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Plan du rez-de-chaussée et du deuxième étage de l'École supérieure de Saint-Louis (Missouri).

Les deux écoles dont nous venons de parler sont situées
dans de grandes villes; mais les écoles de village ne sont
pas traitées avec moins de sollicitude; les mêmes soins
sont apportés à leur construction, et rien n'est oublié pour
que le séjour de l'école soit salubre et attrayant.

Le mobilier des écoles est l'objet d'attentions spéciales.
Les pupitres et les siéges sont solidement fixés au sol;
chaque pupitre est muni d'un encrier, d'un casier pour
mettre les livres, les cahiers, les plumes, les crayons, etc.
Tout ce mobilier scolaire est propre et soigné; ce luxe
est en réalité une économie, car toute dégradation est
immédiatement aperçue et réprimée, et il est à remarquer

|

que l'enfant est bien plus disposé à détériorer un meuble
grossier qu'un meuble élégant dont il a la responsabilité.
De plus, on l'habitue à ne rien détruire ou endommager
par mauvais instinct.

Ces écoles sont amplement pourvues de tous les acces-
soires relatifs à l'enseignement, tableaux noirs, cartes de
géographie, mappemondes, bibliothèques scolaires, petites
collections d'histoire naturelle, matériel pour les leçons de
choses, etc.

De tels résultats n'ont pu être obtenus sans de grands
sacrifices; ainsi, dans le cours de dix années, l'État de
Massachusetts n'a pas dépensé moins de 50 millions de

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francs

École supérieure de Saint-Louis (Missouri). - Dessin de Sellier.

américaines.

pour l'établissement de ses écoles. Il n'est pas un et de solidarité chrétienne qui sont la base des institutions
État, pas une cité, pas un village, qui ne fasse chaque jour
d'énormes sacrifices pour acquérir ce précieux outillage
de l'instruction publique.

La ville de Philadelphie a voté, en 1867, pour la con-
struction d'écoles nouvelles, plus de 5 millions de francs,
sans compter le prix des terrains.

L'école Norcross, à Boston, bâtie en 1867 et pouvant
recevoir 772 élèves, a coûté, non compris le terrain, mais
y compris l'ameublement, plus de 425 000 francs.

L'école Lincoln, à San-Francisco, bâtie en 1865 pour
1 000 élèves, a coûté plus de 500 000 francs.

L'école supérieure Woodward, à Cincinnati, a coûté
280 000 francs, seulement pour la construction du bå-
timent.

L'école de jeunes filles de la rue Lafayette, à Baltimore,
bâtie pour 500 élèves, a coûté 100 000 francs de terrain
et 150 000 francs de construction.

Rappelons, en terminant, que ces belles écoles sont
ouvertes gratuitement à tous. Les enfants des familles ri-
ches les fréquentent aussi bien que ceux des familles pau-
vres. On considère ce contact comme salutaire pour les uns
et pour les autres, et comme propre à faire naître de bonne
heure dans le cœur des enfants les sentiments d'égalité

LA TABLE, LA MUSETTE ET LE SAC.

CONTE BOHÈME.

Il y a longtemps, bien longtemps, un vieux paysan vi-
vait dans une chaumière avec ses trois fils. L'aîné s'appe-
lait Martin, le second Michel, le troisième Jeannot.

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Un soir, le père et les trois fils étaient réunis autour
d'une jatte de lait où trempaient quelques morceaux de
pain. Martin, dit le père, je sens que je ne vivrai pas
longtemps. Quand je mourrai, c'est à toi que reviendra
ma chaumière; surtout ne fais point de tort à ta mère et
à tes frères.

Martin promit; mais, tout en promettant, il avait soin
de choisir les bons morceaux et d'accaparer le lait. Michel
s'étonnait de cette conduite; Jeannot en fut si triste qu'il
oublia de manger.

Au bout de peu de temps, le père tomba malade : il fit ve-
nir ses fils, et leur recommanda d'être bien unis. - Jean-
not, dit-il au troisième, tu es un peu simple; mais ce que
le ciel a ôté à ton esprit, il l'a donné à ton cœur. Sois tou-
jours bon, et écoute tes frères. Là-dessus il mourut.

Jeannot ouvrit une seconde chambre; elle apparut aux yeux éblouis pleine de monnaie d'argent.

