Les marques de ta bienveillance Sont communes en mon endroit; Que seul entre les tiens, par amour singulière, Comme tout dévot chat en use les matins. Ce réseau me retient: ma vie est en tes mains; Dispose de ma griffe, et sois en assurance: Avec l'époux de la chouette: Ils t'en veulent tous deux. Le rat dit: Idiot! La belette était près du trou. Le rat grimpe plus haut; il y voit le hibou. L'homme paraît en cet instant; Les nouveaux alliés prennent tous deux la fuite. Son rat qui se tenait alerte et sur ses gardes : Qu'après Dieu je te dois la vie? Et moi, reprit le rat, penses-tu que j'oublie Peut-il forcer un chat à la reconnaissance? Qu'a faite la nécessité? Avec grand bruit et grand fracas Un torrent tombait des montagnes : Nul voyageur n'osait passer Une barrière si puissante; Un seul (2) vit des voleurs; et, se sentant presser, Ce succès lui donnant courage, Et les mêmes voleurs le poursuivant toujours, Image d'un sommeil doux, paisible, et tranquille, Il entre; et son cheval le met A couvert des voleurs, mais non de l'onde noire: (1) Abstemius, 5, de Rustico amnem transituro. Commire (t. I, p. 301, Torrens et Fluvius) a aussi traité ce sujet, mais postérieurement à La Fon taine. (2) C'est-à-dire un voyageur qui était seul. (3) Bruit sans profondeur, c'est-à-dire : quoique faisant grand bruit, le torrent n'était pas profond. Tous deux, à nager malheureux, Les gens sans bruit sont dangereux : Laridon et César, frères dont l'origine Venait de chiens fameux, beaux, bien faits, et hardis, Fortifiant en l'un cette heureuse nature, Son frère, ayant couru mainte haute aventure, Il peupla tout de son engeance: (1) PLUTARQUE, dans le traité intitulé: Comment il faut nourrir les enfants, et dans les Apophthegmes lacédémoniens. Voyez les Œuvres de Plutarque, traduites par Amyot, édit. 1802, t. XIII, p. 27; t. XVI, p. 61; out. I et II des Euvres morales. (2) Dans le sens d'éducation. Les deux mots étaient anciennement synonymes. (3) Chiens dressés à tourner la broche. On ne suit pas toujours ses aïeux ni son père: Oh! combien de Césars deviendront Laridons! XXV. Les deux Chiens et l'Ane mort (1). Les vertus devraient être sœurs, Ainsi que les vices sont frères (2). Dès que l'un de ceux-ci s'empare de nos cœurs, A l'égard des vertus, rarement on les voit L'un est vaillant, mais prompt; l'autre est prudent, mais Parmi les animaux le chien se pique d'être Soigneux, et fidèle à son maître; Mais il est sot, il est gourmand: [froid. Témoins ces deux mâtins qui, dans l'éloignement, Dit l'un de ces mâtins; voilà toujours curée. (1) Esop., 289, Canes famelici; 211, Canes esurientes. p. 119, trad. de Marcel, 1803, in-12, Les Loups. (2) Nullum intra se manet vitium. (SÉNÈQUE.) Buvons toute cette eau; notre gorge altérée Provision pour la semaine. Voilà mes chiens à boire : ils perdirent l'haleine, Qu'on les vit crever à l'instant. L'homme est ainsi bâti : quand un sujet l'enflamme, Combien fait-il de vœux, combien perd-il de pas, Si je pouvais remplir mes coffres de ducats! Mais rien à l'homme ne suffit. Pour fournir aux projets que forme un scul esprit, (1) S'excédant, se ruinant. XXVI. Démocrite et les Abdéritains (1). Que j'ai toujours haï les pensers du vulgaire (*) (1) Cette anecdote se lit dans une des lettres d'Hippocrate, dont les critiques éclairés suspectent l'authenticité. Elle est adressée à Damagète. (2) Odi profanum vulgus et arceo. (HORACE.) |