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être longtemps; supportez son inexpérience, et pardonnez-lui si une santé depuis longtemps altérée ne lui permet pas de concourir avec toute l'énergie désirable aux travaux divers qu'il doit partager avec vous. Si la bonne volonté est comptée pour quelque chose, si elle peut même, aux yeux de la bienveillance, tenir lieu d'avantages positifs, c'est un bon collègue que vous venez d'acquérir. Que Dieu, ce Dieu de paix et de sainteté, d'équité et d'amour, soit sans cesse entre vous et ce nouveau collègue, et qu'il me donne de ne pas décevoir trop péniblement votre juste attente, celle de notre honorable gouvernement, celle de la patrie!

J'AI DIT.

Note relative à la page 604.

Serait-il vrai que le zèle eût pour condition une certaine étroitesse de vues, une certaine pauvreté d'idées? Quelques personnes paraissent le croire, et quelques faits ont l'air de leur donner raison. Plusieurs des hommes zélés pour la religion se montrent peu jaloux de faire droit à toutes les facultés de l'âme, à toutes ses tendances, à toute la nature humaine. On dirait qu'il faut leur appliquer ces vers, faits pour un tout autre usage :

De la limite rigoureuse

Où le cœur semble resserré,-
Il reçoit cette force heureuse
Qui l'élève au plus haut degré.
Telle, dans des canaux pressée,
Avec plus de force élancée,
L'onde s'élève dans les airs.

Contradiction embarrassante, si elle existe réellement; car le zèle n'est pas une irrégularité, une erreur; le zèle est aussi une vérité; comment se trouverait-il en contradiction avec d'autres vérités à moins toutefois qu'il ne fût attaché à quelque mensonge; car tout mensonge est contradictoire, nonseulement à telle vérité particulière, mais à toutes les vérités ensemble. Mais la contradiction n'existe pas. Il est impossible de prouver, par la nature des choses, qu'on ne peut aimer et servir une vérité qu'à la charge de mépriser et de desservir les autres; et, d'une autre part, des hommes d'un esprit intelligent et vaste ayant été en même temps des hommes zélés dans une direction donnée, le scandale tombe de lui-même. Tout ce qu'on peut avouer (et sans doute il faut l'avouer), c'est que, dans notre nature désorganisée, toujours la force sera moins rare que l'équilibre dans la force; que cet équilibre est plus commun dans la médiocrité ou dans l'indifférence, comme il existe naturellement entre les deux plateaux d'une balance qui ne porte rien; qu'une conviction forte le rompt facilement, l'homme n'ayant pas trop, pas même assez, de toute sa volonté pour le vrai, lorsqu'il l'a découvert, pour le bien lorsqu'il l'a reconnu. Elle se jette alors avec impétuosité vers le côté important, ou négligé jusqu'alors, ou présentement menacé. Ne soyez point trop sévère envers l'homme étroit; il ne l'est que par sévérité envers lui-même. Respectez les motifs en blâmant les effets; préférez tout à l'indifférence, et imputez à l'homme étroit, mais consciencieux, toutes les affections qu'il n'a pas, mais qu'il aurait si sa conscience les lui avait permises, et qu'il aura dès qu'il les connaîtra justes et nécessaires. Ce moment, pour lui, n'est pas encore venu. Sans doute que la vérité est une, et que se décider pour une vérité, c'est se déclarer pour toutes à la fois. Oui, en principe, en sens abstrait; et il est certain que l'ami d'une vérité n'est intentionnellement l'ennemi d'aucune. Mais cet accord, cette unité des vérités, encore fautil l'avoir reconnu; encore faut-il avoir aperçu comment des

