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Polyb. 1.17

P. 764.767.
Id. 12.

Je les laiffe aux réfléxions du Lecteur, & je me contente d'avertir que cet exemple eft une grande leçon pour les particuliers mêmes, qui leur apprend le cas qu'ils doivent faire d'un bon maître, & le foin empreffé qu'ils doivent apporter pour en trouver un excellent: (a) car un fils tient lieu à chaque pere d'un Alexandre. Il paroît que Philippe (6) mit de bonne heure * Ariftote auprès de ton fils, perfuadé que le fuccès des études dépend des commencemens, & que le plus habile homme ne l'eft pas trop pour bien enseigner les principes.

Defcription de la Phalange Macédonienne.

que

LA Phalange (c) Macédonienne étoit un 14. lib. 2. corps d'infanterie, compofé de feize mille pag. 664. hommes péfamment armés, & l'on Elian, de avoit coutume de placer au centre de la bataille. Outre l'épée, ils avoient pour armes un bouclier & une pique, appellée par les Grecs Sariffe. Cette pique avoit

inftruend.

acieb.

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(a) Fingamus Alexandrum dari nobis impofitum gremio, dignum tantâ curâ infantem : ( quanquam fuus cuique dignus eft. ) Quintil lib. 1. cap. 1.

fectiffimo quoque tractari, pertinere ad fummam credidiffet? Quintil. ibid.

* Denys d'Halicarnaffe femble marquer qu' Ariftote ne fut pas fi-tôt appellé auprès d'Alexandre.

(b) An Philippus Macedonum Rex Alexandro fiiio (c) Decem & fex millia fuo prima litterarum ele- Peditum more Macedonum menta tradi ab Ariftotele armati fuêre, qui Phalanfummo ejus ætatis philo-gitæ appellabantur. Hæc mefopho voluiffet aut ille dia acies fuit in fronte, in fufcepiffet hoc officium, fi decem partes divifa. Tit. non ftudiorum initia à per- Liv. lib. 37. n. 40.

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quatorze

quatorze coudées de longueur, c'est-àdire, vingt & un pieds: car la coudée eft d'un pied & demi.

La Phalange fe divifoit ordinairement en dix corps, dont chacun étoit compofé de feize cens hommes, rangés fur cent de front, & leize de profondeur. Quelquefois on doubloit ou on dédoubloit ce der nier nombre, felon l'exigence des cas, de forte que la Phalange n'avoit quelquefois que huit de profondeur, & d'autres fois en avoit trente-deux. Mais fa profondeur or dinaire & réglée étoit de feize.

L'efpace qu'on laiffoit à chaque foldat dans les marches, étoit de fix pieds, ou, ce qui eft la même chofe, de quatre coudées, & les rangs étoient auffi à fix pieds l'un de l'autre. Quand on menoit la Phalange contre l'ennemi, pour l'attaquer, le foldat n'occupoit que trois pieds, & les rangs fe rapprochoient à proportion. Enfin, quand il s'agiffoit de recevoir feulement l'ennemi, & de lui réfifter, la Phalange fe preffoit encore davantage, & chaque foldat n'occupoit qu'un pied & demi.

On voit aisément par-là l'efpace diffé rent qu'occupoit dans ces trois cas le front de la Phalange, en la comptant de feize mille hommes fur feize de profondeur, ce qui fuppofe qu'elle avoit mille hommes de front. Cet efpace, dans le premier cas, étoit de fix mille pieds, ou de mille toifes, qui font dix ftades, c'est-à-dire, une de Tome VI,

B

ni-lieue. Dans le fecond cas, cet efpace diminuoit de la moitié, & ne tenoit que Cing flades, cinq cens toifes. Et dans le troifieme, il diminuoit encore d'une autre moitié & ne

Deux ftades. &demi.

tenoit

que deux cens cinquante toifes. Polybe examine la Phalange dans le cas où elle marche contre l'ennemi pour l'attaquer. Chaque foldat pour lors occupoit trois pieds en largeur, & autant en profondeur. Nous avons vû que la pique dont il étoit armé avoit quatorze coudées de long. L'efpace entre les deux mains, & cet qui débordoit de la pique au delà de la droite, en occupoit quatre. Par conséquent la pique s'avançoit de dix coudées au delà du corps de celui qui la portoit. Cela pofé, la pique des foldats placés au cinquieme rang, que j'appellerai les cinquiemes, & ainfi du refte, paffoit le premier rang de deux coudées, celle des quatriemes de quatre, celle des troifiemes de fix, celle des feconds de huit, enfin la pique des premiers s'avançoit de dix coudées vers l'ennemi.

