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« lui faire du tort. » Le changement que je propose est nécessaire pour faire une transition à la phrase suivante.

(5) M. Coray a observé que ces traits ont un rapport particulier avec l'orateur Aristogiton et son protecteur Philocrate. (Voyez le plaidoyer de Démosthène contre le premier.) Mais je n'ai point pu adopter toutes les conséquences que cet éditeur en tire pour le sens de notre auteur.

(6) Les simples domiciliés d'Athènes, non citoyens, avoient besoin d'un patron, parmi les citoyens, qui répondît de leur conduite. (Voyez le Voyage du jeune Anacharsis, chap. vi.)

(7) Tous les citoyens d'Athènes pouvoient être appelés à la fonction de juges par le sort; et ils devoient être souvent dans ce cas, puisque le nombre des juges des différents tribunaux s'élevoit à six mille. (Voyez Anacharsis, chap. xvi.)

(8) Cette dernière phrase me paroît avoir été ajoutée par un glossateur.

CHAPITRE XXX.

DU GAIN SORDIDE.

L'HOMME qui aime le gain sordide emploie les moyens les plus vils pour gagner ou pour épargner de l'argent (1). Il est capable d'épargner le pain dans ses repas; d'emprunter de l'argent à un étranger descendu chez lui (2); de dire, en servant à table, qu'il est juste que celui qui distribue reçoive une portion double, et de se la donner sur-lechamp. S'il vend du vin, il y mêlera de l'eau, même pour son ami. Il ne va au spectacle avec ses enfants que lorsqu'il y a une représentation gratuite. S'il est membre d'une ambassade, il laisse chez lui la somme que la ville lui a assignée pour les frais du voyage, et emprunte de l'argent à ses collégues: en chemin il charge son esclave d'un fardeau audessus de ses forces, et le nourrit moins bien que les autres arrivé au lieu de sa destination, il se fait donner sa part des présents d'hospitalité, pour la vendre. Pour se frotter d'huile au bain, il dira à son esclave: Celle que tu m'as achetée est rance; et il se servira de celle d'un autre. Si quelqu'un de sa maison trouve une petite monnoie de cuivre

dans la rue, il en demandera sa part, en disant: « Mercure est commun. » Quand il donne son habit à blanchir, il en emprunte un autre d'un ami, et le porte jusqu'à ce qu'on le lui redemande, etc. Il distribue lui-même les provisions aux gens de sa inaison avec une mesure trop petite (3), et dont le fond est bombé en dedans; encore a-t-il soin d'égaliser le dessus. Il se fait céder par ses amis, et comme si c'étoit pour lui, des choses qu'il revend ensuite avec profit. S'il a une dette de trente mines à payer, il manquera toujours quelques drachmes à la somme. Si ses enfants ont été indisposés et ont passé quelques jours du mois sans aller à l'école, il diminue le salaire du maître à proportion: et pendant le mois d'Anthestérion il ne les y envoie pas du tout, pour ne pas être obligé de payer un mois dont une grande partie se passe en spectacles (4). S'il retire une contribution d'un esclave (5), il en exige un dédommagement pour la perte qu'éprouve la monnoie de cuivre. Quand son chargé d'affaires lui rend ses comptes (6)... Quand il donne un repas à sa curie, il demande, sur le service commun, une portion pour ses enfants, et note les moitiés de raves qui sont restées sur la table, afin que les esclaves qui les desservent ne puissent pas les prendre. S'il voyage avec des personnes de sa connoissance, il se sert de leurs esclaves, et loue pendant ce temps le sien, sans mettre en commun

le prix qu'il en reçoit. Bien plus, si l'on arrange un pique-nique dans sa maison, il soustrait une partie du bois, des lentilles, du vinaigre, du sel, et de l'huile pour la lampe, qu'on a déposés chez lui (7). Si quelqu'un de ses amis se marie ou marie sa fille, il quitte la ville pour quelque temps, afin de pouvoir se dispenser d'envoyer un présent de noces. Il aime beaucoup aussi à emprunter aux personnes de sa connoissance des objets qu'on ne redemande point, ou qu'on ne recevroit même pas s'ils étoient rendus (8).

NOTES.

(1) J'ai été obligé de paraphraser cette définition, qui, dans l'original, répète les mots dont le nom que Théophraste a donné à ce caractère est composé, et qui est certainement altéré par les copistes.

Plusieurs traits de ce caractère ont été placés, par l'abréviateur qui nous a transmis les quinze premiers chapitres de cet ouvrage, à la suite du chapitre xi, où on les trouvera traduits par La Bruyère, et éclaircis par des notes qu'il seroit inutile de répéter ici.

(2) Par droit d'hospitalité. (Voyez chap. ix, note 7.)

(3) J'ai traduit ici d'après la leçon du manuscrit du Vatican; mais, d'après les règles de la critique, il faut préférer celle des autres manuscrits dans le chapitre x1; car ce sont les mots ou les tournures les plus vulgaires qui s'introduisent dans le texte par l'erreur des copistes.

(4) Les Anthestéries, qui avoient donné le nom à ce mois, étoient des fêtes consacrées à Bacchus.

(5) Auquel il a permis de travailler pour son propre compte, ou qu'il a loué, ainsi qu'il étoit d'usage à Athènes, comme on le voit entre autres par la suite même de ce chapitre.

(6) Cette phrase est défectueuse dans l'original; MM. Belin de Ballu et Coray l'ont jointe à la précédente par les mots : « Il en fait autant, etc. »

(7) C'est ainsi

que ce passage difficile a été entendu par M. Coray: d'après M. Schneider, il faudroit traduire : « Il met en compte le bois, les raves, etc. qu'il a fournis. » (Voyez la note 7 du chap. x.)

"

(8) J'ai traduit cette dernière phrase d'après les corrections des deux savants éditeurs Coray et Schneider.

IN DES CARACTÈRES DE THEOPHRASTE.

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