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(7) Le manuscrit du Vatican ajoute: « Essaie de le porter, et puis s'assied à côté de lui, etc. »

(8) Le

grec dit : « Puisses-tu devenir la pâture des corbeaux!»

(9) Le texte porte: « Il va à la rencontre de ceux qui reviennent « du combat, et leur dit, etc. >>

"

(10) D'après le manuscrit du Vatican : Il conduit vers lui « ceux de sa bourgade ou de sa tribu.

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CHAPITRE XXVI.

DES GRANDS D'UNE RÉPUBLIQUE (1).

La plus grande passion de ceux qui ont les

pre

le

mières places dans un état populaire n'est pas desir du gain ou de l'accroissement de leurs revenus, mais une impatience de s'agrandir, et de se fonder, s'il se pouvoit, une souveraine puissance sur la ruine de celle du peuple (2). S'il s'est assemblé pour délibérer à qui des citoyens il donnera la commission d'aider de ses soins le premier magistrat dans la conduite d'une fête ou d'un spectacle, cet homme ambitieux, et tel que je viens de le définir, se léve, demande cet emploi, et proteste que nul autre ne peut si bien s'en acquitter (3). Il n'approuve point la domination de plusieurs (4); et de tous les vers d'Homère il n'a retenu que celui-ci :

Les peuples sont heureux quand un seul les gouverne.

Son langage le plus ordinaire est tel: Retironsnous de cette multitude qui nous environne; tenons ensemble un conseil particulier où le peuple ne soit point admis; essayons même de lui fermer le

chemin à la magistrature (5). Et s'il se laisse prévenir contre une personne d'une condition privée, de qui il croit avoir reçu quelque injure, «Cela,

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dit-il, ne se peut souffrir, et il faut que lui ou moi « abandonnions la ville. » Vous le voyez se promener dans la place, sur le milieu du jour, avec des ongles propres, la barbe et les cheveux en bon ordre (6); repousser fièrement ceux qui se trouvent sur ses pas; dire avec chagrin aux premiers qu'il rencontre que la ville est un lieu où il n'y a plus moyen de vivre (7); qu'il ne peut plus tenir contre l'horrible foule des plaideurs, ni supporter plus long-temps les longueurs, les crieries, et les mensonges des avocats (8), qu'il commence à avoir honte de se trouver assis dans une assemblée publique, ou sur les tribunaux, auprès d'un homme mal habillé, sale, et qui dégoûte; et qu'il n'y a pas un seul de ces orateurs dévoués au peuple qui ne lui soit insupportable (9). Il ajoute que c'est Thésée qu'on peut appeler le premier auteur de tous ces maux (10); et il fait de pareils discours aux étrangers qui arrivent dans la ville, comme à ceux (11) avec qui il sympathise de moeurs et de sentiments.

NOTES.

(1) J'aurois intitulé ce chapitre, de l'Ambition oligarchique.

(2) D'après les différentes corrections dont ce passage est susceptible, il faut traduire, ou « L'oligarchie est une ambition qui

<< desire un pouvoir fixe, » ou bien « qui desire vivement de « s'enrichir. Les deux versions présentent une opposition à l'ambition des démagogues, qui ne briguent qu'une autorité passagère, et qui recherchent plutôt l'autorité que les richesses. Selon Aristote, l'oligarchie est une aristocratie dégénérée par le vice des gouvernants, qui administrent mal, et s'approprient injustement la plupart des droits et des biens de l'état, conservent toujours les mêmes personnes dans les places, et s'occupent sur-tout à s'enrichir.

(3) La fin de cette phrase étoit très mutilée dans l'ancien texte, et La Bruyère l'a traduite d'après les conjectures de Casaubon. Le manuscrit du Vatican, en y faisant une légère correction que le sens exige impérieusement, porte: « Le partisan de l'oligarchie « s'y oppose, et dit qu'il faut donner à l'archonte un pouvoir « illimité; et si l'on proposoit d'adjoindre à ce magistrat dix citoyens, il persisteroit à dire qu'un seul suffit. » On peut voir dans le chap. xxxiv du Voyage du jeune Anacharsis les formalités ordinaires de la direction des cérémonies publiques.

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(4) Le traducteur a ajouté ces mots : Théophraste n'indique cette opinion que par le vers d'Homère, dont la traduction littérale est : « La multiplicité des chefs ne vaut rien; il faut qu'un " seul gouverne. » Iliad. 11, v. 204.

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(5) Le grec dit : « Cessons de fréquenter les gens en place. Et d'après le manuscrit du Vatican la phrase continue, « Et s'il « en a été offensé ou mortifié personnellement, il dit : Il faut qu'eux ou nous abandonnions la ville. » On se rappelle que, temps même de Théophraste, le gouvernement d'Athènes fut changé deux fois par des chefs macédoniens. L'exil des chefs du parti vaincu étoit une suite ordinaire des révolutions de ce genre.

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(6) Le grec dit : « D'une coupe moyenne. » (Voyez chap. iv, note 9.) Le manuscrit du Vatican ajoute : « Relevant élégamment << son manteau. » (Voyez la note 10 du Discours sur Théophraste.)

(7) Le manuscrit du Vatican ajoute : « A cause des délateurs. »

(8) Le même manuscrit ajoute ici : « Qu'il ne sait ce que pen<< sent les hommes qui se mêlent des affaires de l'état, tandis que « les fonctions publiques sont si désagréables à cause de l'espèce « de gens qui les confère et en dispose. » C'est ainsi du moins que je crois que l'on peut expliquer la fin de cette phrase très obscure dans le grec.

(9) Nous trouvons encore dans la même source l'addition suiQuand cesserons - nous d'être ruinés par des charges « onéreuses qu'il faut supporter, et des galères qu'il faut équiper? »

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(10) Thésée avoit jeté les fondements de la république d'Athènes, en établissant l'égalité entre les citoyens. (La Bruyère.) Le manuscrit du Vatican ajoute au texte : « Car c'est lui qui a réuni << les douze villes, et qui a aboli la royauté; mais aussi, par une juste punition, il en fut la première victime. » Mais ces traditions appartiennent plutôt à la fable qu'à l'histoire. (Voyez Pausanias, in Atticis, chap. ш.)

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(11) « De ses concitoyens.

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M. Barthélemy a imité ce Caractère presque en entier dans son chap. xxviii, et y a inséré fort ingénieusement plusieurs traits semblables pris dans d'autres

auteurs anciens.

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