore aujourd'hui les succès qu'il eût comme guerrier et comme législateur d'un grand peuple, qu'une funeste révolution avait plongé dans une épouvantable barbarie. Mais, à côté des grandes qualités que je lui accorde, quelles ombres sinistres se glissèrent, malgré moi, dans ces tristes peintures. Ma plume souvent échappa de mes mains: malheureusement l'œuvre était commencée, je me sentais le besoin de la poursuivre, non sans regretter vivement d'avoir eu à traverser des jours si mauvais, et à charger mes écrits du souvenir de tant d'horreurs !!!.... Plus Bonaparte grandissait en gloire, plus il me semblait grandir dans le crime. Mais cette fâcheuse idée, comment la traduire, sans transition et sans ménagement, aux yeux des lecteurs favorablement prévenus par une fascination inexplicable ?.... Je me suis vu donc obligé de glaner dans cette foule de circonstances, recueillies en 1808 et 1809. Je n'y ai pris que les plus saillantes; celles qui caractérisaient les criminelles menées et les sanglans forfaits de cette déplorable époque. Cependant j'ai eu le soin d'écarter tout ce qui ne me conduisait pas à une solution caractéristique; je le devais pour l'honneur de mon pays aussi, dès 1810, j'avais déjà commencé à adopter cette bienveillante méthode, et je me plaisais à ne recueillir plus particulièrement, que les anecdotes de salon et les anecdotes littéraires; les préférant aux tristes révélations de l'ambition et de la politique. Mais, ces ménagemens consentis, on me verra toujours avec le même amour de l'impartialité, de l'ordre, de la justice et de la vérité, conserver ma franchise sur les personnes et sur les choses; et quelque grand qu'ait été un homme, quelque lustre que son passage ait jeté sur ma patrie, je puis bien en être reconnaissant; mais ma reconnaissance ne va point jusqu'à lui pardonner tous ses crimes, quand, par exemple, il a eu, comme le cardinal de Richelieu, le malheur d'en commettre. Ma sensibilité se révolte contre

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