Le pauvre potager : adieu planches, carreaux; Adieu de quoi mettre au potage. Le lièvre était gîté dessous un maître chou. On le quête; on le lance: il s'enfuit par un trou, Par ordre du seigneur; car il eût été mal Qu'on n'eût pu du jardin sortir tout à cheval. T Petits princes, videz vos débats entre vous: (1) Nous rencontrons encore ici, comme dans la fable: Les Membres et l'Estomac, une frappante actualité politique. Après avoir fait la leçon aux peuples, il est impossible de la faire plus agréablement aux rois, et surtout à ceux qui, dans les affaires de leurs royaumes, appellent l'intervention de leurs voisins. Ne forçons point notre talent; Nous ne ferions rien avec grâce : Peu de gens, que le ciel chérit et gratifie, (1) Esop., 293, 216, Canis et Dominus Ont le don d'agréer infus avec la vie. C'est un point qu'il leur faut laisser, Ce chien, parce qu'il est mignon, S'il en faut faire autant afin que l'on me flatte, Dans cette admirable pensée, Voyant son maître en joie, il s'en vient lourdement. La lui porte au menton fort amoureusement, (1) Le valet d'écurie, armé d'un bâton, chargé de corriger l'âne. Cette dénomination est prise de Rabelais. VI. Le Combat des Rats et des Belettes (1). La nation des belettes, Non plus que celle des chats, (1) Phædr., IV, 6 sive 5, Pugna Murium et Mustelarum. Ne veut aucun bien aux rats; Si l'on croit la renommée, Plus d'un guéret s'engraissa (1) VAR. Étrètes pour étroites. (2) Artarpax, voleur de pain; Psicarpax, voleur de miettes; Méridarpax, voleur de morceaux. Ces noms, à l'exception d'Artarpax, sont tirés de la Batrachomyomachie, ou Combat des Grenouilles et des Rals, attribué à Homère par Hérodote. La Batrachomyomachie n'est pas seulement, comme on le dit presque toujours, un poëme héroï- comique; c'est surtout une fable, dont l'auteur a eu en vue de réprimer, par l'exemple des grenouilles et des rats, l'ambition des souverains qui, pour soutenir une guerre témérairement entreprise, traînent à leur suite des bandes de vagabonds plus amis du pillage que de la gloire. Chacun s'enfuit au plus fo:t, Ne fut large assez pour eux; Entrait dans les moindres creux. La principale jonchée Fut donc des principaux rats. Une tête empanachée N'est pas petit embarras. Le trop superbe équipage (1) Plumet, panache. (2) Pour échappent. Ce verbe n'est pius employe au neutre VII. Le Singe et le Dauphin ('). C'était chez les Grecs un usage De notre espèce (2) en son histoire Lui pensa devoir son salut: Un dauphin le prit pour un homme, (1) Esop., 242. 88, Simius et Delphinus. (2) On sait l'aventure d'Arion, qui, menacé par des matelots, se jeta a la mer et vit des dauphins lui offrir leurs dos comme un char marin. Un d'eux le porta jusqu'au cap Tenare, d'où il se rendit à la cour de Périandre. Arion reconnaissant éleva au cap Ténare, et sous l'invocation de Neptune, un cénotaphe et une statue de bronze à son dauphin. Ce monument existait encore, dit-on, au temps d'Hérodote et de Pausanias. (3) Plin., Hist. nat, lib. IX, cap. vii. (4) Arion. > 1) jeté à la mer pur les matelots il fut sauvé par un suuphin que son chant avait charmé. |