L'oiseau royal, en cas de mine; La faim détruisit tout; il ne resta personne Grand renfort pour messieurs les chats. Que ne sait point ourdir une langue traîtresse Des malheurs qui sont sortis De la boîte de Pandore, Celui qu'à meilleur droit tout l'univers abhorre, Chacun a son défaut (2), où toujours il revient : Sur ce propos, d'un conte il me souvient: De quelque exemple. Un suppôt de Bacchus Telles gens n'ont pas fait la moitié de leur course, Qu'ils sont au bout de leurs écus. Un jour que celui-ci, plein du jus de la treille, (1) Esop., 234, Mulier et Vir ebrius; 73, Mulier. (2) Unicuique dedit vitium natura creato. PROPERCE. (3) La Fontaine revient trop souvent, à notre avis, sur cette pensée que l'homme ne veut ni ne peut se corriger. Si la passion est une chose fatale, à laquelle il faut céder toujours, à quoi servent donc les préceptes des philosophes, ou les enseignements des fabulistes? C'est aussi aller trop loin que de dire que la honte elle-même est impuissante à détourner du vice. La Fontaine, et c'est là un reproche qui s'adresse à un grand nombre de ses fables, ne croit pas assez à la force de la volonté humaine dans la pratique du bien. Comme les jansénistes, il écrase l'homme sous la fatalité du mal moral. Avait laissé ses sens au fond d'une bouteille, Cuvèrent à loisir. A son réveil il treuve (1) Oh! dit-il, qu'est ceci? Ma femme est-elle veuve? Quelle personne es-tu? dit-il à ce fantôme. De Satan, reprit-elle; et je porte à manger Le mari repart, sans songer : Tu ne leur portes point à boire? (1) Trouve. (2) Bouillon chaud. VIII. La Goutte et l'Araignée (1). Quand l'enfer eut produit la goutte et l'araignée, Egalement à redouter. Or, avisons aux lieux qu'il vous faut habiter. (1) Gerbel, dans Camerarii fabulæ, 1570, p. 458. - Le Passe-temps de messire François Le Poulchre, seigneur de la Motte Messemé, deuxième édition, Paris, 1593, p. 83; ou feuille L, p. 5. (2) Etraites pour étroiles, dans l'édition de 1668; étrètes, dans celle de 1678. Et ces palais si grands, si beaux, si bien dorés? Accommodez-vous, ou tirez. Il n'est rien, dit l'aragne (1), aux cases qui me plaise. Ne crut pas y pouvoir demeurer à son aise. S'étend à son plaisir sur l'orteil d'un pauvre homme, L'aragne cependant se campe en un lambris, Une servante vient balayer tout l'ouvrage. Le pauvre bestion (2) tous les jours déménage. Il va trouver la goutte. Elle était en campagne, Que la plus malheureuse aragne. Son hôte la menait tantôt fendre du bois, Oh! je ne saurais plus, dit-elle, y résister. (1) Ancien mot, pour araignée. (2) Petite bêle. A jamais du lit ne bouger. Cataplasmes, Dieu sait! Les gens n'ont point de honts Et fit très sagement de changer de logis. (1) Cette manière d'écrire conte au lieu de compte était usitée et acceptée au temps de La Fontaine. IX. Le Loup et la Cigogne (1). Les loups mangent gloutonnement. Se pressa, dit-on, tellement Qu'il en pensa perdre la vie : Un os lui demeura bien avant au gosier. De bonheur pour ce loup, qui ne pouvait crier, Près de là passe une cigogne. Il lui fait signe; elle accourt. Voilà l'opératrice aussitôt en besogne. Elle retira l'os; puis, pour un si bon tour, Elle demanda son salaire. Votre salaire! dit le loup: Ne tombez jamais sous ma patte. 1) Phædr., I, 8, Lupus et Gruis.- Esop., 94, 144, Lupus et Gruis. (1) fraíric, festin. X. Le Lion abattu par l'Homme (1). On exposait une peinture Où l'artisan (2) avait tracé Un lion d'immense stature Par un seul homme terrassé (3). · Il avait liberté de feindre. Avec plus de raison nous aurions le dessus, Esop., 169, Leo et Homo iter habentes; 223, Leo et Homo. Fontaine, dans l'édition de 1668, a écrit terracé, pour rimer aux yeux. Un lion, passant, rabattit leur caquet. Certain renard gascon, d'autres disent normand, (1) Esop., 170, Vulpes et Uva; 159, Vulpes et Uvæ. Phædr., IV, 3, Vulpes et Uva. (2) En apparence. |