Martin et Michel éclatèrent en lamentations épouvantables; | sacs les restes de leurs provisions et se mirent à les remmais Jeannot resta muet, immobile, comme s'il avait perdu | plir de gros sous. la raison. Au bout de quelque temps il sortit, s'assit dans le jardin et pleura comme un enfant. Après l'enterrement, Martin et Michel décidèrent qu'ils iraient courir le monde et chercher fortune. Jeannot devait rester à la maison.

-Le monde est grand, pensaient-ils à force de le parcourir, nous pourrons rencontrer la fortune. En restant ici, nous ne deviendrons rien du tout.

Jeannot ne demandait pas mieux que de rester; mais leur mère, qui était encore très-vaillante, ne voulut pas qu'il renonçât à la bonne chance, et décida ses frères à l'emmener.

Ils partirent donc tous trois; Michel et Martin avaient pris deux grands sacs remplis de vivres. Jeannot n'avait rien.

- Je voudrais bien savoir, dit-il tout à coup à ses frères, si nous allons rencontrer la fortune.

Tu peux bien courir au-devant d'elle, toi qui n'as rien à porter.

Ils étaient jaloux de voir que Jeannot ne portait rien, tandis qu'ils avaient tant de peine à traîner leurs sacs. Ils avaient marché toute la matinée; le soleil les brûlait; ils étaient fatigués et ils avaient faim. Ils s'assirent au bord de la route, sous un arbre, et se mirent à manger. Jeannot s'assit sous un autre arbre et se mit à pleurer; peut-être avait-il faim, peut-être regrettait-il la mort de son père. Ses frères se moquèrent de lui:

-Tu vois, une autre fois, ne sois pas si paresseux; tu auras aussi à manger.

Jeannot essuya ses larmes.

--Vous faites de jolis fils, leur dit-il; vous partez courir le monde pour soulager votre mère, et vous commencez par emporter de chez elle ce qu'il y a de meilleur.

Cette réponse fit taire les railleries des deux frères. Au bout de quelques instants, ils offrirent même à Jeannot de partager leur repas. Puis ils se remirent en route.

Vers le soir, ils arrivèrent à une chaumière et demandèrent l'hospitalité. Le maître de la chaumière les fit entrer et les invita à souper. Martin le remercia, et ajouta, non sans une certaine fierté, qu'il avait assez de quoi manger. En effet, ils tirèrent des vivres de leurs sacs et firent un bon repas. Pendant ce temps-là, Jeannot était assis dans un coin et pleurait. La ménagère, en revenant de la cuisine, vit qu'il ne mangeait pas, et voulut qu'il se mît à table. On servit une excellente soupe au lard. Martin, qui l'aimait beaucoup, rongeait avec dépit ses croûtes de pain et ses restes de fromage; mais on ne l'invita pas. Le lendemain, les deux méchants frères partirent de bonne heure et emmenèrent Jeannot dans une forêt profonde, pour être certains que personne ne lui donnerait à manger. Après avoir longtemps erré, ils arrivèrent tout à coup dans une clairière d'où ils aperçurent un immense château. Jeannot sourit; mais Martin ne fut pas content.

Nous nous sommes trompés de route, dit-il; retournons en arrière.

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Nigaud! dit Michel. Nous sommes partis pour courir le monde. Qu'importe de courir à droite ou à gauche! Jeannot ne dit rien, il alla tout droit au château. Martin le regarda faire, puis se décida à le suivre.

Ils entrèrent dans le château; mais ils n'y trouvèrent pas une créature humaine. Un frisson les saisit. Martin voulut partir; mais quand il vit Jeannot ouvrir la porte, il le suivit encore. Ils entrèrent dans une salle magnifique. Quelle merveille! La salle était pleine de monnaie de cuivre jusqu'à une hauteur de cinq coudées. Martin et Michel restèrent tout éblouis; puis ils jetèrent de leurs

Les deux frères jetèrent aussitôt les sous pour entasser les écus dans leurs sacs. Cette besogne à peine terminée, Jean ouvrit une troisième porte. Eblouissement prodigieux ! La troisième salle était pleine de pièces d'or qui brillaient comme le soleil. Ils vidèrent de nouveau leurs sacs et de nouveau les remplirent.

Allons-nous-en, dit tout à coup Martin, quelqu'un pourrait venir, et nous ne serions pas à notre aise.

