Nul animal n'avait affaire Dans les lieux que l'ours habitait; u aimait les jardins, était prêtre de Flore; Ces deux emplois sont beaux; mais je voudrais parmi Les jardins parlent peu, si ce n'est dans mon livre: Avec des gens muets, notre homme, un beau matin, Tous deux, par un cas surprenant, L'homme eut peur : mais comment esquiver? et que L'ours, très-mauvais complimenteur, Lui dit Viens-t'en me voir. L'autre reprit: Seigneur, (1) VAR. Destin, dans quelques éditions modernes. faire? XII. Le Cochon, la Chèvre, et le Mouton (1). Une chèvre, un mouton, avec un cochon gras, On s'en allait les vendre, à ce que dit l'histoire De les mener voir Tabarin (3). Dom pourceau criait en chemin Comme s'il avait eu cent bouchers à ses trousses: Le charton dit au porc : Qu'as-tu tant à te plaindre? Il est sage. Kepartit le cochon : s'il savait son affaire, Crierait tout du haut de sa tête. Ils pensent qu'on les veut seulement décharger, (1) Esop., 131, Porcellus et Vulpes; 179, Sus et Vulpes. Aphthon., 30, Fabula suis, singulos sua scire volens. Lokman, 19, p. 80 de la traduction de M. Marcel, 1803, in-12, l'Homme et le Porc. (2) Charton ou chareton, vieux mot pour charretier, voiturier. (3) Tabarin était le bouffon gagé d'un nommé Mondor, vendeur de baume et d'onguent, qui avait établi son théâtre à Paris sur la place du pont Neuf, du côté de la place Dauphine, au commencement du dix-septième siècle. Mais quant à moi, qui ne suis bon Dom (1) pourceau raisonnait en subtil personnage: (1) Dom, abréviation de Dominus. C'était le titre qu'on donnait aux moines de l'ordre de saint Benoît. Y a-t-il là de la part de La Fontaine une intention épigrammatique? S'il en était ainsi, le coup porterait à faux; car au XVIIe siècle, comme dans les âges antérieurs, les bénédictins se distinguèrent toujours par leurs lumières et leurs vertus. (1) Gabrielle-Françoise Brulart de Sillery, nièce, par sa mère, du duc de La Rochefoucauld, l'auteur des Maximes. (2) L'auteur fait ici allusion à ses Contes, dont plusieurs sont imités du célèbre écrivain italien. La vente de ces Contes, dont le premier recucil parut en 1675, fut interdite par la police. Fait reines des volontés. Chez moi se parlent en rime. Lui refusent le haut bout: Pour venir à notre affaire, Sont obscurs: les beaux esprits Qu'elle déchiffre sans glose: Amenons des bergers; et puis nous rimerons Tircis disait un jour à la jeune Amarante : Voudrais-je vous tromper, vous, pour qui je me pique Comment l'appelez-vous, ce mal? quel est son nom? L'amour. Ce mot est beau ! dites-moi quelques marques A quoi je le pourrai connaître : que sent-on? Des peines près de qui le plaisir des monarques (1) C'était déjà beaucoup pour une jeune femme d'avoir lu les Contes de La Fontaine; c'eût été trop de les avoir toujours compris. Dans tous les cas. il était difficile qu'elle avouât tout comprendre. Est ennuyeux et fade: on s'oublie, on se plaît Se mire-t-on près d'un rivage, Ce n'est pas soi qu'on voit; on ne voit qu'une image Il est un berger du village Dont l'abord, dont la voix, dont le nom fait rougir: On ne sait pas pourquoi, cependant on soupire; Amarante dit à l'instant: 1 Oh! oh! c'est là ce mal que vous me prêchez tant! Quand la belle ajouta : Voilà tout justement L'autre pensa mourir de dépit et de honte. Il est force gens comme lui, Qui prétendent n'agir que pour leur propre compte, La femme du lion mourut; Aussitôt chacun accourut Pour s'acquitter envers le prince De certains compliments de consolation, Qui sont surcroît d'affliction. Il fit avertir sa province Que les obsèques se feraient Un tel jour, en tel lieu; ses prevôts y seraient (1) Abstemius, 14, 8, de Leone irato contra Cervum lætum morte Leænæ. |