Y tiennent tous les premiers rangs: A l'honneur de votre présence? Le nom d'un port pour un nom d'homme. De telles gens il est beaucoup Qui prendraient Vaugirard pour Rome, Le dauphin rit, tourne la tête, Du fond des eaux rien qu'une bête. VIII. - L'Homme et l'Idole de bois (1). Certain païen chez lui gardait un dieu de bois, De ces dieux qui sont sourds bien qu'ayant des oreilles: Le païen cependant s'en promettait merveilles. Il lui coûtait autant que trois : Ce n'était que vœux et qu'offrandes, Sacrifices de boeufs couronnés de guirlandes. Jamais idole, quel qu'il fût (2), (1) Esop., 21, Homofractor simulacri; 128, Homo perfractor statuæ. (3) Corneille a aussi employé idole au masculin. N'avait eu cuisine si grasse; Sans que, pour tout ce culte, à son hôte il échût Bien plus, si pour un sou d'orage en quelque endroit L'homme en avait sa part; et sa bourse en souffrait : Malheureux, grossiers et stupides : On n'en peut rien tirer qu'avecque le bâton. 141 IX. - Le Geai paré des plumes du Paon (1). Un paon muait : un geai prit son plumage; Puis parmi d'autres paons tout fier se panada, Quelqu'un le reconnut: il se vit bafoué, Et par messieurs les paons plumé d'étrange sorte; Il fut par eux mis à la porte. Il est assez de geais à deux pieds comme lui, (1) Phædr., I, 3, Graculus superbus, et Pavo. dula et Corvi; 101, Monedula el Columbæ. Esop., 285, 205, Mone Et que l'on nomme plagiaires. Je m'en tais, et ne veux leur causer nul ennui : X. Le Chameau et les Bâtons flottants (1). Le premier qui vit un chameau Le second approcha; le troisième osa faire L'accoutumance ainsi nous rend tout familier Et puisque nous voici tombés sur ce sujet: Qui, voyant sur les eaux de loin certain objet, Que c'était un puissant navire. J'en sais beaucoup de par le monde De loin, c'est quelque chose; et de près, ce n'est rien. (1) Esop., 148, 118, Camelus; et Planud., Vita Esopi; dans Nevelet Fab. var. auct., p. 74. (2) C'est tout le contraire de ce qui arrive réellement, la distance diminuant beaucoup les proportions des choses. Le sens moral est parfaitement vrai, le sens propre est absurde (CH. NDDIER.) Tel, comme dit Merlin, cuide (2) engeigner (*) autrui, J'ai regret que ce mot soit trop vieux aujourd'hui; Un rat plein d'embonpoint, gras, et des mieux nourris. Une grenouille approche, et lui dit en sa langue : 1 n'était pas besoin de plus longue harangue. Cent raretés à voir le long du marécage: Les beautés de ces lieux, les mœurs des habitants, Un point sans plus tenait le galant empêché: Dans le marais entrés, notre bonne commère (1) Esop., 307, 249, Mus et Rana. (2) Croit, s'imagine. (3) Tromper, séduire. (4) Cette phrase se trouve dans le premier volume de Merlin, qui est le premier de la Table ronde, etc., petit in-40 gothique sans date, imprimé a Paris; elle est ainsi conçue: « Ainsi advient-il de plusieurs, car tels cuident engigaer ung autre, qui s'engignent eulx mesmes. (WALCK.) S'efforce de tirer son hôte au fond de l'eau, Tout en fut; tant et si bien, L'oiseau se donne au cœur joie, Ayant de cette façon A souper chair et poisson. La ruse la mieux ourdie Peut nuire à son inventeur; Retourne sur son auteur. (1) Gorge chaude, en terme de fauconnerie, est la viande chaude qu'on donne aux oiseaux de proie, et qu'on prend du gibier qu'ils ont attrapé. XII. Tribut envoyé par les Animaux à Alexandre (1). Une fable avait cours parmi l'antiquité (2); Et la raison ne m'en est pas connue. Que le lecteur en tire une moralité; Voici la fable toute nue: (1) Gilbertus Cognatus, Narrationes, p. 98, et dans Guillaume, Recherches, etc., p. 21, de Ranarum et Murium Certamine. (2) Notre poëte se trompe. On ne trouve chez les anciens aucune trace de la donnée de cette fable. |