DES PERSONNES DE COUR, Commencée par Mr. de CHEVIGNI, continuée Revue, corrigée, & confidérablement augmentée TOME QUATRIEME. PARTIE II. Qui contient l'Hiftoire des Royaumes d'ANGLETERRE, ECOSSE, de A AMSTERDAM, CHAPITRE XXII. Du Royaume d'Angleterre. D. L'Ile de la Grande-Bretagne étoit- La Gran de-Breta elle connue des Anciens? R. Ni les Grecs ni les Romains n'en ont gne peu eu une connoiffance exacte jufqu'à ce que Anciens. connue des Jules Céfar réfolut d'y paffer, après avoir fait la conquête de la plus grande partie des Gaules. Ce Païs connu d'abord fous le nom d'Albion, & dans la fuite fous celui de Bretagne, étoit alors regardé comme un nouveau Monde. Les Gaulois même n'en avoient que des connoiffances fort confuses, parce qu'il n'y avoit que leurs Marchands qui en fiffent le voyage: encore ne péné troient-ils jamais dans le païs, enforte qu'ils n'avoient d'idée précisément qué des Ports où ils faifoient le commerce. D. En quel tems & par quels motifs Céfar entreprit-il cette expédition? An de Rð. me 697 ? fons qui R. Il l'entreprit l'an de Rome 697, & a- avant J. C. vant J. C. 55, fous prétexte de la juftice & ss. Raide l'utilité. Il chous dit lui-même que les portèrent Bretons avoient presque toujours envoyé Céfar à se du fecours aux Gaulois dans leurs guerres rendre contre les Romains; & il ajoute qu'il devoit dans cette lui être tout-à-fait avantageux de connoître les Ports & les Côtes de cette Ile, les Mours des Habitans, & leur manière de combattre. D. Quels furent fes préparatifs pour l'exé- ses prépa cution de ce projet? P 3 R. S'é Ile. ratifs. Sa Flotte. R. S'étant rendu dans le païs des Morins (a), il raffembla le plus de Vaiffeaux qu'il lui fut poffible des païs voifins, & manda la Flotte qu'il avoit fait conftruire l'année précédente pour la guerre contre les Vénètes. Peu fatisfait des éclairciffemens qu'il put tirer des Gaulois touchant l'Ile de la Grande Bretagne, il envoya un Officier Romain, nommé C. Volufénus, avec un Vaisfeau de guerre pour en vifiter les Côtes, & venir enfuite lui faire fon rapport de tout ce qu'il auroit vu & remarqué. Volufénus fut cinq jours en mer, & n'ayant ofé défcendre en aucun endroit, il ne put rendre compte que des dehors & des aproches de l'Ile. Le bruit du deffein de Céfar s'étant répandu dans la Grande-Bretagne, plufieurs Peuples lui envoyèrent des Députés, pour lui faire leur foumiffion, & pour offrir de lui donner des Otages. Céfar les reçut gracieusement, & les renvoya en les faifant accompagner de Comius Artéfien, qu'il avoit fait Roi de fa Nation, avec ordre de parcourir différens Peuples, & de les exhorter à reconnoître l'Empire Romain. D. En quoi confiftoit la Flotte de Cé far? R. Elle étoit compofée de Vaiffeaux longs, c'est-à-dire, de Galères armées en guerre, & de Vaiffeaux de chargé qui alloient à la voile. Il embarqua deux Légions. fur 80 Vaiffeaux de charge. Il ne nous dit point (a) Peuples de la Gaule Belgique, qui habitoient l'ancien Diocèfe de Terouenne. On croit que la Cité entière des Morins comprenoit toute l'étendue des Diocèfes qui ont été formés de celui de Terouenne, favoir Boulogne, St. Omer & Ypres. point quel nombre de Troupes montoit les Galères, qu'il diftribua en Efcadres fous le commandement du Quefteur & de ses Lieutenans Généraux. Il deftina au transport de la Cavalerie 18 Vaiffeaux de charge, qui étoient retenus par le vent dans un Port fitué à huit mille pas au deffus de celui d'où il partoit lui-même. D. Quels étoient ces deux Ports? Port où R. Cefar ne les nomme ni l'un ni l'autre. il s'embar Mais fi celui d'où il partoit cette année, est qua. le Port Itius ou Iccius, où il s'embarqua l'année fuivante pour faire le même trajet, il paroit que le Port inférieur eft Wiffan, & le fupérieur Calais. Tous les arrangemens étant pris, Céfar profita d'un vent favorable pour fortir du Port. Il partit fur le minuit, & envoya fa Cavalerie s'embarquer à l'autre Port. D. Céfar trouva-t-il de la réfiftance de la part des habitans de l'Ile. Ce qui fe paffa à la defcente dans l'lle. R. Les Barbares, qui n'avoient pas perdu de vue la Flotte Romaine, entreprirent de s'oppofer avec toutes leurs forces au débarquement. Leur réfiftance fut inutile. Les Romains prirent terre, & les poufferent fi vigoureufement, qu'ils les diffipèrent entierement. Les Barbares envoyèrent alors des Députés au Général Romain, lui firent faire des proteftations de foumiffion & d'obéiffance, & lui rendirent Comius, Roi des Artéfiens, qu'ils avoient retenu prifonnier, D. Ne fe commit-il pas des hoftilités céfar perd entre les Troupes des Barbares & celles des plufieurs Romains? de fes & en vient aux mains R. Qui; & voici ce qui y donna lieu. U. Vaiffeaux, ne furieuse tempête difperfa dans la Manche une partie des 18 Vaiffeaux de charge qui avec les Iname- fulaires. P 4 |