On conjecture aifément combien la Phalange, cette groffe & lourde machine, hériffée de piques comme on vient de le voir, devoit avoir de force quand elle s'ébranloit tout enfemble pour attaquer l'ennemi piques baiffées, & pour tomber fur lui de tout fon poids. Les foldats placés au delà du cinquieme rang tenoient leurs pigues élevées en haut mais un peu in clinées fur les rangs qui les précédoient

formant par-là une espèce de toît qui, fans parler de leurs boucliers, les défendoit julqu'à un cetain point contre les traits qu'on leur lançoit de loin.

Les foldats placés dans tous les autres rangs qui fuivoient le cinquieme, ne pouvoient à la vérité combattre contre l'ennemi, ni l'atteindre de leurs piques: mais ils ne laiffoient pas d'être d'un grand fecours dans l'action à ceux qui les précédoient. Car les foutenant par derriere de tout le poids de leurs corps, & appuyant, contre le dos ils ajoutoient une force & une impétuofité extraordinaire à leur irruption contre l'ennemi; ils leur donnoient une fermeté & une confiftance immobile pour réfifter à l'attaque; & en même tems ils leur ôtoient tout moyen & toute efpérance de fuir en arriére : de forte qu'il falloit néceffairement ou vaincre ou périr.

Auffi Polybe avoue que tant que la Phalange confervoit fon état & fon arrange ment de Phalange, c'est-à-dire, tant que les foldats & les rangs demeuroient ferrés comme on l'a dit, il n'étoit pas poffible, ni de foutenir fon effort, ni de l'enfoncer & de la rompre. Et il le démontre d'une maniere fenfible. Les foldats Romains dit-il, (car c'eft eux qu'il compare avec les Grecs dans l'endroit dont il s'agit ) occupent chacun dans une bataille trois pieds. Et comme ils ont beaucoup de mouvement à faire, foit pour porter leurs boucliers à droite & à gauche en fe défendant, foit

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Liv. lib. $2. n. 17.

pour frapper d'eftoc & de taille avec leurs épées, on ne peut laiffer entr'eux moins d'intervalle que trois pieds. Ainfi chaque foldat Romain occupe fix pieds, c'eft-àdire, le double d'efpace d'un * Phalangite, & par conféquent en a feul en tête deux du premier rang, & par conféquent auffi dix piques à foutenir, felon ce qui a été dit ci-devant. Or un feul foldat ne peut ni brifer dix piques, ni les enfoncer.

C'eft ce que Tite-Live marque bien clairement en peu de mots, en décrivant comment dans le fiége d'une ville, les Romains furent repouffés par les Macédoniens qui avoient formé leurs rangs à la maniere de la Phalange. (a) Le Conful, dit-il, fit marcher fes cohortes, pour enfoncer, s'il fe pouvoit, la Phalange des Macédoniens. Quand ceux-ci, ferrés l'un contre l'autre, eurent avancé devant eux leurs longues piques, les Romains ayant inutilement lancé leurs javelots contre les Macédoniens, que leurs boucliers extrêmement

On a remarqué aupara-longitudinis præ fe Maceyant que le Phalangite n'or dones objeciffent, velut in cupe que trois pieds quand il constructam denfitate cly marche contre l'ennemi, & peorum teftitudinem, Rola moitiémoins quand ill'at mani pilis nequicquam tend. Dans ce dernier cas un emiffis cùm ftrinxiffent feul foldat Romain avoit gladios; neque congredi vingt piques à foutenir. propiùs, neque præcidere (a) Cohortes invicem fub haftas poterant ; &, fi quam fignis, quæ cuneum Mace- incideffent aut præfregis→ donum (Phalangem ipfi gent, haftile fragmento ipvocant) fi poffent, vi per- o acuto inter fpicula inrumperent, emittebat....tegrarum haftarum, vėlus Ubi conferti haftas ingentis vallum explebar.

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