SU I TE DU LIVRE VINGT-SIXIE ME. CHAPITRE TROISIEME. Sentiment des anciens Philosophes sur la METAPHYSIQUE 3 fur la PHYSIQUE. AI DEJA observé que la Métaphysique étoit renfera mée dans la Physique des Anciens. J'y examinerai quatre points. L'existence & les attributs de la Divinité : la formation du mon, de: la nature de l'ame : les effets de la nature. ARTICLE PREMIER Divinité. & à trois questions principales les fentimens des anciens Philosophes fur la Divinité. I. Si la Divinité existe ? 2. Quelle est sa nature ? 3. Si elle pré. side au gouvernement du Monde , & si elle prend foin des affaires du genre humain ? Avant que d'entrer dans le cahos des opinions Philosophiques, il ne sera pas hors de propos d'exposer en peu de mots l'état de la foi du Monde entier au sujet de la Divinité, dans lequel le trouverent les Philosophes, au moment qu'ils commencerent à introduire leurs dogmes sur ce point par le seul raisonnement ; & de jetter un leger regard sur la créance commu. ne & populaire de toutes les nations de l'Univers, jusques même aux plus barbares , laquelle s'étoit maintenue d'une maniere constante & uniforme par la seule tradition. Avant les Philosophes tout le monde s'accordoit à croire un Etre suprème, présent par tout, attentif aux prieres de tous ceux qui l'invoquoient en quelque état qu'ils fussent, dans la profondeur des forêts, dans l'agitation des tempêtes fur mer, dans le fond d'un cachot; affez bon pour s'in térek téreffer au malheur des hommes, & assez puissant pour les en délivrer : Maître de donner les victoires les fuccès, l'abondance , toute sorte de prospérité : l'Arbitre des faisons , de la fécondité des hommes & des animaux: Présidant aux conventions & aux traités des Rois & des particuliers : Recevant leur ferment, en exigeant l'exécution , & en punissant avec une sévérité inexorable le moins dre violement : Donnant ou ôtant le courage, la présence d'esprit, les expédiens, le bon conseil, l'attention & la docilité aux fages avis : Protégeant les innocens , les foibles, les opprimés; & fe déclarant le vengeur des oppressions, des violences, des injustices : Jugeant les Rois & les peuples, réglant leur destinée & leur sort, & marquant avec un pouvoir absolu l'étendue & la durée des Royaumes & des Empires. Voila une partie de ce que pensoient généralement les hommes sur la Divinité, au milieu même des ténébres du Paganisme., & un précis des idées qu'une tradition universelle & conf. tante, & aufli ancienne fans doute que le Monde, leur avoit données sur A 20 се ) ce sujet. Que cela soit ainsi, nous en avons des preuves incontestables dans les poésies d'Homére, monument le plus respectable de l'antiquité payenne, & que l'on peut regarder comme les Archives de la religion de ces tems reculés. $. I. De l'Existence de la Divinité. Les Philosophes étoient fort partagés sur différentes matieres de la Philosophie, mais ils se réunifloient tous sur ce qui regarde l’Existence de la Divinité, excepté un très petit nombre dont je parlerai bientôt. Quoique ces Philosophes, par leurs recherches & leurs disputes, n'aient rien ajouté pour le fond à ce que les peuples croioient déja avant eux sur ce sujet, on ne peut pas dire néanmoins que ces recherches & ces disputes aient été inutiles. Elles servoient à fortifier les hommes dans leur ancienne créance, & à écarter les mauvaises fubtilités de ceux qui auroient voulu l'attaquer. Cette union de tant de perSonnes généralement estimées par la solidité de leur esprit, par leur application infatigable à l'étude, par la vaste étendue de leurs connoissances, ajou. ajoutoit un nouveau poids à l'opinion commune & anciennement reçue sur l'existence de la divinité. Les Philo. sophes appuioient ce sentiment de plu. sieurs preuves, les unes plus subtiles & plus abstraites, les autres plus populaires & plus à la portée du commun des hommes. Je me contenterai d'en indiquer quelques-unes de ce dernier genre. Le concours général & constant des hommes de tous les siécles & de tous í les pays à croire fermement l'existen ce de la Divinité, leur paroissoit un argument auquel on ne pouvoit rien opposer de sensé & de raisonnable. Les opinions qui n'ont pour fondement qu'une erreur populaire ou une crédule prévention, peuvent bien durer quelque tems, & dominer dans certains pays: mais tôt ou tard elles fe diffpent, & perdent toute créance. a Epicure fondoit l'existence des dieux sur ce que la nature elle-même grave leur in dée dans tous les esprits. Sans avoir l'ia Epicurus folus vidit primum effe deos, quod in omnium animis eorum notionem imprellile set ipsa natura. Quæ eft enim gens , aut quod gepus hominum , quod non habeat sine doctrina anticipationem quandam deorum?quam appellat zpórnboy Epicurus, id est anteceptam animo quandam informationem , fine qua nec intelligi quidquam, nec quæri, nec |