Les deux frères se sauvèrent. Jean les suivit; de chacun de ces trésors il ne prit qu'une pièce de monnaie et les restes des provisions qu'on avait jetées dans la première salle. Chemin faisant il mangea. On arriva dans un bois épais; les frères jetèrent leurs sacs d'argent et s'assirent pour se reposer. Jeannot se coucha auprès d'eux et acheva de grignoter le dernier croûton. Tout à coup, Martin s'aperçut qu'il avait faim; mais il n'avait que des ducats dans son sac.

-Jeannot, dit-il, dépêche-toi d'aller au château, et rapporte-nous les restes que nous y avons laissés. -Ce n'est pas la peine, répondit Jeannot; je les ai ramassés et je les ai mangés.

-Misérable, s'écria Martin, je t'apprendrai à manger la part de tes frères !

Et ils tombèrent sur lui et le frappèrent à qui mieux mieux.

-Va où tu voudras, gourmand, et ne te permets plus de te présenter devant nous.

Et ils sortirent du bois. Le lendemain matin, ils arrivèrent chez eux, achetèrent une belle maison, s'y installèrent avec leur mère, et se mirent à vivre comme des grands seigneurs.

II

Jeannot était resté par terre inanimé. Quand il revint à lui, il se trouva seul. Que faire?

Je retournerai au château, pensa-t-il : je ramasserai de l'argent et je m'en irai vivre en grand seigneur.

Il retourna en effet au château; il n'y trouva personne. Il ôta sa veste, noua les manches par le bout de façon à en faire des espèces de sacs, et se mit à y entasser les pièces d'or. Tout à coup il entend un bruit lointain semblable à celui du tonnerre; ce bruit se rapproche; le château tremble jusqu'en ses fondements. Une voix se fait entendre, une voix stridente comme celle d'un taureau. Um! um! Ça sent la chair fraîche. Et deux géants entrent dans la salle.

Ah! ah! petit ver de terre, c'est toi qui voles nos trésors! s'écrie l'un d'entre eux. Eh bien, nous te mangerons ce soir à souper.

Le second géant murmura quelque chose à l'oreille de son camarade.

Soit, dit celui-ci, je t'accorde la vie; mais désormais c'est toi qui, en notre absence, garderas nos trésors. Seulement, garde-les bien... A propos, quand tu auras faim, frappe trois fois du poing sur cette table en disant : « Cuisine impériale!» et tu recevras de quoi bien dîner.

Jeannot promit tout ce qu'on voulut. A partir de ce moment, il mena une vie fort agréable. Il n'avait rien à faire personne ne venait au château, la table lui obéissait toujours. A la fin, l'ennui le prit.

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- Que messieurs les géants gardent eux-mêmes leurs trésors, dit-il un beau matin; et toi, ma bonne table, viens-t'en avec moi.

Il prit la table sur son dos, quitta le château et entra

dans la forêt. It la traversa et se trouva dans les champs. Į la cuisine impériale, si enchanté, qu'il se résolut à garder Là il rencontra un bon vieillard qui lui demanda à manger. cette merveille. Il fit appeler un menuisier habile qui lui - Vous ne pouviez mieux tomber, répondit Jeannot. fabriqua une table toute pareille, et il renvoya à Jeannot Venez vous asseoir avec moi sous cet arbre. cette contrefaçon. Jeannot, se voyant ainsi trompé, entra dans une violente colère. Il brisa la fausse table.

Jean posa la table sur le sol, la frappa trois fois du poing en criant Cuisine impériale! Un splendide repas fut aussitôt servi.

-Dites à votre roi, dit-il au chambellan, que demain je démolirai son palais comme je brise cette table. - C'est une belle invention, dit le vieillard; fais-moi On rit beaucoup chez le roi; mais on rit beaucoup moins cadeau de cette table. J'ai encore quelque chose de mieux quand Jeannot fit sortir de sa musette un million de cavaà t'offrir. Vois cette musette : toutes les fois que tu leliers et un million de soldats. La garnison du palais n'escommanderas, il en sortira une armée aussi nombreuse saya même pas de se défendre. Le roi arbora le drapeau que tu voudras. blanc et alla trouver Jeannot.

