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gna des frontieres de Macédoine.

Nous verrons bientôt cette même Macédoine, autrefois tributaire d'Athénes devenir fous Philippe l'arbitre de la Grece, & fous Alexandre triompher de toutes les forces de l'Afie.

Diod. l. 14.

Amynthas, pere de Philippe, commença AN.M. 3606. à régner la troifieme année de l'Olympiade Av.J.C. 398. XCVI. Dès l'année fuivante, attaqué vi- p. 307. & vement par les Illyriens, & dépouillé d'une 341. grande partie de fon Royaume qu'il n'efpéroit prefque plus de pouvoir jamais recouvrer, il avoit eu recours aux Olynthiens, & pour fe les attacher davantage, leur avoit cédé une affez grande étendue de terres qu'il poffédoit dans le voisinage de leur ville. Quelques uns prétendent qu'Argée, qui étoit de la race royale, foutenu par les Athénens, & profitant des troubles qui s'étoient élevés dans la Macédoine, y régna pendant deux ans. Amyntas fut rétabli fur le trône par les Theffaliens. Pour lors il voulut rentrer en pof- AN. M. 3621. feffion des terres que le feul mauvais état Av.J.C.383. de fes affaires l'avoit obligé de céder aux Olynthiens. Ce fut une occafion de guerre. Il n'étoit pas en état de la foutenir feul contre un peuple fi puiffant. Les Grecs, & fur-tout les Athéniens, lui envoyerent du fecours, & l'aiderent à rabattre la puiffance d'Olynthe, qui le menaçoit d'une ruine totale & prochaine. Ce fut pour lors Efchin. de qu'Amyntas, dans une affemblée des Grecs faif. legat. où il avoit envoyé fon Député, s'engagea P. 400,

AN. M. 3621.
Av. J. C. 383.

AN. M.3629.

à fe joindre à eux pour rendre maîtres d'Amphipolis les Athéniens, à qui il déclara qu'elle appartenoit de droit. Cette liaifon étroite dura encore après la mort avec la Reine Eurydice fa veuve, comme on le verra bientôt..

Philippe, l'un des fils d'Amyntas, vint au monde la même année que ce Prince déclara la guerre aux Olynthiens. C'est le pere d'Alexandre le Grand : car on ne peut mieux le définir que par un tel fils, com me (a) Cicéron le dit du pere de Caton d'Utique.

Amyntas mourut, après avoir régné Av. J.C 375 vingt-quatre ans. Il laiffà trois enfans légiDiod. p. 373 Juftin. lib. times, qu'il avoit eus d'Eurydice, Alexandre, Perdiccas, & Philippe ; & un fils naturel, appellé Ptolémée.

7. cap.4.

AN. M: 3630.

Alexandre par le droit d'aîneffe, fuc-. céda à fon pere. Il eut dès le commence-. ment de fon regne, une rude guerre à ef fuyer contre les Illyriens, voifins & ennemis perpétuels de la Macédoine. S'étant accommodé avec eux par un traité de paix, il remit entre leurs mains pour ôtage Philippe fon frere cadet, encore enfant, qui lui fut bientôt renvoyé. Alexandre ne ré gna qu'un an.

Le Trône appartenoit de droit à Perdic-. Av.J.C. 374. cas fon frere, devenu l'aîné par fa mort

(4) M. Cato, fententiam lumen illud progenuit, ex dixit, hujus noftri Cato-filio eft nominandus. De nis pater. Ut enim cæteri Offic. lib, 3 n, 66, es patribus, fic hic, qui };

399-400.

