XVI. La Mort et le Bûcheron ('). Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée, Lui font d'un malheureux la peinture achevée. C'est, dit-il, afin de m'aider A recharger ce bois; tu ne tarderas guère (2). Le trépas vient tout guérir; Mais ne bougeons d'où nous sommes : C'est la devise des hommes. (1) Esop., 50, 20, 146, Senex et Mors. Corrozet, fable 80, Un vieillard appelant la Mort. - Guichardin, Heures de récréations, trad. de Belleforest, 1605; Anvers, in-12, p. 190. (2) Il y a dans cet hémistiche une certaine obscurité. La Fontaine a-t-il voulu dire « tu ne perdras rien à me laisser vivre, car tu ne tarderas guère à revenir (sous-entendu), » ou bien « si tu m'aides, tu auras bientôt fait de recharger mon bois, c'est peu de chose que je te demande. » Les avis sont partagés entre ces deux sens. XVII. L'Homme entre deux áges, et ses deux Un homme de moyen âge, De songer au mariage. De quoi choisir; toutes voulaient lui plaire : Deux veuves sur son cœur eurent le plus de part : La vieille, à tous moments, de sa part emportait Afin que son amant en fût plus à sa guise. J'ai plus gagné que perdu ; Car d'hymen point de nouvelles. (1) Phædr., II, 2; Esop., 199, 165, Homo semicanus et Amasiæ ejus; -Saint-Vincent Ferrier, Serm. 3, De luxuria, cité dans Guillaume, Recherches, etc., p. 9-12. Celle que je prendrais voudrait qu'à sa façon Il n'est tête chauve qui tienne : XVIII. Le Renard et la Cigogne (1). Compère le renard se mit un jour en frais, Le régal fut petit, et sans beaucoup d'apprêts: Avait un brouet clair; il vivait chichement. Pour se venger de cette tromperie, A quelque temps de là, la cigogne le prie. Bon appétit surtout; renards n'en manquent point. Mise en menus morceaux, et qu'il croyait friande. En un vase à long col et d'étroite embouchure. Honteux comme un renard qu'une poule aurait pris, (1) Phædr., I, 26, Vulpes et Ciconia Serrant la queue et portant bas l'oreille. Trompeurs, c'est pour vous que j'écris : XIX. L'Enfant et le Maître d'école (1). Dans ce récit je prétends faire voir Un jeune enfant dans l'eau se laissa choir, Le ciel permit qu'un saule se trouva, Qu'ils ont de maux! et que je plains leur sort! Je blâme ici plus de gens qu'on ne pense. En toute affaire, ils ne font que songer (1) Lokman, 25, L'Enfant. Rabelais, liv. I, 42. Au moyen d'exercer leur langue. Eh! mon ami, tire-moi de danger: Tu feras après ta harangue. XX. Le Coq et la Perle (1). Un jour un coq détourna (!) Mais le moindre grain de mil Un ignorant hérita D'un manuscrit, qu'il porta Je crois, dit-il, qu'il est bon; Mais le moindre ducaton Serait bien mieux mon affaire. - (1) Phædr., III, 1, Pullus ad Margaritam. Anonymi Neveleti, I, De Gallo et Jaspide. Les Frelons et les Mouches à miel (1). A l'œuvre on connaît l'artisan (2). Quelques rayons de miel sans maître se trouvèrent: Des frelons les réclamèrent; Des abeilles s'opposant, Devant certaine guêpe on traduisit la cause. (1) Phædr., III, 13, Apes et Fuci, Vespa judice. (2) Opus artificem probat. On connaît au fait que vaut l'homme. PHEDRE. BAÏF. (1) retourna en grattant? |