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(2) Le peuple d'Athènes, ou les personnes plus modestes, se contentoient d'assembler leurs parents, de couper en leur présence les cheveux de leur fils parvenu à l'âge de puberté, et de les consacrer ensuite à Hercule, ou à quelque autre divinité qui avoit un temple dans la ville. (La Bruyère.) Le grec dit seulement : Il conduit son fils à Delphes pour lui faire couper les «< cheveux. C'étoit, selon Plutarque dans la Vie de Thésée, l'antique usage d'Athènes lorsqu'un enfant étoit parvenu à l'âge de puberté. Il me paroît que cette coupe de cheveux étoit différente de celle qui avoit lieu lors de l'inscription dans la curie, et dont il a été parlé au chapitre x, note 4. On peut consulter, sur les différentes formalités par lesquelles les enfants passoient successivement pour arriver enfin au rang de citoyen, le Voyage du jeune Anacharsis, chap. xxvi.

(3) Anciennement ces nègres étoient fort chers (Voyez Térence, Ennuch. acte er, scène 11, v. 85); au lieu que sous les empereurs romains ils étoient moins estimés que d'autres esclaves. (Voyez Visconti, in Mus. Pio Clement. III, planche 35. Voyez aussi le Caractère du Glorieux, tiré des Rhétoriques ad Herennium.)

(4) Le manuscrit du Vatican insère ici : « Il achète une petite « échelle pour le geai qu'il nourrit chez lui, et fait faire un petit bouclier de cuivre que l'oiseau doit porter lorsqu'il sautille « sur cette échelle. »

mais

(5) Le grec ne parle pas de la peau du front seulement, de toute la partie antérieure de la tête; et cet usage paroît avoir donné lieu à l'ornement des frises des entablements anciens, composé d'une suite de crânes de taureaux liés par des festons de laine.

(6) Le grec parle d'une parade du corps de la cavalerie d'Athènes; ce corps de douze cents hommes étoit composé des citoyens

les plus riches et les plus puissants. C'est pour faire voir à tout le monde qu'il sert dans cette élite, que ce vaniteux se promène dans la place publique en gardant son habit de cérémonie, que, selon le véritable sens du texte, il retrousse élégamment. Le manuscrit du Vatican ajoute, « Et ses éperons. » On voit encore aujourd'hui une pompe ou procession de ce genre, sculptée par Phidias, ou sur ses dessins, dans la grande frise du temple de Minerve à Athènes : elle est représentée dans Stuart, au commencement du volume II.

Le

(7) Cette ile portoit de petits chiens fort estimés. ( La Bruyère. ) grec dit : « Il lui dresse un monument et un cippe sur lequel <«< il fait graver, etc. »

(8) La Bruyère et tous ceux qui ont séparé ce trait du précédent n'ont pas fait attention que le grec ne parle pas de parfums extraordinaires, et que se frotter d'huile tous les jours n'étoit pas un effet de la vanité à Athènes, mais un usage ordinaire. (Voyez chap. v, note 4.) Par cette raison, et d'après le manuscrit du Vatican, il faut traduire : « Il suspend un anneau dans le « temple d'Esculape, et l'use à force d'y suspendre des fleurs et d'y verser de l'huile. » D'après M. Schneider, cet anneau étoit apparemment de la classe de ceux auxquels on attribuoit des vertus médicales, et c'est par reconnoissance de quelque guérison que le vaniteux le suspend. Les couronnes de fleurs renouvelées souvent rappellent ce vers de Virgile, Æneid. I, 416:

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Thure calent aræ, sertisque recentibus halant.

(9) La Bruyère a beaucoup altéré ce trait. Le grec porte intrigue auprès des prytanes pour que ce soit lui

que

: « Il l'on charge d'annoncer au peuple le résultat des sacrifices: alors, revêtu

<< d'un habit magnifique, et portant une couronne sur la tête, il << dit avec emphase: O citoyens d'Athènes, nous, les prytanes,

« avons sacrifié à la mère des dieux; le sacrifice a été bien reçu, get il est d'un heureux présage; recevez-en les fruits, etc. » (Voy. sur les prytanes la table ш, ajoutée au Voyage d'Anacharsis, et le chap. xiv du corps de l'ouvrage.) Les sacrifices que les présidents des prytanes faisoient trois ou quatre fois par mois s'adressoient à différentes divinités; il se peut que l'abréviateur ou les copistes aient omis quelques noms; peut-être aussi s'agit-il d'un sacrifice à Vesta, dont le culte étoit confié particulièrement à ces magistrats, et qui a été confondue plusieurs fois par les anciens avec Cybėle. Voyez la Dissertation de Spanheim dans le cinquième volume du Trésor de Grævius.

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CHAPITRE XXII.

DE L'AVARICE.

CE vice est dans l'homme un oubli de l'honneur et de la gloire, quand il s'agit d'éviter la moindre dépense (1). Si un tel homme a remporté le prix de la tragédie (2), il consacre à Bacchus des guirlandes ou des bandelettes faites d'écorce de bois (3), et il fait graver son nom sur un présent si magnifique. Quelquefois, dans les temps difficiles, le peuple est obligé de s'assembler pour régler une contribution capable de subvenir aux besoins de la république; alors il se lève et garde le silence (4), ou le plus souvent il fend la presse et se retire. Lorsqu'il marie sa fille, et qu'il sacrifie, selon la coutume, il n'abandonne de la victime que les parties seules qui doivent être brûlées sur l'autel (5); il réserve les autres pour les vendre; et comme il manque de domestiques pour servir à table et être chargés du soin des noces (6), il loue des gens pour tout le temps de la fête, qui se nourrissent à leurs dépens, et à qui il donne une certaine somme. S'il est capitaine de galère, voulant ménager son lit, il se contente de coucher indifféremment avec les au

tres sur de la natte qu'il emprunte de son pilote (7). Vous verrez une autre fois cet homme sordide acheter en plein marché des viandes cuites, toutes sortes d'herbes, et les porter hardiment dans son sein et sous sa robe: s'il l'a un jour envoyée chez le teinturier pour la détacher, comme il n'en a pas une seconde pour sortir, il est obligé de garder la chambre. Il sait éviter dans la place la rencontre d'un ami pauvre qui pourroit lui demander, comme aux autres, quelque secours (8); il se détourne de lui, et reprend le chemin de sa maison. Il ne donne point de servantes à sa femme (9), content de lui en louer quelques unes pour l'accompagner à la ville toutes les fois qu'elle sort. Enfin, ne pensez pas que ce soit un autre que lui qui balaye le matin sa chambre, qui fasse son lit et le nettoie. Il faut ajouter qu'il porte un manteau usé, sale et tout couvert de taches; qu'en ayant honte lui-même, il le retourne quand il est obligé d'aller tenir sa place dans quelque assemblée (10).

NOTES.

(1) La définition de cette nouvelle nuance d'avarice est certainement altérée dans le grec ; je crois qu'il faut corriger åæovoía qıλ. d. xoons; le sens alors est celui que La Bruyère a exprimé, et nul autre ne peut convenir à ce Caractère. La préposition arò peut avoir été exprimée par une ligature qu'un copiste a prise pour Ep: un correcteur a mis la véritable à la marge; et on l'a insé

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