Jeannot, depuis que ses frères l'avaient si fort battu, était devenu ambitieux. Il prit la musette et donna la table. Le vieillard une fois parti, il se retrouva seul, en plein champ, et par-dessus le marché avec beaucoup d'appétit. Il commença à regretter sa table; il pensa tout à coup à sa musette. Une mauvaise idée lui vint. Il ouvrit la musette Deux cents hussards en avant! cria-t-il. Aussitôt, chevaux de hennir, sabre de résonner au flanc des cavaliers. Leur chef s'approcha de Jeannot et lui demanda poliment ce qu'il désirait.

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Jeannot réfléchit un instant. -Soit, dit-il.

Et il fit l'échange. Cinq minutes après, perverti par la fortune, il lançait trois cents uhlans à la poursuite de son hôte et rentrait en possession de la table.

Jeannot avait donc désormais trois talismans. Il reprit sa route et arriva dans la capitale. Lå il apprit que ses frères étaient devenus de gros richards et de très-grands seigneurs. Il salit et déchira ses vêtements afin d'avoir l'air d'un mendiant, et alla leur demander l'aumône. Ils le mirent à la porte, malgré les supplications de leur mère. Pourtant ils finirent par lui offrir l'hospitalité dans l'écurie. Jean ne dit rien; mais quand tout fut endormi, il fit sortir du sac un château, de la musette une compagnie pour le garder. Il dormit fort bien dans le château, et la table lui fournit un souper magnifique. Au matin, il fit tout disparaître, château et soldats.

Il passait les journées à ne rien faire; ses frères étaient fort intrigués; ils le presserent tant de questions, qu'il finit par leur raconter le secret de la table magique. Il les invita même à partager un repas qui laissait bien en arrière les meilleurs festins de la capitale. L'histoire de ce repas fit grand bruit; le roi lui-même entendit parler de la table magique. Curieux de goûter à la cuisine impériale, il envoya un de ses chambellans prier Jeannot de vouloir bien la lui prêter pendant trois jours.

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J'ai eu tort, lui dit-il, et je veux réparer ma faute. Voici ta table, et, par-dessus le marché, je te donne ma fille en mariage.

Le mariage eut lieu avec une grande pompe, et je laisse à penser si la table fournit à tous les conviés la cuisine impériale. Après le festin, Jeannot fit sortir de son sac un château merveilleux où il emmena sa jeune épouse. Le roi fut si étonné qu'il lui confia le sceptre et la couronne.

Voilà donc Jeannot roi à son tour, et quel roi! Heureusement il redevint plus juste: son bon naturel reprit le dessus. Il avait des troupes plus qu'aucun souverain n'en eut jamais; il élevait des châteaux à toutes ses frontières; sa table était la meilleure qu'on eût jamais connue. Ses frères en crevaient de dépit; pour les punir de leur dureté, il ne les rappela jamais auprès de lui; mais il traita fort bien sa mère, qui eut une belle et longue vieillesse. Au centre du palais, dans la chambre du trésor, étaient renfermés la table, le sac et la musette. Jeannot régna longtemps sous le nom de Jean I, et fut très-regretté de son peuple. Mais ses successeurs n'imitèrent pas son exemple : l'un d'entre eux eut même la sottise d'avoir honte des humbles origines de sa dynastie. Il relégua la table, le sac et la musette dans un caveau noir et humide. Il croyait pouvoir désormais se passer de ces talismans.

Il se trompait le royaume déclina de plus en plus ; un beau matin, le prince ingrat courut au caveau qui gardait les talismans. Hélas! la table s'était pourrie, de la musette il ne restait que les courroies, et du sac quelques chiffons que les rats étaient en train de grignoter! Ainsi finissent les plus belles choses de ce monde !

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Ce qui frappe d'abord dans les yeux des reptiles, c'est leur fixité. Les muscles qui chez nous dirigent le globe de l'œil et lui donnent sa prodigieuse mobilité, sont peu développés chez la plupart des reptiles.

En outre, leurs paupières sont lentes å se mouvoir. Les crocodiles et les tortues en possèdent trois comme les oiseaux. Chez les grenouilles et les crapauds, les deux premières paupières sont peu développées, c'est la troisième, celle que nous avons appelée membrane clignotante chez les oiseaux, qui sert presque seule à l'animal.

