Le Sort, de sa plainte touché, Lui donne un autre maître; et l'animal de somme J'attrapais, s'il m'en souvient bien, Il fut couché tout le dernier. Que cent monarques pourraient faire! Le Sort avait raison. Tous gens sont ainsi faits: Aux noces d'un tyran tout le peuple en liesse (2) Noyait son souci dans les pots. Ésope seul trouvait que les gens étaient sots (1) Phædr., I, 6, Ranæ ad Solem. (2) Réjouissance. Le Soleil, disait-il, eut dessein autrefois Aussitôt on ouït, d'une commune voix, Les citoyennes des étangs. Que ferons-nous, s'il lui vient des enfants? Mettra la mer à sec, et tous ses habitants. A l'eau du Styx. Pour un pauvre animal, XIII. Le Villageois et le Serpent ('). Esope conte qu'un manant, Aperçut un serpent sur la neige étendu, N'ayant pas à vivre un quart d'heure. L'animal engourdi sent à peine le chaud, (1) Esop., 153, Serpens et Agricola; 173, Agricola et Serpens.· Phædr., IV, 18 (sive 19), Homo el Colubra (2) La récompense. Puis fait un long repli, puis tâche à faire un saut Un tronçon, la queue, et la tête. L'insecte (1), sautillant, cherche à se réunir; Il est bon d'être charitable : Mais envers qui? c'est là le point. (1) Le mot insecte appliqué au serpent est d'une complète inexactitude. C'est par des fautes de ce genre que La Fontaine a donné droit à Voltaire de dire de lui: « Ce n'était pas un homme d'un goût toujours sûr... et c'est encore un défaut remarquable dans lui de ne pas parler correctement sa langue. Ces réserves faites sur certaines incorrections, Voltaire admire vivement notre poëte, et déclare que ses ouvrages iront à la dernière postérité. Voltaire, du reste, est peut-être, de tous les critiques, celui qui s'est montré aussi sévère. XIV. Le Lion malade et le Renard (1). De par le roi des animaux, Qui dans son antre était malade, (1) Esop., 91, 137, Leo et Vulpes. Philibert Hegemon, fable 1x, dans la Colombière, ou Maison rustique, in-12, Paris, 1583. Contre la griffe tout autant. Les pas empreints sur la poussière (1) (1) Olim quod vulpes ægroto cauta Leoni Respondit, referam : Quia me vestigia tenent HORACE.) XV. — L'Oiseleur, l'Autour et l'Alouette (1). Les injustices des pervers Servent souvent d'excuse aux nôtres. Telle est la voix de l'univers : Si tu veux qu'on t'épargne, épargne aussi les autres. Un manant (2) au miroir prenait des oisillons. Aussitôt un autour, planant sur les sillons, Sur celle qui chantait, quoique près du tombeau. (1) Abstemius, 3, de Accipitre Columbam insequente. (2) Habitant des campagnes. Elle avait évité la perfide machine, Lorsque, se rencontrant sous la main de l'oiseau, Elle sent son ongle maline ('). Pendant qu'à la plumer l'autour est occupé, Oiseleur, laisse-moi, dit-il en son langage; (1) Maligne dans les éditions modernes, ce qui est correctement le féminin de malin. Mais La Fontaine dans les éditions qu'il a revues a écrit maline, quoique de son temps déjà ongle eût été masculin. Nous avons respecté la double faute. (2) L'oiseleur, en cette circonstance, a-t-il bien le droit de faire de la morale à l'autour? XVI. · Le Cheval et l'Ane (1). En ce monde il se faut l'un l'autre secourir: Un âne accompagnait un cheval peu courtois, Moitié de ce fardea 1 ne vous sera qu'un jeu. Tant qu'il vit sous le faix mourir son camarade, (1) Esop., Equus et Asina; 125, Equus et Asinus.- Plutarque, les Règle et Préceptes de santé, § LIX, t. XVII, p. 110, de la traduct. d'Amyot, édit de 1802, ou t. V des Euvres morales: le Chameau et le Bœuf. |