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Plin. 1. 7.

C. I.

tité dans le Cabinet du Roi, on prétend qu'il n'y a rien de fi parfait que ce qui refte de ces anciens Maîtres.

Quoiqu'ils aient gravé prefque toutes fortes de pierres précieuses, néanmoins les figures les plus achevées qu'on ait d'eux, font fur des Onyces qui font une efpéce d'Agate opaque, ou fur des Cornalines, qu'ils trouvoient plus propres à être gravées que les autres pierres, parce qu'elles font plus fermes, plus égales, & qu'elles fe gravent nettement; & encore parce qu'il fe rencontre dans les Onyces diverfers couleurs qui font par lit les unes au deffus des autres, par le moien defquelles ils faifoient que dans les piéces de relief le fond demeuroit d'une couleur, & les figures d'une autre. Pour graver fur les pierres précieuses & fur les cristaux, ils fe fervoient de la pointe du diamant, comme on s'en fert encore.

On vante beaucoup la pierre précieuse attachée à l'anneau de Polycrate Tyran de Samos, qu'il jetta dans la mer, & qui lui revint par un hazard fort fingulier: on prétendoit Pavoir à Rome du tems de Pline. C'étoit, felon les uns, un Sardoine,

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& felon les autres une émeraude, Celle de Pyrrhus n'étoit pas moins eftimée. On y voioit Apollon avec fa guitarre, & les neuf Mufes chacune avec leur attribut particulier. Et tout cela n'étoit point l'effet de l'art, mais de la nature: Non arte, fed fponte naturæ.

C'étoit fur les coupes à boire dans les repas que l'art de fculpter étoit les plus exercé: ces piéces étoient le plus riches, les plus curieufes, & la matiére de la plus grande fomptuofité.

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Un des plus grands avantages que l'Art de portraire ait reçu pour éternifer fes ouvrages, eft la gravure fur le bois & fur le cuivre, par le moien de laquelle on tire un grand nombre d'eftampes, qui multiplient prefque à l'infini un même deffein, & font voir en différens lieux la penfée d'un Ouvrier, qui auparavant n'étoit connue que par le feul travail qui fortoit de les mains. Il y a lieu de s'étonner que les anciens, qui ont gravé tant d'excellentes chofes fur les pierres dures & fur les cristaux, n'aient point découvert un fi beau fecret, qui véri tablement n'a encore paru qu'après celui

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celui de l'Imprimerie, & qui fans doute en a été une fuite & comme une imitation. Car l'impreffion des figures & les eftampes n'ont commencé à être en ufage qu'à la fin du quatorzieme fiécle. L'Invention en eft due à un Orfévre qui travailloit à Florence.

Après avoir raporté en abrégé la plus grande partie de ce qui occupoit anciennement la Sculpture, il me refte à faire connoitre quelquesuns de ceux qui l'ont exercée avec le plus de fuccès & de réputation.

S. 11.

Sculpteurs célebres, qui fe font le plus diftingués dans l'antiquité.

QUOIQUE la Sculpture ait pris naiffance dans l'Afie & dans l'Egypte, c'eft, à proprement parler, la Gréce qui l'a mife dans tout fon luftre, & l'a fait paroitre avec éclat. Pour ne point parler des premieres ébauches de cet Art, qui fe fentent toujours comme d'une forte d'enfance, on vit, fur tout du tems de Périclès & après lui, fortir du fein de la a Gréce une foule

a Multas artes ad animorum corporumque cultum nobis eruditiffima omnium gens (Græca) invenit. Liv. lib. 39. n. 8.

foule d'excellens Ouvriers, & travailler à l'envi à mettre la Sculpture en honneur par un nombre infini d'ouvrages, qui ont fait & feront l'admiration de tous les fiecles. L'Attique, a fertile en carriéres de marbres, & plus riche encore en génies heureux pour les Arts, fut bientôt remplie d'un nombre infini de statues.

Je ne raporterai ici que ceux qui fe font le plus diftingués par leur ha bileté & leur réputation. Les plus célebres font Phidias, Polycléte, Myron, Lyfippe, Praxitele, Scopas.

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Il en est un autre, plus illuftre encore que tous ceux que je viens de nommer mais dans un genre different: c'eft le fameux Socrate. Je ne dois pas envier à la Sculpture l'honneur qu'elle a eu de le compter parmi fes Eleves. Il étoit fils d'un Diog. Statuaire, & il le fut lui-même, avant Laert. in que d'être Philofophe. On lui attri. Socr. bûoit communément les trois Graces, qu'on confervoit avec foin dans la citadelle d'Athénes. Elles n'étoient point nues, comme on avoit coutume de

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a Exornata eo genere operum eximiè terra Attica,& copiâ domeftici marmoris, & ingenio artificum. Liv. lib. 31, n. 26. Ces marbres se tiroient du mont Pentélique, qui étoit dans l'Attique.

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de les représenter, mais couvertes: ce qui marque quel étoit dès lors fon panchant pour la vertu. Il difoit que cet Art lui avoit enfeigné les premiers préceptes de la Philofophie; & que, comme la Sculpture donne la forme à fon objet en ôtant les fuperfluités, de même cette fcience introduit la vertu dans le cœur de l'homme, en retranchant peu à peu toutes fes imperfections.

PHIDIAS.

PHIDIAS mérite par bien des raifons d'être mis à la tête des Sculp teurs. Il étoit d'Athénes, & floriffoit AN. M. dans la 83. Olympiade, tems heureux, où, après les victoires remportées contre les Perfes, l'abondance, fille de la paix & mere des beaux arts, faifoit éclore divers talens par la protection que leur donna Périclès. Phidias n'étoit pas de ces artifans qui ne favent que manier les inftrumens de leur art. Il avoit l'efprit orné de toutes les connoiffances qui pouvoient être utiles à un homme de fa profeffion; histoire, poéfie, fable, géométrie, optique. Un fait affez curieux montrera combien cette derniére lui fut utile.

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