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,,marier, il me donna pour fem ,,me la fille de fon frere. Elle ne ,,m'a rien apporté en mariage hors ,,la liberté, la chafteté, & une ,,fécondité fuffifante pour les plus ,,riches maifons. Nous avons fix ,,fils, & deux filles, mariées tou,,tes deux. De mes fix fils, quatre ,,ont pris la robe virile, & deux por,,tent encore la robe de l'enfance. ,,J'ai commencé à porter les armes ,,fous le Confulat de P. Sulpicius & ,,de C. Aurelius. J'ai fervi deux ans ,,en qualité de fimple foldat, dans ,,l'armée qui fut emploiée en Ma,,cédoine contre le Roi Philippe. La ,,troifiéme année T. Quintius Fla,,mininus, pour me récompenfer de ,,mon courage, me fit Capitaine de Decumum ,,Centurie dans le dernier Manipule ordinem ,,des Haftaires. Je fervis enfuite affignavit. ,,comme volontaire en Espagne fous ,,Caton; & ce Général, fi jufte efti,,mateur du merite, me jugea digne ,,d'être mis à la tête du premier Dignum ,,Manipule des Haftaires. Dans la judicavit, P 4

Haftatum

cui priguer- mum Ha

a Pater mihi uxorem fratris fui filiam dedit, quæ fecum nihil attulit præter libertatem, pudicitiam, & cum his fœcunditatem, quanta vel in diti domo fatis effet.

ftatum prioris Cen

gnaret.

ris Centu

gnatus.

duxi.

Ci

,,guerre contre les Etoliens & contre turiæ afli-,,le Roi Antiochus, je fuis monté au ,,même rang parmi les Princes. J'ai mus Prin-fait encore depuis, plufieurs camceps prio-pagnes ; & dans un affez petit nomria affi»bre ris Cat,,bre d'années, j'ai été fait quatre fois ,,Primipile, j'ai été récompenfé Quater pri-,,trente- quatre fois par les Génémum pilum ,,taux, j'ai reçu fix couronnes ,,viques, j'ai fait vingt-deux cam,,pagnes, & je paffe cinquante ans. ,,Quand je n'aurois pas rempli tou,,tes mes années de fervice, quand ,,mon âge ne me donneroit pas mon ,,congé, fubftituant quatre de mes ,,enfans à ma place, je mériterois ,,bien d'être exemté de la néceffité ,,de fervir. Mais dans tout ce que ,,j'ai dit, je n'ai prétendu que faire ,,voir la juftice de ma caufe. Du ,,refte, tant que ceux qui feront des ,,levées me jugeront en état de por,,ter les armes, je ne refuferai point ,,le fervice. Les Tribuns, me met,,tront au rang qu'il leur plaira, ,,c'eft leur affaire la mienne eft ,,de faire en forte que perfonne n'ait le rang au deffus de moi

,,pour On appelloit ainfi les couronnes données pour avoir fauvé la vie à un Citoien.

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,,pour le courage, comme tous les
,,Généraux fous qui j'ai eu l'hon-
,,neur de fervir, & tous mes ca-
,,marades,
me font témoins que
je me fuis toujours bien conduit.
,,Pour vous, Centurions, malgré
,,votre appel, comme pendant
,,votre jeuneffe même vous n'avez
,,jamais rien fait contre l'autorité
,,des Magiftrats & du Sénat, il me
,,femble qu'il convient qu'à l'âge
,,où vous êtes vous vous montriez
foumis au Sénat & aux Confuls,
,,& a que vous trouviez honorable
,,toute place qui vous mettra en
,,état de rendre fervice à la Ré-
,,publique. Quand il eut fini,
le Conful, après l'avoir comblé
de louanges devant le peuple, for-
tit de l'affemblée & le conduifit
dans le Sénat. Là on lui rendit de
publiques actions de graces au nom
de cette augufte Compagnie, &
les Tribuns militaires lui affignerent
pour marque & pour prix de fon
courage & de fon zêle le Primi-
pile, c'est-à-dire la premiere pla-
ce dans la premiere Légion. Les au-
PS

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tres

a Et omnia honefta loca ducere, quibus remp, defenfuri fitis.

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tres Centurions, renonçant à leur appel, ne firent plus difficulté de s'enroller.

Rien n'eft plus propre que de pareils faits à nous donner une jufte idée du caractére Romain. Quel fonds de bon fens, d'équité, de nobleffe même & de grandeur d'ame dans ce foldat! Il parle de fon ancienne pauvreté fans honte, & de fes glorieux fervices fans vanité. Il ne s'entête point mal à propos fur un faux point d'honneur. Il défend modeftement fes droits, & y renonce. Il apprend à tous les fiécles à ne point difputer contre la patrie, à faire céder le bien public à fes interêts particuliers, & il eft affez heureux pour entraîner dans fon fentiment tous ceux qui fe trouvoient dans le même cas, & qui s'étoient affociés à lui. De quelle force eft l'exemple ! Il ne "faut quelquefois qu'un bon efprit pour ramener tous les autres à la raison.

AR

ARTICLE TROISIEME.

Préparatifs de la Guerre.

JE renferme dans cet Article ce qui regarde les vivres, la paie des foldats, leurs armes, & quelques autres foins que doivent prendre les Généraux avant que de fe mettre en marche. S. I.

Des Vivres.

L'ORDRE que l'on gardoit pour les vivres chez les Romains nous est plus connu, que celui des Gecs: c'étoit le Quefteur qui étoit chargé de ce foin.

Polyb.

La ration de blé que l'on donnoit Schelius, à chaque foldat pour fa nourriture Notis in journaliere, étoit à peu près la même chez les deux peuples, c'eft à dire un chanix, ou la huitiéme partie d'un boiffeau Romain: il y avoit fix boiffeaux dans le médimne. Le choenix étoit auffi la nourriture ordinaire des efclaves par jour.

On donnoit donc au foldat Ro

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Le boiffeau Romain contenoit les trois quarts du môtre, & un peu plus: & le nôtre a feize litrons. Ainfi c'étoit deux litrons par jour.

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