faits distants et en apparence isolés se rejoignent par d'invisibles liens, comment surtout des institutions, des œuvres toutes recouvertes de nos vices, sont néanmoins d'origine divine, de droit divin, aussi bien que cette vérité suprême, à la lumière de laquelle nous les reconnaîtrons un jour. Convenons-en, le monde actuel est fait de manière à jeter dans quelque embarras le chrétien positif; et prétendre que, du premier coup d'œil, il le fasse entrer dans le cadre de sa foi, c'est, la plupart du temps, prétendre l'impossible. Si vous lui dites que sa religion, au cas qu'elle soit vraie, doit faire place dans son enceinte à un monde tout entier; que le chrétien doit renfermer, au besoin, l'artiste, le savant, l'industriel, le politique, le philosophe; que toute religion moins grande que la nature humaine n'est pas vraie; et qu'il faut ou s'inscrire en faux contre cette nature, ou l'accepter tout entière et avec toutes ses conséquences, il ne le niera pas peut-être, mais il sera perplexe dans l'application; peutêtre aussi retranchera-t-il de la vie humaine ce qu'il ne sait pas faire entrer dans les dimensions de son système; et ainsi la vérité sera, en apparence, un nouveau lit de Procuste. Bien loin pourtant de rien exclure, c'est elle qui accueille tout, qui fait place à tout, et c'est elle seule. L'Évangile seul est aussi large que la vie, parce qu'il est infiniment plus large; parce que, dans tous les sens, « Dieu est plus grand que notre cœur ; » la religion est à la vie ce que l'horizon rationnel est à l'horizon visuel; et ce n'est que dans son vaste sein que toutes choses vraies se reconnaissent et s'embrassent. Dans un monde selon l'Évangile, il y a place pour tout, mais dans nul autre. Un monde complet, où rien ne se heurte, où tout s'accorde, n'est possible que par l'Évangile; et si la chose ne paraît point ainsi, c'est que la plupart des hommes évangéliques (je ne dis pas l'Évangile) ne peuvent pas, d'emblée, se faire une représentation du monde complet que l'Évangile porte dans son sein, et n'ont préalablement sous les yeux, pour type du monde social, que cet informe

brouillon que leur offre la réalité actuelle, et qui se dit la nature des choses. Ces hommes, dans l'embarras qui résulte pour eux de cette double circonstance, prennent le parti de retenir l'Évangile moins ses développements et ses applications, moins la vie humaine, moins tout un monde; d'appeler monde et vie humaine ce reste mutilé qui n'a plus de signification ni d'usage; de porter ainsi (bien involontairement) un démenti à l'Évangile lui-même, et de lui imprimer, aux yeux de la multitude, un cachet d'étroitesse et d'exclusivité qui n'est pas le sien. Mais cette erreur ne dure pas dans les esprits sincères et réfléchis; et même, sans le secours de la réflexion, l'Évangile est tellement humain qu'il descend de lui-même, et les fait descendre avec lui, vers la vie; il établit doucement son harmonie avec la nature; il constate sans bruit sa parenté avec l'homme; il s'associe à tout, en épurant, en corrigeant, en organisant tout; il reconstruit dans sa propre enceinte un monde où il y a de l'espace pour toutes nos facultés, de l'aliment pour toutes nos forces, de l'horizon pour toutes nos pensées; et ce monde de l'Évangile ou de la grâce est, dans un sens excellent, le monde de l'homme et de la nature. Où est-il, direz-vous, ce monde? où le chercher? Dans aucune constitution, que je sache, ni dans les mœurs d'aucun peuple pris en masse, mais chez maint individu, dans mainte famille, où il se réalise avec un merveilleux ensemble et une admirable douceur.

TABLE DES MATIÈRES.

AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS.

INTRODUCTION.

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La parole et l'art de la parole. Éloquence, discours oratoire et discours de
la chair. Deux erreurs par rapport à l'homilétique: la rabaisser et trop
en attendre.

PREMIÈRE PARTIE.

Invention.

De l'invention en général.

Section première. - Sujet du discours de la chaire.

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Intérêt au sens objectif; intérêt au sens subjectif. — Intérêt
oratoire pur; intérêt chrétien.— Sujets à exclure; sujets

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SII. Sujets de morale. Leur importance. - Morale des-

-

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39

47

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66

66

74

Mêmes sujets selon l'impression

Sermons de circonstance. 80

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