Page images
PDF
EPUB

IMPRIMERIE GÉNÉRALE DE CH. LAHURE

Ruc de Fleurus, 9, à Paris

DE

LA BRUYERE

NOUVELLE ÉDITION

REVUE SUR LES PLUS ANCIENNES IMPRESSIONS

ET LES AUTOGRAPHES

ET AUGMENTÉE

de morceaux inédits, des variantes, de notices, de notes, d'un lexique des mots
et locutions remarquables, d'un portrait, d'un fac-simile, etc.

PAR M. G. SERVOIS

TOME PREMIER

PARIS

LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET C

BOULEVARD SAINT-GERMAIN, N° 77

1865

[subsumed][merged small][graphic][merged small]

Il y a de bonnes éditions de la Bruyère, il n'en est pas de parfaite. Plus d'une fois déjà les admirateurs des Caractères ont cru tenir entre leurs mains, sinon l'édition vraiment définitive, du moins celle qui leur apportait un texte désormais immuable en ses moindres détails, accompagné de toutes les variantes, sans exception, qui ont marqué le travail incessant de l'auteur sur sa pensée et sur son style. Mais qui eût pu se flatter, dès la première ou la seconde tentative, de saisir à travers neuf réimpressions, trop souvent incorrectes, les retouches innombrables que faisait la Bruyère d'une édition à l'autre, et parfois même pendant le tirage d'une même édition? Walckenaer le premier les avait patiemment recueillies, initiant ainsi les lecteurs à certains secrets de composition et à plus d'un scrupule de style et de grammaire de l'auteur des Caractères; M. Destailleur a recommencé, et peut-être par deux fois, la même collation minutieuse, non sans profit pour ses deux éditions; nous l'avons reprise à notre tour, avec le désir, nous n'osons dire avec l'espoir, de ne plus rien laisser à glaner derrière nous. La Bruyère n'a publié qu'un livre, et ce livre

LA BRUYÈRE. I

A

immortel l'a placé au premier rang des moralistes et des écrivains. Dans ses réflexions d'un travail si achevé et d'un art si parfait, tous les tours, tous les mots ont leur prix, et chacune des formes qu'a successivement reçues sa pensée méritait d'être notée exactement quelque scrupuleux que soit à cet égard le soin des éditeurs, nous pensons qu'on ne saurait le trouver excessif.

La préparation du texte est ici toutefois la tâche la plus aisée, bien qu'elle soit la plus importante. Si nombreux qu'aient été les commentateurs, tous les passages des Caractères ne sont pas encore éclaircis. La Bruyère a écrit son livre, il l'a du moins achevé, lui-même le dit1, en vue de la postérité; mais comme c'est tout d'abord pour ses contemporains et d'après eux qu'il a composé le tableau des mœurs du siècle, on y rencontre la mention de tel nom, tel événement, tel usage qui, jadis connus de tous, appellent aujourd'hui une explication que les éditeurs ont souvent omis de nous donner.

Si Walckenaer, pour ne parler en ce moment que de sa précieuse édition, la première des éditions critiques des Caractères qui aient paru de notre temps et la plus complète que nous ayons encore, néglige d'annoter les noms écrits en toutes lettres, parfois même en capitales, s'il ne prend guère le temps de s'arrêter aux allusions que la Bruyère fait ouvertement, avec l'intention que chacun les entende, c'est que, se préoccupant tout particulièrement d'une tâche moins facile encore, de celle qui est la plus délicate, et par suite la plus attrayante

I. Voyez la Préface des Caractères, ci-après, p. 111.

« PreviousContinue »