Page images
PDF
EPUB

point du fond de l'oeil, mais il en vient d'autres des autres côtés, qui s'assemblent aux autres, comme j'ai expliqué en mille lieux.

Je tâcherai de voir le Philolaus de M. Bouillaut sitôt que je saurai qu'il se vendra, et vous en manderai mon sentiment. Je vous remercie du soin que vous avez des livres que j'avois destinés pour l'Italie: j'avois écrit une lettre à M. le cardinal Baigné, qui devroit être avec, et, si je m'en souviens, j'aurois eu dessein de lui envoyer deux exemplaires à lui seul, et un autre à M. le cardinal Barberin, que je pensai lui adresser par M. de Pe. Mais si M. le nonce en veut prendre la peine, cela seroit encore beaucoup mieux. Ce qui m'obligeoit d'en envoyer à M. le cardinal Barberin est que l'observation que j'explique à la fin des Météores est venue de lui. Et pourceque M. Gassendi l'a ci-devant fait imprimer, cela me fait souvenir de vous demander de ses nouvelles, et quel jugement il fait de ce que j'ai écrit là-dessus, car vous ne m'en avez jamais rien mandé.

Pour votre question de musique, savoir si l'octave est plus agréable aux moments que les tremblements des cordes qui la font s'accordent ensemble, qu'aux autres, je réponds que ces divers moments ne peuvent aucunement être distingués par le sens, et que l'agrément ne se remarque qu'en tout le son, lequel ne peut être sensible, s'il n'est composé de plusieurs tremblements d'air.

Je vous remercie de votre observation touchant les forces qu'il faut pour rompre divers cylindres de même grosseur, mais je pense vous avoir déjà ci-devant mandé que je ne crois pas qu'on puisse tirer aucune conclusion générale, à cause que cette force varie selon la diverse forme de chaque corps, c'est-à-dire selon la grosseur, la figure et l'arrangement de ses parties.

le

L'eau ne demeure pas dans ces vaisseaux percés dont on use pour arroser les jardins, crainte du vide; car, comme vous dites fort bien, la matière subtile pourroit aisément entrer en sa place, mais à cause de la pesanteur de l'air : car si elle sortoit, et qu'il ne rentrât que de la matière subtile en sa place dans le vase, il faudroit qu'elle fit hausser tout corps de l'air, jusques à sa plus haute superficie. Pour l'air qui est pressé dans un ballon avec une seringue, il ne devient pas dur pour cela, bien qu'il rende le ballon plus dur; mais il faut penser que les parties de cet air qui diffèrent de la matière subtile, et qui seules sont enfermées dans le ballon, à cause qu'elles ne peuvent passer par ses pores, étant pressées l'une contre l'autre, et par ce moyen leurs figures étant contraintes, elles sont comme autant de petits arcs, ou ressorts, qui tendent à reprendre leurs figures, et ensuite à occuper plus de place; d'où vient qu'elles pressent le ballon de tous côtés, et par ce moyen le rendent dur : car ce n'est

autre chose être dur sinon être tellement disposé, qu'il résiste à l'attouchement, en quelque façon que cela se fasse ; et l'or n'est pas si dur que le fer, encore qu'il soit plus pesant, à cause que ses parties ne sont pas si fermement jointes.

Je n'ai rien dit sur Galilée de ses portées de canon qu'il réduit en tables, à cause qu'après avoir désapprouvé toutes les raisons sur lesquelles il les fonde, il m'a semblé qu'elles ne valoient pas seulement le parler. Vous verrez ce que je réponds à M. de Beaune; mais je crois qu'il n'est point à propos que d'autres le voient, au moins de ceux qui pourroient être de l'humeur de N.

Je ne reconnois aucune inertie, ou tardiveté naturelle, dans les corps, non plus que M. Mydorge, et crois que lors seulement qu'un homme se promène, il fait tant soit peu mouvoir toute la masse de la terre, à cause qu'il en charge maintenant un endroit, et après un autre. Mais je ne laisse pas d'accorder à M. de Beaune que les plus grands corps étant poussés par une même force, comme les plus grands bateaux par un même vent, se meu. vent toujours plus lentement que les autres; ce qui seroit peut-être assez pour établir ces raisons, sans avoir recours à cette inertie naturelle qui ne peut aucunement être prouvée. Ce que vous me fites voir de lui à l'autre voyage, m'assure qu'il entend très bien ma géométrie, et qu'il en sait plus que

ceux qui se vantent plus que lui; et pour ce que vous me mandez qu'il demeure d'accord de ce que j'ai écrit des mécaniques, je ne doute point que si nous conférions ensemble du reste, il ne s'accordât entièrement à la vérité. Il a raison de trouver. l'introduction trop briève pour lui, à cause qu'il sait déjà ce qu'elle contient, mais aussi n'est-elle faite que pour ceux qui en savent moins, et ce n'est pas un commentaire, mais seulement une introduction.

Vous expliquez fort bien la combustion par les miroirs ardents, en imaginant plusieurs petites boules de la matière subtile, ou plusieurs pointes d'aiguilles, qui vont frapper un même objet de plusieurs côtés : et il est aisé à répondre à ce que vous demandez, comment ces boules pénètrent dans les corps opaques, puisqu'elles ne se trouvent que dans les diaphanes; car je ne pense nullement qu'elles ne se trouvent que dans les diaphanes, mais seulement que les pores des opaques étant interrompus et inégaux, elles n'y passent que par des chemins détournés, et non en lignes droites, sinon en tant qu'elles rompent les parties de ces corps pour s'y faire passage; et c'est par cela même qu'elles les brûlent, car elles brûlent toujours leur superficie avant que de pénétrer plus avant; et, cæteris paribus, elles brûlent plus aisément les corps noirs et opaques que les blancs et transparents.

Pour les corps qui sont ensemble polis et colorés, je réponds qu'ils ne sont polis qu'en quelques uns des points de leur superficie, et que les petites boules, qui vont rencontrer les autres points, y trouvent la disposition qui est requise pour faire qu'elles tournent plus ou moins autour de leur centre selon la couleur qu'elles doivent représenter; et des corps qui seroient parfaitement polis en tous les points de leur superficie ne sauroient avoir aucune couleur que celle des objets qu'ils réfléchissent. La différence des couleurs ne dépend point de ce que ces boules sont poussées de droit à gauche, plutôt que de gauche à droit, ou etc., ni aussi de ce qu'elles sont mues plus ou moins fort, mais seulement de la diverse proportion qui est entre leur mouvement droit et le circulaire. Les rayons du soleil ne pénètrent point les corps opaques, à cause que leurs pores ne sont pas assez droits et égaux pour ce sujet : et bien que la matière subtile ne laisse pas de couler sans cesse par dedans, elle n'illumine point pour cela leurs parties intérieures, à cause qu'elle ne les pousse pas fortement en ligne droite, et c'est ce seul poussement en ligne droite qui se nomme lumière.

Je vous décrirois très volontiers les proportions que vous demandez pour faire un crochet ou romaine, qui serve à peser deux cents livres, car il ne faut point à cela grande science; mais encore

« PreviousContinue »