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(3) « Quand il demande les intérêts de son argent, afin que ses « débiteurs ne puissent pas nier la dette. » Il faut supposer peutêtre que c'est avec les mêmes témoins qui étoient présents lorsque l'argent a été remis.

(4) Le grec dit : << Mais chez celui qui a un bon répondant. »

(5) D'or ou d'argent. (La Bruyère.)

(6) Ce qui se lit entre les deux [] n'est pas dans le grec, où le sens est interrompu; mais il est suppléé par quelques interprètes. . (La Bruyère.) C'est Casaubon qui avoit suppléé à cette phrase défectueuse, non seulement par les mots que La Bruyère a désignés, mais encore par les quatre précédents. Voilà comme le manuscrit du Vatican restitue ce passage, dans lequel on reconnoîtra avec plaisir un trait que Casaubon avoit deviné : « Il les « refuse la plupart du temps; mais s'ils sont demandés par un «< ami ou par un parent, il est tenté de les essayer et de les peser, « et exige presque une caution avant de les prêter. » Il veut les essayer aux yeux de celui à qui il les confie, pour lui prouver que c'est de l'or ou de l'argent fin. Ce sens du verbe grec, restitué dans cette phrase par M. Coray, est justifié par l'explication que donne Hésychius du substantif qui en dérive.

(7) La Bruyère a ajouté les mots « Qu'il affectionne. » M. Coray a joint ce trait au précédent, en l'appliquant à l'esclave qui porte les vases.

(8) Dans les additions du manuscrit du Vatican, à cette phrase difficile et elliptique, il faut, je crois, mettre le dernier verbe à l'optatif attique de l'aoriste, et traduire : « Il répond à ceux qui, ayant acheté quelque chose chez lui, lui disent de faire le

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«< compte, et de mettre l'objet en note, parcequ'ils n'ont

pas en a ce moment le temps de lui envoyer de l'argent : Oh! ne vous

« en metteż pas en peine; car quand même vous en auriez le

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temps, je ne vous en suivrois pas moins; » c'est-à-dire, quand même vous me diriez que vous m'enverrez de l'argent sur-lechamp, je préférerois pourtant de vous accompagner chez vous ou chez votre banquier pour le toucher moi-même.

CHAPITRE XIX.

D'UN VILAIN HOMME.

CE caractère suppose toujours dans un homme une extrême malpropreté, et une négligence pour sa personne qui passe dans l'excès, et qui blesse ceux qui s'en aperçoivent. Vous le verrez quelquefois tout couvert de lépre, avec des ongles longs et malpropres, ne pas laisser de se mêler parmi le monde, et croire en être quitte pour dire que c'est une maladie de famille, et que son père et son aïeul y étoient sujets (1). Il a aux jambes des ulcères. On lui voit aux mains des poireaux et d'autres saletés, qu'il néglige de faire guérir; ou s'il pense à y remédier, c'est lorsque le mal, aigri par le temps, est devenu incurable. Il est hérissé de poil sous les aisselles et par tout le corps, comme une bête fauve : il a les dents noires, rongées, et telles que son abord ne se peut souffrir. Ce n'est pas tout (2): il crache ou il se mouche en mangeant, il parle la bouche pleine (3), fait en buvant des choses contre la bienséance (4), ne se sert jamais au bain que d'une huile qui sent mauvais (5), et ne paroît guère dans une assemblée publique

qu'avec une vieille robe (6) et toute tachée. S'il est obligé d'accompagner sa mère chez les devins, il n'ouvre la bouche que pour dire des choses de mauvais augure (7). Une autre fois, dans le temple et en faisant des libations (8), il lui échappera des mains une coupe ou quelque autre vase; et il rira ensuite de cette aventure, comme s'il avoit fait quelque chose de merveilleux. Un homme si extraordinaire ne sait point écouter un concert ou d'excellents joueurs de flûte; il bat des mains avec violence comme pour leur applaudir, ou bien il suit d'une voix désagréable le même air qu'ils jouent : il s'ennuie de la symphonie, et demande si elle ne doit pas bientôt finir. Enfin si, étant assis à table, il veut cracher, c'est justement sur celui qui est derrière lui pour lui donner à boire (9).

NOTES.

(1) Le manuscrit du Vatican ajoute : « Et qu'elle préserve sa «< race d'un mélange étranger.

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(2) Le grec porte ici la formule dont j'ai parlé au chapitre x1, note 9, et au chapitre xvi, note 1.

(3) Le grec ajoute : « Et laisse tomber ce qu'il mange. »

(4) Le manuscrit du Vatican ajoute : « Il est couché à table

« sous la même couverture que sa femme, et prend avec elle des libertés déplacées.

"

(5) Le manuscrit du Vatican fait ici un léger changement, et ajoute un mot qui, tel qu'il est, ne présente aucun sens convenable; M. Visconti propose de le corriger en opiyyeolɑı, dans le sens de se serrer dans ses habits; signification que l'on peut donner à ce verbe avec d'autant plus de vraisemblance, qu'Hésychius explique le substantif qui en dérive par tunique. Cet homme malpropre n'attend pas seulement que sa mauvaise huile soit sèche, mais s'enveloppe sur-le-champ dans ses habits. L'usage ordinaire exigeoit de laisser sécher l'huile au soleil; ce que les Romains appeloient insolatio.

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(6) Le manuscrit du Vatican « tout usée » et parle aussi d'une tunique grossière.

(7) Les anciens avoient un grand égard pour les paroles qui étoient proférées, même par hasard, par ceux qui venoient consulter les devins et les augures, prier ou sacrifier dans les temples. (La Bruyère.)

(8) Cérémonies où l'on répandoit du vin ou du lait dans les sacrifices. (La Bruyère.)

(9) Le grec dit : « Il crache par-dessus la table sur celui qui « lui donne à boire. » Les anciens n'occupoient qu'un côté de la table, ou des tables, qu'on plaçoit devant eux, et les esclaves qui les servoient se tenoient de l'autre côté.

Au reste, les quatre derniers traits de ce Caractère appartiennent peut-être au Chapitre suivant. La transposition manifeste de plusieurs traits du Caractère xxx au Caractère xi doit inspirer naturellement l'idée d'attribuer à une cause semblable toutes les incohérences de cet ouvrage, plutôt que de les mettre sur le compte de l'auteur.

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