Les lézards n'ont, pour ainsi dire, qu'une paupière percée en son milieu d'une fente que l'animal peut élargir à

sa fantaisie. Cette fente est tellement petite chez le caméléon, qu'on ne lui voit que la prunelle.

Les serpents n'ont pas de paupière du tout; chez eux, l'œil est simplement recouvert d'une peau transparente et sèche. Il en résulte, dans le regard, une impassibilité qui fut peut-être la cause de leur réputation de sagesse. Ce regard n'est pourtant pas dépourvu d'expression. Ceux qui ont tenu dans leurs mains des vipères vivantes savent quels sentiments bas et haineux leurs yeux semblent indiquer, et combien est justifiée la locution regard de vipère.

L'iris des reptiles est le plus souvent d'un beau jaune d'or. La pupille est linéaire, comme celle du chat, chez le crocodile, et losangique chez les grenouilles. Elle est ronde chez la tortue, chez les lézards ordinaires et chez le caméléon.

Les yeux de ce dernier animal méritent de nous arrêter un instant. Ce sont de gros globes saillants sous la peau qui les recouvre entièrement, excepté au niveau de la pupille. Les caméléons jouissent de la propriété singulière de diriger leurs yeux dans des directions différentes, l'un regardant en haut, par exemple, tandis que l'autre regarde en bas.

nécessaire pour permettre la vue dans l'eau. La boule transparente qui constitue le cristallin s'applique exactement contre l'iris en avant, et n'est séparée que par un trèspetit intervalle de la rétine. Il en résulte que l'œil des poissons, au lieu de former un globe comme chez les mammifères, a une forme très-aplatie. Il est souvent maintenu dans cette forme par un cercle, soit cartilagineux, soit osseux, contenu dans la sclérotique, et assez semblable à celui que nous avons vu chez les oiseaux. Il y a même plusieurs poissons dont l'œil est enchâssé sur un pédicule osseux ; ce qui donne à ces yeux une grande force de résistance contre

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On sait que les caméléons changent de couleur pour adopter le plus souvent celle des objets sur lesquels ils sont placés. Cette propriété extraordinaire, que quelques autres reptiles et quelques poissons possèdent aussi, mais à un moindre degré, était déjà connue du temps d'Aristote. Les philosophes et les rhéteurs, qui comparaient au caméléon certains hommes doués d'un caractère trop facile, furent amenés à exagérer le pouvoir singulier de ce reptile bizarre.

Une expérience récente de M. Georges Pouchet montre que les yeux sont les premiers promoteurs de ces variations de couleur. Get expérimentateur ayant arraché les yeux à des caméléons et à différents poissons qui partagent avec eux la propriété de changer de teinte, ces animaux devinrent tout noirs, et ne quittèrent plus ce funèbre costume. Disons en passant qu'une expérience plus récente encore, présentée à l'Institut, au mois de janvier 1875, par un de nos jeunes savants les plus éminents, M. Paul Bert, est venue compléter celle de M. Pouchet, en prouvant que si les yeux sont les premiers incitateurs du changement de couleur, le système nerveux est aussi un agent essentiel de ce phénomène. M. Bert ayant coupé sur des caméléons le nerf qui animait des membres, cette partie de l'animal devint et resta noire.

Dans l'oeil des poissons, comme dans celui des serpents, les paupières sont remplacées par une peau transparente, qui descend au-devant de la cornée en y adhérant. Cette absence de paupières n'est pourtant pas générale à tous les poissons, car le requin a une paupière, et la raie présente un rudiment de membrane clignotante.

La pupille des poissons est à peu près contractile. Leur cristallin est sphérique; nous savons que cette formé est

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qui sont à chaque côté de la tête, quoique présentant chacun une cornée et une pupille distinctes, n'ont à eux deux qu'un cristallin et qu'une rétine, et sont constitués en somme par un seul ceil dont la pupille et la cornée se sont dédoublées.

On a remarqué que les poissons voyageurs ont l'œil plus fin que ceux qui ne quittent point le rivage où ils sont nés; qu'au contraire, les poissons qui vivent dans la bourbe ont un œil très-imparfait et quelquefois même absent. Telles sont la myxine et l'aptérichte décrites par M. Duméril. Ces poissons sont absolument aveugles, et pourtant ils ont conservé des rudiments d'yeux; ce sont deux points noirs cachés sous la peau comme pour indiquer simplement la place des yeux.

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