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rée par erreur à la place où on la trouve à présent dans les manuscrits, et où elle ne forme qu'un barbarisme.

(2) Qu'il a faite ou récitée. (La Bruyère.) Ou plutôt qu'il a fait jouer par des comédiens nourris et instruits à ses frais. Voyez le caractère de la Magnificnce, selon Aristote, que j'ai placé à la suite des Caractères de Théophraste, et qu'il sera intéressant de comparer avec ce chapitre.

(3) Le texte dit simplement : « Il consacre à Bacchus une cou<< ronne de bois, sur laquelle il fait graver son nom. »

(4) Ceux qui vouloient donner se levoient et offroient une somme: ceux qui ne vouloient rien donner se levoient et se taisoient. (La Bruyère.) Voyez le chap. LVI du jeune Anacharsis.

(5) C'étoient les cuisses et les intestins. (La Bruyère.) On partageoit la victime entre les dieux, les prêtres et ceux qui l'avoient présentée. La portion des dieux étoit brûlée, celle des prêtres faisoit partie de leur revenu, et la troisième servoit à un festin ou à des présents donnés par celui qui avoit sacrifié. (Voyage du jeune Anacharsis, chap. xxi. 1.)

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(6) Cette raison est ajoutée par le traducteur. Le grec dit seulement: « Il oblige les gens qu'il loue, pour servir pendant les « noces, à se nourrir chez eux. » Les noces des Athéniens étoient des fêtes très magnifiques; et on ne pouvoit pas reprocher à un homme de n'avoir pas assez de domestiques pour servir dans cette occasion; mais c'étoit une lésinerie que de ne pas nourrir ceux qu'on louoit.

"

(7) Le grec dit : « S'il commande une galère qu'il a fournie à

l'état, il fait étendre les couvertures du pilote sous le pont, et

« met les siennes en réserve.» Les citoyens d'Athènes étoient

obligés d'équiper un nombre de galères proportionné à l'état de leur fortune. (Voyez le Voyage du jeune Anacharsis, chap. LVI.) Les triérarques avoient un cabinet particulier nommé la tente; mais cet avare aime mieux coucher avec l'équipage, sous ce morceau de tillac qui se trouvoit entre les deux tours. V. Pollux, 1,90. Dans les galères modernes, les chevaliers de Malte avoient, comme les triérarques d'Athènes, un tendelet; et le capitaine couchoit, comme ici le pilote, sous un bout de pont ou de tillac qui s'appeloit la teuque.

"

Le manuscrit du Vatican ajoute : « Il est capable de ne pas envoyer ses enfants à l'école vers le temps où il est d'usage de << faire des présents au maître; mais de dire qu'ils sont malades, «< afin de s'épargner cette dépense.

"

(8) Par forme de contribution. (Voyez les chapitres de la Dissimulation et de l'Esprit chagrin. La Bruyère.) (Voyez chap. 1, note 3, et chap. xvII, note 6.) Le manuscrit du Vatican ajoute au commencement de cette phrase: «S'il est prévenu que cet ami << fait une collecte; » et à la fin, « Et rentre chez lui par un grand

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« détour. »

(9) Le manuscrit du Vatican ajoute : « Qui lui a porté une dot considérable; » et continue : « Mais il loue une jeune fille pour « la suivre dans ses sorties; » car je crois que c'est ainsi qu'il faut corriger et entendre ce texte. Le passage de Pollux, que j'ai cité au chap. II, note 6, s'oppose à la manière dont M. Schneider a voulu y suppléer : il est bien plus simple de lire, ix tãv juvaineiwv raidiwv, et c'est un trait d'avarice de plus de ne louer qu'une femme. Cette conjecture ingénieuse est de M. Visconti. Le manuscrit du Vatican ajoute encore: « « Il porte des souliers raccom«< modés et à double semelle, et s'en vante en disant qu'ils sont << aussi durs que de la corne. » (Voyez chap. iv, note 2.)

(10) Ce dernier trait est tout-à-fait altéré par cette traduction,

et il me semble qu'aucun éditeur n'en a encore saisi le véritable sens. Le grec dit : « Pour s'asseoir, il roule le vieux manteau qu'il porte lui-même; » c'est-à-dire au lieu de se faire suivre

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esclave qui porte un pliant, comme c'étoit l'usage des riches (voyez Aristophane in Equit., v. 1381 et suiv., et Hésych. in Oklad.), il épargne cette dépense en s'asseyant sur son vieux

manteau.

CHAPITRE XXIII.

DE L'OSTENTATION.

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Je n'estime pas que l'on puisse donner une idée plus juste de l'ostentation, qu'en disant que c'est dans l'homme une passion de faire montre d'un bien ou des avantages qu'il n'a pas. Celui en qui elle domine s'arrête dans l'endroit du Pirée (1) où les marchands étalent, et où se trouve un plus grand nombre d'étrangers; il entre en matière avec eux, il leur dit qu'il a beaucoup d'argent sur la mer; il discourt avec eux des avantages de ce commerce, des gains immenses qu'il y a à espérer pour ceux qui y entrent, et de ceux sur-tout que lui qui leur parle y a faits (2). Il aborde dans un voyage le premier qu'il trouve sur son chemin, lui fait compagnie, et lui dit bientôt qu'il a servi sous Alexandre (3), quels beaux vases et tout enrichis de pierreries il a rapportés de l'Asie, quels excellents ouvriers s'y rencontrent, et combien ceux de l'Europe leur sont inférieurs (4). Il se vante dans une autre occasion d'une lettre qu'il a reçue d'Antipater (5), qui apprend que lui troisième est entré dans la Macédoine. Il dit une autre fois que, bien que les

magistrats lui aient permis tels transports de bois (6) qu'il lui plairoit sans payer de tribut, pour éviter néanmoins l'envie du peuple, il n'a point voulu user de ce privilége. Il ajoute que, pendant une grande cherté de vivres, il a distribué aux pauvres citoyens d'Athènes jusques à la somme de cinq talents (7): et s'il parle à des gens qu'il ne connoît point, et dont il n'est pas mieux connu, il leur fait prendre des jetons, compter le nombre de ceux à qui il a fait ces largesses; et quoiqu'il monte à plus de six cents personnes, il leur donne à tous des noms convenables; et après avoir supputé les sommes particulières qu'il a données à chacun d'eux, il se trouve qu'il en résulte le double de ce qu'il pensoit, et que dix talents y sont employés, sans compter, poursuit-il, les galères que j'ai armées à mes dépens, et les charges publiques que j'ai exercées à mes frais et sans récompense (8). Cet homme fastueux va chez un fameux marchand de chevaux, fait sortir de l'écurie les plus beaux et les meilleurs, fait ses offres, comme s'il vouloit les acheter. De même il visite les foires les plus célébres (9), entre sous les tentes des marchands, se fait déployer une riche robe, et qui vaut jusqu'à deux talents; et il sort en querellant son valet de ce qu'il ose le suivre sans porter de l'or sur lui pour les besoins où l'on se trouve (10). Enfin, s'il habite une maison dont il paye le loyer, il dit hardiment à quelqu'un qui

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