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Juftin. 1.

18. c. 2.

Ibid.

gnoient pas moins qu'il ne paffat en Sicile. On ajouta aux conditions des traités précédens, qu'en cas de guerre de la part de Pyrrhus, les deux peuples fe préteroient mutuellement du fecours.

La prévoiance des Romains n'avoit pas été vaine. Pyrrhus tourna fes armes contre l'Italie, & y remporta plufieurs victoires. Les Carthaginois, en conféquence du dernier traité fe crurent obligés de fecourir les Romains, & leur envoierent une flote de fixvingts vaiffeaux, commandée par Magon. Ce Général, aiant été admis à l'audience du Sénat, lui marqua la part que fes maîtres prenoient à la guerre qu'ils avoient appris qu'on leur fufcitoit, & il leur offrit fes fervices. Le Sénat témoigna fa reconnoiffance pour la bonne volonté des Carthaginois, mais pour le préfent n'accepta point leur fecours.

Magon, quelques jours après, fe tranfporta près de Pyrihus, fous prétexte de pacifer fes différens au nom des Carthaginois, mais en effet pour le fonder, & pour preffentir fes deffeins au fujet de la Sicile, où le bruit commun étoit qu'il avoit réfolu de

paf

paffer. Ils craignoient également que Pyrrhus, ou les Romains, ne priffent connoiffance des affaires de cette île, & n'y fiffent paffer des troupes.

En effet, les Syracufains, affiegés depuis quelque tems par les Carthaginois, avoient envoié députés fur députés vers Pyrrhus, pour le presser de venir à leur fecours. Ce Prince avoit une raison particuliere de prendre les intérêts de Syracufe, aiant époufé Lanaifa fille d'Agathocle, dont il avoit eu un fils nommé Alexandre. Il partit enfin, de Tarente, paffa le détroit, & entra en Sicile. Ses conquêtes d'abord y furent fi rapides, qu'il ne refta dans toute l'île aux Carthaginois qu'une feule ville, qui étoit Lilybée. Il en forma le fiege, mais il fut bientôt obligé de le lever, tant il y trouva de réfiftance; & d'ailleurs on le preffoit de retourner en Italie, où fa préfence étoit abfolument néceffaire. Elle ne l'étoit pas moins en Sicile, & dès qu'il en fut forti, elle retourna à fes anciens maîtres. Ainfi il perdit cette ile avec au- Plut. in tant de rapidité qu'il l'avoit conqu fe. Pyrrb. Quand il fe fut embarqué, tournant pag. 398. les

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les yeux vers la Sicile: a Oh! le beau champ de bataille, dit-il à ceux qui étoient autour de lui, que nous laiffons là aux Carthaginois aux Romains! Et fa prédiction fe vérifia bientôt.

Après fon départ, la premiere magiftrature de Syracufe fut déférée à Hiéron; & dans la fuite on lui accorda d'un commun confentement le nom & l'autorité de Roi, tant on fe trouvoit bien fous fon gouvernement. Il fut chargé de la guerre contre les Carthaginois, & remporta fur eux plufieurs avantages. Mais des intérêts communs réunirent les Carthaginois & les Syracufains contre un nouvel ennemi qui commençoit à paroitre en Sicile, & qui leur donnoit aux uns & aux autres de vives & de justes allarmes c'étoient les Romains, qui, débaraffés de tous les ennemis qu'ils avoient eu à combattre jufques - là · dans l'Italie même, fe virent enfin en: état

4 ὅταν ἀπολείπομεν, ὦ φίλοι, Κάρ χηδονίους και Ρωμαίοις παλαίς ραν.

les

Le mot grec eft beau. En effet la Sicile fut : comme une palestre où les Caribaginois Romains s'exercerent dans le métier de la guer re, & femblerent pendant plufieurs années luter les uns contre les autres.

état de porter leurs armes au dehors, & d'y jetter les fondemens de cette vafte domination, dont il est vraisemblable que dès lors ils avoient conçu l'idée & formé le projet. La Sicile étoit trop à leur bienféance, pour ne pas fonger à s'y établir. Ils faifirent avidement une occafion favorable d'y paffer qui fe préfenta pour lors à eux, & qui caufa leur rupture avec les Carthaginois & donna lieu à la premiere guerre Punique. C'est ce que nous expoferons plus au long, en raportant les caufes de cette guerre.

CHAPITRE

SECOND.

HISTOIRE DE CARTHAGE,

Depuis la premiere guerre Punique
jufqu'à fa deftruction.

LE

E PLAN que je me fuis propofé ne me permet pas d'entrer dans un détail exact des guerres entre Rome & Carthage, ce qui appartient plutôt à l'hiftoire Romaine, à laquelle je n'ai point de fein de toucher, fi ce n'eft en paffant & par occafion. Je n'en raporterai donc que ce qui me paroitra le plus propre à donner une jufte

idée de la République dont j'entreprends de parler, en m'arrêtant principalement fur ce qui regarde les Carthaginois mêmes, & fur ce qui s'est paffé de plus important en Sicile, en Efpagne, & en Afrique, ce qui ne laiffe pas d'avoir une affez grande étendue. J'ai déja remarqué que depuis la premiere guerre Punique jufqu'à la deftruction de Carthage, il s'étoit écoulé cent dix-huit ans. Tous ce tems peut fe divifer en cinq parties, ou cinq intervalles.

I. La premiere guerre Punique dure vingt-quatre ans.

II. L'intervalle entre la premiere & la feconde guerre Punique eft auffi de vingt-quatre

ans.

III. La feconde guerre Punique dure dix-fept ans.

IV. L'intervalle entre la feconde & la troifiéme eft de quarante-neuf ans.

V. La derniere guerre Punique terminée par la deftruction de Carthage, ne dure que quatre ans & quelques mois.

24.

24.

17.

49.

4.

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