Lettres à monsieur P.-J. Proudhon, par Eugène de Mirecourt. [Occasioned by the book De la justice dans la Révolution et dans l'Église. Followed by] Lettres d'un biographe

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Popular passages

Page 13 - Et maintenant te voilà détrôné et brisé. Ton nom, si longtemps le dernier mot du savant, la sanction du juge, la force du prince, l'espoir du pauvre, le refuge du coupable repentant, eh bien! ce nom incommunicable, désormais voué au mépris et à l'anathème, sera sifflé parmi les hommes. Car Dieu , c'est sottise et lâcheté; Dieu , c'est hypocrisie et mensonge ; Dieu , c'est tyrannie et misère; Dieu , c'est le mal.
Page 13 - De quel droit Dieu me dirait-il encore : Sois saint, parce que je suis saint? Esprit menteur, lui répondrai-je, Dieu imbécile, ton règne est fini ; cherche parmi les bêtes d'autres victimes. Je sais que je ne suis ni ne puis jamais devenir saint; et comment le serais-tu, toi, si je te ressemble?
Page 13 - Père suprême, ce que tu as fait pour notre bonheur et pour ta gloire; voilà quels furent, dès le principe, ta volonté et ton gouvernement; voilà le pain, pétri de sang et de larmes, dont tu nous as nourris. Les fautes dont nous te demandons la remise, c'est toi qui nous les fais commettre ; les pièges dont nous te conjurons de nous délivrer, c'est toi qui les as tendus; et le satan qui nous assiège, ce satan, c'est toi.
Page 249 - Que la voix publique vienne ébranler son âme, il chantera; lui-même ne la devance pas. Seul il se trompe constamment; il ne connaît ni sa route, ni son étoile. Pour le style et les mœurs, je parle ici des mœurs poétiques, c'est simplement un disciple de Voltaire et de Parny; aucune qualité propre ne le distingue , si ce n'est peut-être la fatigue et l'obscurité trop fréquente de ses vers. Sa plaisanterie et ses gaudrioles sont en général puisées à deux sources suspectes, l'impiété...
Page 69 - Viens, Satan, viens, le calomnié" des prêtres et des rois, que je t'embrasse, que je te serre sur ma poitrine ! Il ya longtemps que je te connais, et tu me connais aussi. Tes œuvres, ô le béni...
Page 130 - Wellington disait de nous, en 1815 : « Cette nation n'a pas de principes. » Et Royer-Collard ajoutait : « Notre société tombe en poussière. Il ne reste que des souvenirs, des regrets, des utopies, des folies, des désespoirs. » La France expie ! Ouvrez avec nous les grandes annales de l'humanité.
Page 179 - Dieu est indispensable à la morale, de me croire plus capable que l'Église, plus capable que le genre humain, qui ya travaillé plus de soixante siècles, de déduire en théorie et de réaliser en pratique une telle idée. Je me serais incliné devant une foi si antique, fruit de la plus savante et de la plus longue élaboration dont l'esprit humain ait donné l'exemple; je n'aurais point admis un seul instant que des difficultés insolubles dans l'ordre de la science conservassent la moindre...
Page 127 - La direction générale livrée à l'empirisme -, une aristocratie de bourse se ruant, en haine des partageux, sur la fortune publique :, une classe moyenne qui se meurt de poltronnerie et de bêtise -, une plèbe qui s'affaisse dans l'indigence et les mauvais conseils ; la femme enfiévrée de luxe et de luxure, la jeunesse impudique, l'enfance vieillotte, le sacerdoce, enfin, déshonoré par le scandale et les vengeances, n'ayant plus foi en luimême, et troublant à peine de ses dogmes mort-nés...
Page 198 - ... récolter dix mille, l'opération sera au dessus de ses forces, et pour lui deviendra fatigue et peine. Mais ce n'est plus qu'un problème d'association et d'industrie, dont la solution, sans aggraver le service, peut doubler au contraire, pour tous ceux qui y prendront part; le plaisir et le profit. Vous qui osez dire, sans savoir de qui ni de quoi vous parlez : Montrez-moi un grain de sable, et je vous démontrerai Dieu, permettez que je vous rétorque l'argument : Montrez-moi un grain de blé,...
Page 177 - Croyez-vous à la nécessité de la religion? Croyez-vous, par conséquent, à l'existence d'une Église, c'est-à-dire d'une société établie sur la pensée même de Dieu, inspirée de lui, et se posant avant tout comme expression du devoir religieux? Si oui, vous êtes chrétien, catholique, apostolique, romain ; vous confessez le Christ et toute sa doctrine ; vous recevez le sacerdoce qu'il a établi ; vous reconnaissez l'infaillibilité des conciles et du souverain pontife; vous placez la chaire...

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