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& de diftribuer des prix aux Vainqueurs à la vûe & avec les applaudif femens de tout un peuple!

La Gréce, comme on le verra bientôt, fe crut obligée de rendre presque autant de refpects au célébre Polyguote, qu'elle auroit pu faire à Lycurgue & à Solon; de lui préparer des entrées magnifiques dans les villes où il avoit fait quelques peintures; & d'ordonner par un décret des Amphictyons qu'il feroit défraié aux dépens du public dans tous les lieux où il iroit.

Quels honneurs les plus grands Princes n'ont-ils point rendus dans tous les fiécles à ceux qui fe font diftingués dans les Arts! Nous avons vû Alexandre le Grand & Démétrius Poliorcéte, oubliant leur rang, le familiariser avec deux illuftres Peintres, & venir dans leur atelier rendre en quelque forte hommage au rare talent & au mérite fupérieur de ces hommes extraordinaires.

Cav. Ri

Le plus grand Empereur qui ait régné en Occident depuis Charlemadolphi gne, montra le cas qu'il faifoit de la dans la Peinture lorfqu'il fit le Titien Comte viede Ti. Palatin en l'honorant de la Clé d'Or, pien.

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Vafari

dans la vie

& de tous fes Ordres de Chevalerie. Le Roi François Premier, fon ilde Léonard luftre rival dans les actions de la paix del Vinci. auffi bien que dans celles de la guerre, enchérit de beaucoup fur lui,lorfqu'il dit aux Seigneurs de fa Cour en faveur de Léonard del Vinci, qui expiroit entre fes bras: Vous avez tort de vous étonner de l'honneur que je rends à ce grand Peintre. Je puis faire en un jour beaucoup de Seigneurs comme vous mais il n'y a que Dieu feul qui puiffe faire un homme pareil à celui que je perds.

Des Princes qui parlent & qui agiffent ainfi, fe font du moins autant d'honneur à eux-mêmes, qu'à ceux dont ils relevent & honorent le mé. rite. Ila eft vrai que les Arts, par Pestime qu'en témoignent les Rois, acquierent une nobleffe & un éclat qui les illuftre & les éléve: mais les Arts, à leur tour, rendent aux Rois un pareil fervice, & les annoblissent auffi en quelque façon eux-mêmes, en immortalifant leur nom & leurs actions par des ouvrages qui paffent jusqu'à la postérité la plus reculée.

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a De Pictura,arte quondam nobili,tunc cùm expeteretur à regibus, populifque, & illos nobilitante, quos dignata effet pofteris tradere. Plin. lib, 35. cap. 1.

Paterculus, que j'ai déja cité fur le peu de durée qu'ont les Arts quand ils font arrivés à leur perfection, fait une autre remarque qui eft bien vraie, & atteftée par l'expérience, foit des fiécles reculés, foit des derniers tems: c'est a que les grands hommes en tout genre, dans les Arts, dans les Sciences, dans la politique, dans la Guerre, fe trouvent ordinairement contemporains.

Qu'on rappelle en fa mémoire le tems où floriffoient dans la Gréce les Apelles, les Praxitéles, les Lyfippes, & d'autre pareils; c'eft alors que vivoient fes plus grands Poétes, fes plus grands Orateurs, & fes plus grands Philofophes. Socrate, Platon, Ariftote, Démofthéne, Ifocrate, Thucydide, Xénophon, Efchile, Euripide, Sophocle, Ariftophane, Ménandre, & plufieurs autres, ont vécu à peu près dans le même fiécle. Quels hommes, quels Généraux Grecs de ce tems-là! Vit-on jamais rien de plus accompli? Le fiécle d'Augufte eut la même

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a Quis abunde mirari poteft, quod eminentiffima cujufque profeffionis ingenia in eandem formam,& in idem arctati temporis congruant fpatium. Paterc. lib. 1. cap. 16. Sic Lipfius legit,

pro congruens.

destinée en tout genre. Sous celui de Louis le Grand quelle foule de grands hommes de toute efpece, dont les noms, les actions, les ouvrages rendiont célebre à jamais le fouvenir de ce glorieux régne!

Il femble qu'il arrive des tems, où je ne fai quel efprit de perfection fe répand généralement dans un même pays fur toutes les profeffions, fans q 'on puille trop expliquer comment & pourquoi cela arrive de la forte. On peut dire pourtant que tous les arts, tous les talens fe tiennent par quelque endroit. Le goût de perfection eft le même dans tout ce qui dépend du génie. Si la culture manque, une infinité de talens demeurent enfevelis. Lorfque le vrai goût fe réveille, ces talens alors, tirant un fecours mutuel les uns des autres, brillent d'une maniere particuliere. Le malheur eft que cette perfection même, quand elle eft arrivée à fon fuprême degré, eft un avantcoureur de la décadence des Arts & des Sciences, qui ne font jamais plus près de leur ruine, que quand ils en paroiffent plus éloignés tant il y a d'inftabilité & de variation dans toutes les chofes humaines!

CHA

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prés celui de cultiver les terres, & que l'Architecture n'eft pas de beaucoup poftérieure à l'Agriculture. C'est pourquoi Théodoret appelle celle-ci Theodor. la fœur aînée de l'Architecture. Les Orat.4.de exceffives.chaleurs de l'été, les ri- Provid. gueurs de l'hiver, l'incommodité des P-359. pluies,. la violence des vents a bientôt averti l'homme de chercher des abris, & de fe procurer des retraites qui lui ferviffent d'afyle contre les injures de l'air.

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