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logne pour y faire élire son frère Ferdinand roi des Romains.

Ferdinand est élu, le 5 janvier, par tous les électeurs, excepté par celui de Saxe, Jean le Constant, qui s'y oppose inutilement.

Alors les princes protestants et les députés des villes luthériennes s'unissent dans Smalcalde, ville du pays de Hesse. La ligue est signée au mois de mars pour leur défense commune. Le zèle pour leur religion, et surtont la crainte de voir l'Empire électif devenir une monarchie héréditaire, furent les motifs de cette ligue entre Jean duc de Saxe, Philippe landgrave de Hesse, le duc de Wirtemberg, le prince d'Anhalt, le comte de Mansfeld, et les villes de leur communion.

(1531) François Ier, qui faisait brûler les luthériens chez lui, s'unit avec ceux d'Alle magne, et s'engage à leur donner de prompts secours. L'empereur alors négocie avec eux: on ne poursuit que les anabaptistes qui s'etaient établis dans la Moravie. Leur nouvel apôtre Hutter, qui allait faire partout des prosélytes, est pris dans le Tirol et brûlé dans Inspruck.

Ce Hutter ne prêchait point la sédition et le carnage, comme la plupart de ses prédé cesseurs, c'était un homme entêté de la simplicité des premiers temps; il ne voulait pas même que ses disciples portassent des armes; il prêchait la réforme et l'égalité, et c'est pourquoi il fut brûlé.

Philippe, landgrave de Hesse, prince qui méritait plus de puissance, et plus de fortune, entreprend le premier de réunir les sectes séparées de la communion romaine; projet qu'on a tenté depuis inutilement, et qui eût pu épargner beaucoup de sang à l'Europe. Martin Bucer fut chargé, au nom des sacramentaires, de se concilier avec les luthériens. Mais Luther et Melancthon furent inflexibles, et montrèreut en cela bien plus d'opiniâtreté que de politique.

Les princes et les villes avaient deux objets, leur religion, et la réduction de la puissance impériale dans des bornes étroites: sans ce dernier article il n'y eût point eu de guerre civile. Les protestants s'obstinaient. à ne vouloir point reconnaître Ferdinand pour roi des Romains.

(1532) L'empereur, inquiété par les protestants et menacé par les Turcs, étouffe pour quelque temps les troubles naissants, en accordant dans la diète de Nuremberg, au mois de juin, tout ce que les protestants demandent, abolition de toutes procédures contre eux, liberté entière jusqu'à la tenue d'un concile; il laisse même le droit de Ferdinand, son frère, indécis.

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On ne pouvait se relâcher davantage. C'était aux Turcs les luthériens devaient

cette indulgence.

que

La condescendance de Charles anima les protestants à faire au-delà de leur devoir. Ils lui fournissent une armée contre Soliman ;

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ils donnent cent cinquante mille florins pardelà des subsides ordinaires. Le pape, de son côté, fait un effort; il fournit six mille hommes et quatre cent mille écus. Charles fait venir des troupes de Flandre et de Naples. On voit une armée composée de plus de cent mille hommes de nations différentes dans leurs mœurs, dans leur langage, dans leur culte, animées du même esprit, marcher contre l'ennemi commun. Le comte palatin, Philippe, détruit un corps de Turcs qui s'était avancé jusqu'à Gratz en Stirie. On coupe les vivres à la grande armée de Soliman, qui est obligée de retourner à Constantinople. Soliman, malgré sa grande réputation, parut avoir mal conduit cette campagne. Il fit à la vérité beaucoup de mal, il emmena près de deux cent mille esclaves: mais c'était faire la guerre en tartare, et non en grand capitaine.

L'empereur et son frère, après le départ des Turcs, congédient leur armée. La plus grande partie était auxiliaire et seulement pour le danger présent. Il ne resta que peu de troupes sous le drapeau. Tout se faisait alors par secousses: point de fonds assurés pour entretenir long-temps de grandes forces, peu de desseins long-temps suivis. Tout consistait à profiter du moment. CharlesQuint alors fit la guerre, qu'on faisait pour lui depuis si long-temps, car il n'avait jusque-là vu que le siège de la petite ville de

Mouzon, en 1521; et n'ayant eu depuis que du bonheur, il voulut y joindre la gloire. (1533) Il retourne en Espagne par l'Ita lie, laissant au roi des Romains, son frère, le soin de contenir les protestants.

A peine est-il en Espagne, que sa tante Catherine d'Arragon est répudiée par le roi d'Angleterre, et son mariage déclaré nul par l'archevêque de Canterburi, Crammer. Clément VII, qui craignait toujours CharlesQuint, ne peut se dispenser d'excommunier Henri VIII.

Le Milanais tenait toujours au cœur de François Ier. Ce prince voyant que Charles est paisible; qu'il n'a presque plus de troupes dans la Lombardie; que François Sforze, duc de Milan, est sans enfants, essaie de le, détacher de l'empereur. Il lui envoie un ministre secret, Milanais de nation, nommé Maraviglia, avec ordre de ne point prendre de caractère, quoiqu'il ait des lettres de

créance.

Le sujet de la commission de cet homme est pénétré. Sforze, pour se disculper auprès de l'empereur, suscite une querelle à Maraviglia. Un homme est tué dans le tumulte et Sforze fait trancher la tête au ministre du roi de France qui ne peut s'en venger.

Tout ce que peut faire François Ier, pour se ressentir de tant d'humiliations et de sanglants outrages, c'est d'aider en secret le duc de Wirtemberg, Ulric, à rentrer dans son duché et à secouer le joug de la mai

son d'Autriche. Ce prince protestant attendait son rétablissement de la ligue de Smal calde et du secours de la France.

Les princes de la ligue eurent assez d'autorité pour faire décider, dans une diète à Nuremberg, que Ferdinand, roi des Romains, rendrait le duché de Wirtemberg dont il s'était emparé. La diète en cela se conformait aux lois. Le duc avait un fils, qui du moins ne devait point être puni des fautes de son père; Ulric n'avait point été coupable de trahison envers l'Empire, et par conséquent ses états ne devaient point être enlevés à sa postérité.

Ferdinand promit de se conformer au recès de l'Empire, et n'en fit rien. Philippe, landgrave de Hesse, surnommé alors à bon droit le Magnanime, prend les intérêts du duc de Wirtemberg; il va en France emprunter du roi cent mille écus d'or, lève une armée de quinze mille hommes, et rend le Wirtemberg à son prince.

Ferdinand y envoie des troupes commandées par ce même comte palatin, Philippele-Belliqueux, vainqueur des Turcs.

Philippe de Hesse le Magnanime bat Philippe-le-Belliqueux. Alors le roi des Romains entre en composition.

Le duc Ulric fut rétabli; mais le duché de Wirtemberg fut déclaré fief masculin de l'archiduché d'Autriche; et comme tel, il doit retourner, au défaut d'héritiers males, à la maison archiducale.

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