Les chiens du lieu, n'ayant en tête Un intérêt de biens, de grandeur et de gloire, Piller le survenant, nous jeter sur sa peau. Le moins de gens qu'on peut à l'entour du gâteau, Cent exemples pourraient appuyer mon discours; Sont toujours les meilleurs. En cela j'ai pour guides () Vous, qui m'avez donné ce qu'il a de solide, La plus juste et la mieux acquise; Vous enfin, dont à peine ai-je encore obtenu Du temps et des censeurs défendant mes ouvrages, (1) Ce vers, en ce qui touche les auteurs, est peut-être moins vrai de nos jours que du temps de La Fontaine. Les modernes royautés littéraires sont très-accueillantes. Elles craignent les rancunes, et savent bien, du resteque le protectorat se paye en éloges. (2) Le secret de tout dire est celui d'ennuyer. La Fontaine a dit ailleurs : Les longs ouvrages me font peur. (BOILEAU.) (8) Ce mot est au singulier dans les éditions modernes, au pluriel aus les éditions revues par La Fontaine. Comme un nom qui, des ans et des peuples connu, Permettez-moi du moins d'apprendre à tout le monde XVI. Le Marchand, le Gentilhomme, le Pâtre, et le Fils Quatre chercheurs de nouveaux mondes, Pouvoir soulager leur misère. De raconter quel sort les avait assemblés, lls s'assirent enfin au bord d'une fontaine : Chacun fît de son mieux, et s'appliquât au soin La plainte, ajouta-t-il, guérit-elle son homme? Contes et Fables indiennes de Bidpaï et de Lokman, t. III, p. 320-338, Histoire d' Asfendiar. (2) Bélisaire était un grand capitaine, qui, ayant commandé les armées de l'empereur et perdu les bonnes grâces de son maître, tomba dans un tel point de misère, qu'il demandait l'aumône sur les grands chemins. (Note de La Fontaine.) Cette tradition de Bélisaire aveugle et mendiant, tradition que la pitié qui s'attache aux grandes infortunes a rendue populaire, est de tous points démentie par l'histoire. Travaillons: c'est de quoi nous mener jusqu'à Rome. Et que de tout berger, comme de tout mouton, L'avis de celui-ci fut d'abord trouvé bon --- Reprit le fils de roi. Le noble poursuivit: Le pâtre dit: Amis, vous parlez bien; mais quoi! Vous me donnez une espérance Belle, mais éloignée; et cependant j'ai faim. Est courte là-dessus : ma main y suppléera. Dans un bois il y fit des fagots, dont la vente, Je conclus de cette aventure Qu'il ne faut pas tant d'art pour conserver ses jours; Et, grâce aux dons de la nature, La main est le plus sûr et le plus prompt secours. LIVRE ONZIÈME. I. Le Lion (1). Sultan léopard autrefois Eut, ce dit-on, par mainte aubaine (2), Il naquit un lion dans la forêt prochaine. Le sultan fit venir son vizir le renard, Tu crains, ce lui dit-il, lionceau mon voisin; Il a chez lui plus d'une affaire, Et devra beaucoup au Destin S'il garde ce qu'il a, sans tenter de conquête. Tels orphelins, seigneur, ne me font point pitié; Ou s'efforcer de le détruire Avant que la griffe et la dent Lui soit crue, et qu'il soit en état de nous nuire. (1) La fable de Bidpaï intitulée le jeune Léopard semble avoir donné l'idée de celle-ci; celle de l'auteur indien est cependant toute différente. Voyes Contes el Fables indiennes. t. I, p. 157. (2) Par les successions des étrangers, confisquées à son profit en vertu du droit d'aubaine dont il jouissait comme sultan. J'ai fait son horoscope: il croîtra Ce sera le meilleur lion par la guerre; Pour ses amis, qui soit sur terre: Tâchez de l'affaiblir. La harangue fut vaine. Pourquoi l'irritez-vous? La chose est sans remède Apaisez le lion seul il passe en puissance : Ce monde d'alliés vivant sur notre bien. Le lion en a trois qui ne lui coûtent rien. Sauvez le reste ainsi. Ce conseil ne plut pas. (1) Craître pour croître. |