mais Paufanias, Prince de la famille Efchin..de royale, qui avoit été exilé, le lui difputa, fal legat. p. & il étoit foutenu par un grand nombre. de Macédoniens. Il commença par s'empa rer de quelques places fortes. Heureufement. pour le nouveau Roi, Iphicrate pour lors fe trouva dans cette contrée, où les Athéniens l'avoient envoyé avec une petite flotte, non encore pour Affiéger Amphipolis, mais pour reconnoître les lieux, & préparer tout ce qui étoit néceffaire pour ce fiege. Eurydice ayant appris fon arrivée, le pria de venir chez elle, dans le deffein d'implorer fon. fecours contre Paufanias.. Quand il fut entré dans le palais, & qu'il fe fut affis, cette Reine défolée, pour émouvoir davantage fa pitié, prend fes deux enfans, Perdiccas &* Philippe; met *Philippe Le premier entre les bras, & l'autre fur les alors n'avort genoux d'Iphicrate, & pour lors lui tient pas moins de neuf anse ce difcours : « Iphicrate, fouvenez-vous » qu'Amynthas, pere de ces malheureux or- »phelins, aima toujours votre patrie, & vous adopta pour fon fils. Ce double lien vous impofe une double obligation. L'amitié de ce. Roi pour Athénes veut que » vous nous reconnoiffiez publiquement » pour vos amis; & la tendreffe de ce pere pour votre perfonne, vous demande un coeur de frere pour ces jeunes Princes. » Iphicrate, touché du fpectacle & du dif cours, chaffa l'Ufurpateur, & rétablit le Souverain légitime.

Plet. in

292.

Perdiccas ne fut pas long-temps tran

*

Perop. pag. quille. Un nouvel ennemi, plus redoutable encore que le premier, troubla bientôt fon repos : c'étoit Ptolémée fon frere, que nous avons dit être fils naturel d'Amyntas. Peut-être étoit-il l'aîné, & prétendoit-il qu'en cette qualité il devoit régner. Les deux freres s'en rapporterent au jugement de Pélopidas, Général des Thébains, plus respecté encore pour fa probité que pour fa bravoure. Il prononça en faveur de Perdiccas, & ayant cru devoir prendre des affurances de côté & d'autre pour faire obferver les articles du traité accepté par les deux Concurrens, entre les autres ôtages, il emmena avec lui Philippe à ( a ) Thebes, où il demeura pendant plufieurs années. Il avoit alors dix ans. Eurydice, en quittant ce cher enfant, recommanda inftamment à Pélopidas de lui procurer une éducation digne de fa naiffance, & digne de la ville où il alloit être conduit. Il le remit entre les mains d'Epaminondas, qui avoit chez lui un célebre Pythagoricien pour élever fon fils. Philippe profita bien des leçons de ce Philofophe, & encore plus de celles

Plutarque fu pofe que ee fut Alexandre à qui Pto. lémée difputa l'Empire, ce qui ne peut s'accorder avec le récit d'Efchine, qui étant contemporain, eft plus di gne de foi. J'ai donc cru pouvoir fubftituer Perdiccas à Alexandre.

(a) Thebis triennio ob

les habitus, prima pueritia rudimenta in urbe leveri tatis antiquæ, & in domo Epaminonda fummi & phi lofophi & imperatoris, depofuit. Juftin. lib. 7. cap. 5. Philippe demeura à Thèbes, non trois ans feulement, mais neuf ou dix.

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d'Epaminondas qu'il accompagna fans doute dans quelques campagnes, quoiqu'il n'en foit point parlé. Il ne pouvoit avoir un plus excellent maître, foit pour le métier de la guerre, foit pour la conduite de la vie car cet illuftre Thébain étoit en même-temps, & grand Philofophe, c'est-àdire, homme fage & vertueux, & grand Capitaine, & grand homme d'Etat. Phi- . lippe fe faifoit honneur d'avoir été fon difciple & fon éleve, & fe le propofoit pour modéle; heureux, s'il avoit fçû le copier parfaitement! Peut-être prit-il de lui fon activité à la guerre, & fa promptitude à profiter des occafions, ce qui n'étoit qu'une petite partie du nérite de ce grand perfonnage: mais pour fa tempérance, fa juftice, fon défintéressement, fa bonne foi, fa magnanimité, fa clémence, qui le rendoient véritablement grand, c'étoient des vertus que Philippe n'avoit point reçues de la n ture, & qu'il n'acquit point par l'imnitation.

Thebes ne fçavoit pas alors qu'elle for

moit & nourriffoit dans fon fein le plus Diod. tit. dangereux ennemi de la Grece. Après qu'il 16.p 407. y eut paffé neuf ou dix ans, la nouvelle Juftin. 1.7. d'une révolution arrivée en Macédoine lui cap. s. fit prendre la réfolution de fortir furtivement de Thébes. Il fe dérobe, il accourt, trouve les peuples confternés d'avoir perdu leur Roi Perdiccas, tué dans un grand combat contre les Illyriens, & plus encore de fe voir autant d'ennemis que de voifins

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