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DES

RÉPUBLIQUES ITALIENNES

DU MOYEN AGE

PAR

J. C. L. SIMONDE DE SISMONDI

NOUVELLE ÉDITION.

TOME CINQUIÈME.

Paris

FURNE ET Ce, LIBRAIRES-ÉDITEURS

55, RUE SAINT-ANDRÉ-DES-ARCS;

TREUTTEL ET WURTZ, LIBRAIRES

17, RUE DE LILLE.

DES

RÉPUBLIQUES ITALIENNES

DU MOYEN AGE.

8888

CHAPITRE I.

Quatrième

Affaires de l'Orient. Guerre des Génois en Chypre. guerre de Venise et de Gênes; prise et reprise de Chiozza. Paix de Turin.

1572-1581.

La même année qui avait été signalée par la naissance du grand schisme d'Occident et par la sanglante révolution des Ciompi à Florence, vit éclater aussi la guerre meurtrière de Chiozza, la quatrième des guerres maritimes entre Venise et Gênes, et celle qui exposa ces deux puissantes républiques aux plus extrêmes dangers. C'est loin de l'Italie et des intérêts dont nous venons de nous occuper qu'il faut aller chercher la cause de cette guerre acharnée.

Toute l'existence des républiques maritimes est peu liée à l'histoire du reste de l'Italie. Les seigneuries de Venise et de

Gênes semblaient le plus souvent indifférentes aux révolutions des provinces limitrophes, tandis que toute leur attention était fixée sur les régions du Levant. Leur commerce et leurs colonies dans la Turquie et la Grèce étaient la source principale des richesses du peuple et de la puissance de l'état; et les passions publiques et privées ne paraissaient excitées que par les intérêts et les révolutions de ces contrées lointaines.

La situation des républiques maritimes les isolait et leur permettait de se considérer comme absolument détachées du continent italien. Les montagnes qui entourent la Ligurie séparaient cette province de la Lombardie, comme les lagunes en séparent Venise. Dans un temps où la cavalerie pesante faisait toute la force des armées, il était presque impossible de conquérir un pays où les chevaux ne pouvaient manœuvrer. L'attention que les deux républiques donnaient aux affaires du Levant n'était donc point distraite par le soin de leur sûreté. La région d'où elles tiraient leur subsistance et leurs richesses était toujours le siége du commerce du monde. La barbarie des Turcs n'avait point eu sur les provinces de leur domination une influence aussi funeste que l'a eue depuis leur nonchalance. Leurs états étaient encore enrichis par quelques manufactures et par le commerce de l'Inde; les Arabes et les Grecs, qui leur étaient soumis, n'avaient point encore renoncé ni au luxe, qui a besoin du commerce, ni à l'industrie qui l'alimente.

Les Turcs étaient désormais les vrais dominateurs de l'Orient, et l'on appelait déjà mers de Turquie les parages nommés auparavant mers de la Grèce. La décadence de l'empire d'Orient avait été singulièrement rapide. Dans les premières années du xiv siècle, Andronic l'ancien avait perdu toute l'Asie mineure et toutes les positions des Grecs au-delà du Bosphore et de l' Hellespont. Au milieu du même siècle, Canta

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