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ANCIENNE

DES EGYPTIENS,

DES CARTHAGINOIS,
DES ASSYRIENS,

DES BABYLONIENS,
DES MEDES ET DES PERSES,
DES MACEDONIENS,
DES GRECS.

Par M. ROLLIN, ancien Recteur de l'Univerfité
de Paris, Profefleur d'Eloquence au College
Royal, & Affocié à l'Académie Royale des
Infcriptions & Belles-Lettres.

TOME SEPTIEME.
NOUVELLE ÉDITION

A PARIS,

Chez les Freres ESTIENNE, rue Saint Jacques
à la Vertu.

M. DCC. LXXV.
Avec Approbation & Privilege du Roi,

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AVANT-PROPOS.

J. I. Caractere & plan de l'hiftoire renfermée

dans ce Volume.

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'HISTOIRE dont il me refte à parler dans cet Ouvrage, qui eft celle des Succeffeurs d'Alexandre, renferme l'efpace de deux cens quatreVing-treize années, depuis la mort d'Alexandre & le commencement du regne de Ptolémée fils de Lagus en Egypte, juf qu'à la mort de Cléopatre, où l'Egypte devint fous l'Empereur Augufte une province de l'Empire Romain.

Cette hiftoire va préfenter à nos yeux tous les crimes qu'une ambition effrénée entraîne ordinairement après elle: jaloufie, mauvaife foi, trahifon, ingratitude,

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abus criant du fouverain pouvoir, cruau té, impiété; en un mot, l'oubli de tous les fentimens naturels de probité & d'honneur & le violement de toutes les loix tant humaines que divines. Ce ne feront plus que difcordes funeftes, que batailles fanglantes, que révolutions affreufes. Des hommes autrefois amis, élevés ensemble, d'une même nation, compagnons des mêmes périls, inftrumens des mêmes exploits & des mêmes conquêtes, confpireront à mettre en pieces l'Empire qu'ils avoient tous concouru à former aux dépens de leur fang. On verra les Capitaines d'Alexandre immoler à leur ambition la famille de ce Prince, fon frere, fa mere, fes femmes, fes enfans, fes fœurs; & n'épargner point eux-mêmes ceux à qui ils devoient ou à qui ils avoient donné la vie. Ce ne font plus ces beaux fiecles de la Grece, féconds en grands hommes & en grands exemples. Si l'on en trouve encore quelques traces & quelques reftes, ce font comme des éclairs qui paffent rapidement & qui ne fe font remarquer que par la profonde nuit qui les précede & qui les fuit.

Je fens parfaitement, & je ne puis le diffimuler combien un Ecrivain eft à plaindre, de n'avoir plus à montrer la nature humaine que par des endroits qui la déshonorent, & qui ne peut manquer de caufer un fonds de dégoût & une fecrete affliction à ceux qu'on en rend les

fpectateurs. L'hiftoire perd ce qu'elle a de plus intéreffant, & de plus capable de plaire & d'inftruire, quand elle eft réduite à ne le faire que par l'horreur du crime & par les malheurs qui le fuivent ordinairement, & qui en font la jufte puaition. Il eft difficile de retenir long-tems l'attention du Lecteur fur des objets qui n'excitent que fon indignation, & ce feroit lui faire injure que de paroître vou¬ loir le porter à éviter des paffions pouffées aux derniers excès, dont il ne fe croit point capable.

Quel moyen de répandre de l'agrément dans une narration qui n'offre qu'une uniformité de vices & de forfaits, & qui met dans la néceffité de développer avec foin & en détail les actions & les caracteres d'hommes qui ne font nés que pour le malheur du genre humain, & dont la poftérité devroit ignorer jufqu'au nom? Plufieurs même pourront penfer qu'il eft dangereux de familiarifer l'efprit du commun des hommes avec un fpectacle affidu de crimes trop heureux, & de s'arrêter à décrire les injuftes fuccès de ces illuftres cri minels, dont la longue profpérité, accompagnée fouvent des privileges & des récompenfes de la vertu, femble aux perfonnes foibles accufer la providence.

Cette hiftoire déja fort défagréable par l'endroit que je viens de marquer, le devient encore davantage par l'obfcurité & la confufion qui y regnent, auxquel

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