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ment des Romains, étoit que leurs Commandans & leurs Magiftrats ne fuffent aucunement à charge aux Alliés. C'est une conduite fi pleine de fageffe & d'humanité, qui rendoit l'autorité des Romains fi refpectable & fi aimable; & l'on peut dire avec vérité qu'elle contribua plus, que la force de leurs armes, à les rendre maîtres de l'Univers.

Tite live nous apprend le nom de Liv.1.42. celui qui le premier donna atteinte n. 1. à la loi Julia, qui régloit les dépenses qu'on pouvoit exiger des Alliés & fon exemple n'eut que trop d'imitateurs, qui enchérirent bientôt fur lui. C'étoit L. Pofthumius. Il étoit mécontent des habitans de Prénefte, parce que dans un féjour qu'il y avoit fait, n'étant encore que fimple particulier, ils ne lui avoient pas fait le traitement qu'il croioit lui être dû. Quand il fut nommé Conful, il fongea à s'en venger. Devant paffer par leur ville pour aller à fon département, il leur fit favoir qu'ils euffent à envoier leur premier Magiftrat à fa rencontre, à lui préparer un logement au nom & aux dépens du public, & à lui tenir prêtes pour fon départ

départ des bêtes de fomme qui lui étoient néceffaires. Avant lui, dit Tite Live, aucun Magiftrat n'avoit été à charge aux Alliés, ni exigé d'eux aucune dépenfe. La Répulique leur fourniffoit des mulets, des tentes, & tout l'attirail néceffaire à un Commandant, afin qu'ils ne puffent rien exiger de tel des Alliés. Comme l'hofpitalité étoit pour lors fort en honneur & en ufage, ils logeoient chez leurs amis particuliers, & ils fe faifoient un plaifir de les recevoir à leur tour à Rome, quand ils y venoient. Lorfqu'on envoioit des Lieutenans pour quelque prompte expédition, les villes par où ils paffoient recevoient ordre de leur fournir un cheval, & rien de plus. Quand le Conful auroit eu un jufte fujet de plainte contre les Préneftins, il n'auroit pas dû profiter ou plutôt abufer de l'autorité que lui donnoit fa charge, pour le leur faire fentir. Leur filence, foit qu'il vînt d'une mo

de

a Injuriale fens demande qu'on life Ira ) Con fulis etiamfi jufta, non tamen in magiftratu exercenda, & filentium nimis aut modeftum aut'timidum Præneftinorum, jus velut probato exemplo Magiftratibus fecit graviorum in dies talis generis imperiorum. Liv.

dération ou d'une timidité exceffive, les empêcha de porter leurs plaintes au peuple Romain, & autorifa dans la fuite les Magiftrats à aggraver de jour en jour ce nouveau joug, comme fi l'impunité du premier exemple eût été une marque d'approbation du côté de Rome, & fût devenue pour eux un titre légitime.

Les Anciens, loin d'en user ainsi, & de chercher à s'enrichir aux dépens des Alliés, ne fongeoient qu'à les protéger & à les défendre. Ils fe croioient bien paiés des fervices qu'ils avoient rendus à l'Etat par la gloire de leurs belles actions: & fouvent, après de grandes victoires & d'illuftres triomphes, ils mouroient dans le fein de la pauvreté, où ils avoient toujours vécu. L'hiftoire des Grecs & des Romains en fournit beaucoup d'exemples.

S. III.

Armes anciennes.

MON deffein n'eft pas de parcourir ici toutes les fortes d'armes dont fe fervoient les foldats parmi toutes les nations. Je me renfermerai principalement, felon ma coutu

mez

me, dans ce qui regarde les Grecs & les Romains, qui avoient, fur la matiere dont il s'agit, beaucoup d'ufages communs. Les Romains les avoient empruntés pour la plupart des Tofcans, & des nations Grecques qui habitoient dans l'Italie. Florus " remarque que Tarquin l'ancien, originaire de Corinthe, introduifit à Rome, en beaucoup de chofes, ce qui fe pratiquoit dans la Grèce.

Les armes étoient anciennement d'airain, puis de fer. Les Poétes prennent fouvent l'un pour l'autre.

que

L'armure des Grecs: auffi bien de la plupart des autres nations, étoit, dès les tems les plus reculés, le caf que, la cuiraffe, le bouclier, la lance, & l'épée. Ils emploioient auffi l'arc & la fronde.

LE Cafque étoit une arme défenfive, pour couvrir la tête & le cou. Il étoit de fer ou d'airain, fouvent en forme de tête, ouvert par le devant, & laiffant le vifage découvert. Il y avoit des cafques, & fur-tout ceux à la Grecque, qui pouvoient fe rabbattre fur le vifage, & le couvrir.

a Tarquinius prifcus., oriundus Corintho, Græcum ingenium Italicis artibus mifcuit Fler. b. . cap. 5.

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On y mettoit fur le haut des figures d'animaux, de lions, de léopards, de griffons, & d'autres. On les ornoit d'aigrettes qui flotoient au vent, & en relevoient la beauté.

La Cuiraffe s'appelloit en Grec θώραξ, nom qui a pafé aut dans la langue latine, qui emploia encore plus communément celui de lorica. On fabriquoit d'abord les cuiraffes de fer ou d'airain en deux pièces, comme on les fait encore aujourd'hui : ces deux piéces s'attachoient fur les côtés avec des boucles. Alexandre ne Polyan. laiffa à la cuiraffe que celle de ces deux Stratag. lib.4. parties qui couvroit la poitrine, afin que la crainte d'ètre bleffé au dos qui étoit fans défenfe, empéchát les foldats de fuir.

Demetr.

p. 898.

Il y avoit des cuiraffes d'un métal Plut. in fi dur, quelles étoient abfolument à l'épreuve des coups. Zoile, habile ouvrier dans ce genre, en offrit deux à Démétrius furnommé Poliorcéte. Et, pour en montrer l'excellence, il fit lancer une fléche par une machine appelée catapulte, qui n'étoit qu'à vingt-fix pas de diftance. Avec quelque force que la fléche fut lancée, à peine effleura-t-elle la cuiraffe, & y laiffa-t-elle quelque trace.

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