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de fes travaux & de fes obfervations, ne regarde pourtant les Sciences, du moins la Phyfique, que comme étant encore au berceau. Mais j'admire encore plus l'ufage religieux qu'elle fait de connoiffances fi rares, qui doivent, felon elle, nous inspirer un grand refpect pour l'Auteur de la Nature par l'admiration de fes Ouvrages. "On ne peut guéres s'empêcher," eft - il dit dans fes Mémoires, "de répéter ,,fouvent qu'en matiére de Physique les objets les plus communs fe chandès gent en autant de miracles > ,qu'on les regarde avec de certains ,,yeux. "Et dans un autre endroit,

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Ce n'eft pas une chofe que l'on doive compter parmi les fimples cu,,riofités de la Physique, que les fubli,,mes réflexions où elle nous conduit fur l'Auteur de l'Univers. Ce grand ,,Ouvrage, toujours plus merveilleux à mesure qu'il eft plus connu, nous „donne une fi grande idée de fon Ouvrier, que nous en fentons notre ef,,prit accablé d'admiration & de refpect... La véritable Phyfique s'éléve ,,jufqu'à devenir une efpéce de Théologie.

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Avant que de paffer aux Mathéma tiques, je toucherai fort légérement ce qui regarde la Médecine, l'Anatomie la Botanique, & la Chymie, qui font des parties de la Phyfique, ou qui y ont du raport, Tertullien appelle la Médecine la fæeur de la Philofophie ; & l'on fait que les trois autres dépendent de la Médecine.

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QUATRIEME.

E TRAITE, dans un Chapitre féparé, ce qui regarde la Médecine; & j'y joins la Botanique, la Chymie & l'Anatomie, qui en font partie mais dont je dirai très peu de chofes.

S. I.

De la Médecine.

LA MEDECINE eft de même date fans doute que les maladies, car on a cherché à s'en délivrer dès qu'on les a fenties; & les maladies prefque auffi anciennes que le monde même puifqu'elles ont été la fuite & la punition du péché. Mais les hommes ont été longtems chacun leurs propres Médecins, & il eft difficile de fixer le tems où la Médecine a été convertie en art & en profeffion. Le befoin & l'expérience y ont donné lieu. Dans de cerin Proam. tains pays, ceux qui avoient été guéris de quelque maladie, mettoient par écrit comment & par quels remédes ils l'avoient été, & dépofoient ces

Plin.

lib. 29.

Herod. lib. I. cap.

197.

Mémoires dans le temple, pour fervir d'inftruction en pareil cas. Dans d'autres pays, comme en Egypte & à Babilone, on expofoit en public les Strab. malades, afin que les paffans qui au. lib. 1 pag. 155. & roient été attaqués & guéris de la mê. lib. 16. me maladie, puffent leur donner con, pag. 746. feil.

Les Egyptiens regardoient leur dieu Hermès, c'est-à-dire Mercure comme l'inventeur de la Médecine. Il eft certain qu'ils l'ont cultivée & plus anciennement & plus favamment qu'au cun autre peuple.

Les Grecs leur difputent cette gloire, ou du moins l'ont fuivie de près. Il nous fourniront tous les Médecins dont j'ai à parler car les Romains ont peu cultivé cette fcience. Dès le tems de la guerre de Troie, Chiron le Theffalien, furnommé le Centaure, qui fut gouverneur d'Achille, fe rendit célébre dans la Médecine par la cure des plaies & la connoiffance des fimples, dont il fit part à ce Héros & à Patrocle fon ami.

I

Pindar

Ode 3

Efculape, difciple de Chiron, ne le céda point à fon Maître. Pindare le Pythior. répréfente comme extrêmement habile dans toutes les parties de la Mé D 4 decine,

decine. La Fable marque que Jupiter, indigné de ce qu'il avoit rendu la vie à Hippolite fils de Théfée, l'écrafa d'un coup de foudre. Ce qui fait entendre qu'il guériffoit par fa fcience des maladies fi defefpérées, qu'il paffoit pour rendre la vie aux morts.

Aiant été mis au rang des Immortels, on lui bâtit des temples en divers endroits comme au dieu de la fanté. Le plus fameux fut celui d'Epidaure. C'est de là, qu'en conféquence d'une célébre députation, à la tête de laquelle étoit Q Ogulnius, on prétend qu'il vint à Rome fous la figure d'un ferpent, & qu'il délivra la ville de la pefte l'année 461. de fa fondation. On lui batit depuis un temple hors de la ville. Celui de Cos, patrie d'Hippocrate, étoit auffi fort renommé. On y voioit diverfes tables, ou divers tableaux, où étoient écrits les remédes que le dieu avoit indiqués à plufieurs malades, qui avoient été guéris par ce moien.

Homére donne deux fils à Efculape, tous deux fameux Médecins, dont il eft parlé dans l'Iliade; l'un nommé Machaon, fort habile & fort exercé dans les operations de Chirurgie, qui

n'étoit

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