Page images
PDF
EPUB

terrains primitifs et en terrains secondaires, divisions qui sont une des bases de la géognosie et de la géologie, par conséquent (1). »

On sait que M. Poisson attribue les variations de la température terrestre, dont parlent les plutoniens, au déplacement de notre système solaire qui, dans son mouvement révolutif autour du centre de gravité qu'il a de commun avec d'autres systèmes solaires ou stellaires, s'approche ou s'éloigne de certaines constellations (2). Cette idée a ses vraisemblances. En l'insérant dans les Annales de chimie et de physique, M. Arago annonce qu'il publiera des arguments invincibles contre. Ceci confirme ce que nous disions tout à l'heure, que la géologie, dans ses spéculations, ne vit encore que de conjectures, quoique, par d'infatigables recherches, elle s'enrichisse chaque jour de vérités isolées, qui plus tard sans doute l'élèveront au rang de science. Mais il lui reste encore prodigieusement à faire, et ses progrès sont loin d'égaler son importance.

« La géologie, dit M. Herschel, attendu la grandeur et la beauté des objets dont elle s'occupe, doit être placée dans l'échelle des sciences immédiatement après l'astronomie. Comme l'astronomie,

(1) Hist. des sciences naturelles, part. 2o, leçon XIX. (2) Ann, de chimie et de physique, t. LXIV, p. 337.

elle ne marche, elle n'avance qu'à l'aide des observations qu'ont accumulées les siècles. Mais ici se borne l'analogie; car, considérée dans toute son étendue, c'est au plus si l'on peut dire que les observations qui lui servent de base sont ébauchées. Il y a néanmoins entre elles une différence qui est tout à l'avantage de la dernière. On ne peut dans l'astronomie faire revivre le passé, ni anticiper sur l'avenir; l'observation est par conséquent bornée à un simple fait et à un instant unique. Dans la géologie au contraire, les faits sont toujours subsislants; on peut les examiner, les réexaminer encore, les étudier chaque fois qu'on le veut, et ils n'exigent pour livrer toutes les indications qu'ils renferment, que d'être interrogés avec persévérance, avec discernement. Il n'y a malheureusement qu'une bien petite partie du globe qui ait été examinée en détail avec soin. Cette petite partie n'a même été étudiée que dans son écorce; car on ne peut considérer que comme des égratignures les excavations qui ont été faites, puisque les mines les plus profondes qui aient été percées, ne s'étendent pas à la dix-millième partie de la distance qui sépare la surface du centre de la terre. Les indications déduites d'un examen si limité, ne peuvent naturellement être considérées que comme provisionnelles, si ce n'est cependant dans des cas remarquables où les grandes formations se présentent,

[ocr errors]

sans exception, dans le même ordre, sur des points fort éloignés. Il n'en peut néanmoins longtemps être ainsi. L'esprit de suite avec lequel on se livre depuis quelques années à ces recherches a amené les plus heureux résultats, et conduit à une foule de découvertes surprenantes et inattendues. L'investigation en est devenue plus vive, plus animée. On a étudié l'Angleterre, les continents, les îles; on a interrogé jusqu'à l'Inde, et partout on a recueilli des renseignements précieux. Il est à désirer que les gouvernements donnent toutes les facilités, tous les encouragements possibles aux recherches, aux tentatives qui se font dans les diverses branches des sciences. C'est le seul moyen de perfectionner les notions que nous avons sur l'état actuel de la surface du globe, sur celui des animaux, des végétaux, des mers, des continents anciens. C'est aussi le seul qui puisse compléter les connaissances que nous possédons sur ceux qui existent aujourd'hui, sur l'influence que les changements de climats, de nourriture, etc., produisent sur eux (1). »

Par la géologie l'homme apprendrait, non-seulement à mieux plier les éléments à son service, mais à connaître plus clairement les rapports de sa destinée avec la nature physique de cette partie

(1) Disc. sur l'étude de la phil. naturelle, art. 323 et 324.

de l'univers où il est placé. Nu! doute que dans la chute originelle, il n'ait entraîné avec lui tout ce qui l'environnait. Comme lui, la terre, les plantes, les animaux sont tombés, chacun à leur manière. Voilà probablement ce que veut indiquer saint Paul, lorsqu'il dit que toute créature gémit, omnis creatura ingemiscit (1). Puis vient le déluge, chute nouvelle qui s'ajoute à la première pour l'aggraver. Les ruines sont hors de l'homme, comme dans l'homme. C'est un monarque jadis puissant, et maintenant abattu au milieu des débris de son immense empire, deux fois foudroyé par la justice divine. A mesure que la terre sera sondée, elle offrira de plus en plus les effroyables et indélébiles marques de l'antique et double catastrophe.

(1) Rom., VIII, 22.

FIN DU PREMIER VOLUME.

[blocks in formation]

CHAPITRE I. Rappel de la pensée à elle-même par Descartes.

23

[ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Malebranche et ses adversaires, Locke, Arnauld et Leibnitz.

61

« PreviousContinue »