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ANCIENNE

DES

ÉGYPTIENS,

DES CARTHAGINOIS,
DES ASSYRIENS,
DES BABYLONIENS,
DES MEDES ET DES PERSES
DES MACÉDONIENS,
DES GRECS.

Par M. ROLLIN, ancien Recteur de l'Uni-
verfité de Paris, Profeffeur d'Eloquence au
College Royal, & Affocié à l'Académie Royale
des Infcriptions & Belles-Lettres.

TOME SECOND.

FACADENT

NOUVELLE ÉDITIO AC

161

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A PARIS,

Chez les Freres ESTIENNE, rue St. Jacques,
à la Vertu.

M. D C C. L X X V.

Avec Approbation & Privilege du Roi.

LIBENT

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HISTOIRE

DES

ASSYRIENS.

AVANT-PROPOS. S. I. Réflexions fur la variété des Gouvernemens.

L

A multiplicité de Gouvernemens parmi les peuples dont j'ai à parler, offre d'abord aux yeux & à l'efprit un spectacle bien digne d'attention, & montre l'étonnante variété que le fouverain Maître du monde a mife dans les empires qui le partagent, par la différence d'inclinations & de moeurs qui fe rencontrent dans chacune des nations. On reconnoît en cela le caractere de la Divinité, qui toujours femblable à elle même dans tous fes ouvrages, fe plaît à y peindre fous mille différentes formes, & à y faire éclater fa fageffe infinie, & par une fécondité merveilleufe, & par une admirable fimplicité: fageffe, qui de toutes les parties de

l'univers, auffi-bien que de toutes les productions de la nature, quoique multipliées & diverfifiées en une infinité de manieres fait former un ouvrage unique, & compofer un tout parfaitement régulier.

Dans l'Orient c'eft le Gouvernement Monarchique qui domine : lequel entraî nant avec foi une pompe majestueufe, & une hauteur prefque inféparable de l'au torité fouveraine, conduit naturellement à exiger des fujets un refpect plus marqué, & une foumiffion plus entiere. A l'égard de la Gréce, il femble qu'un fouffle de liberté & un efprit républicain s'étoit répandu dans tout le pays, & avoit infpiré prefque à tous les peuples qui l'habitoient un violent defir de l'indépendance, diverfifiée néanmoins fous différentes fortes de Gouvernemens, mais tous également ennemis de l'affujettiffement & de la fervitude. Ici c'eft le peuple qui commande. & c'eft ce qu'on appelle Démocratie: lá c'eft l'affemblée des fages & des anciens, connue fous le nom d'Ariftocratie; dans une autre République, c'eft un petit nombre d'hommes choifis & puiffans, & qui fe nomme Oligarchie: dans quelques-unes c'eft un mélange de toutes ces parties, ou de plufieurs d'entr'elles, & quelquefois même de la Royauté.

On fent bien que cette variété de Gouvernemens, qui tendent tous à une même fin, quoique par des voies différentes contribue beaucoup à la beauté de l'uni

vers, & qu'elle n'a pu venir que de celui qui le gouverne avec une fageffe infinie & qui met par-tout un ordre & une fymmé trie, dont l'effet eft de lier toutes les parties entre elles, & par là de les rappeller toutes à l'unité. Car, bien que parmi ces différentes fortes de Gouvernemens les uns foient préférables aux autres, il eft vrai néanmoins de dire, qu'il n'y a point de puif. Rom. 15. 1. fance qui ne vienne de Dieu, ne vienne de Dieu, & que c'est lui qui a établi toutes celles qui font fur la terre. Tout ufage de cette puiffance, ni_toute voie pour y entrer, ne font pas de Dieu quoique toute puiffance foit de lui: & fi l'on voit ces Gouvernemens dégénérer quelquefois en violence, en factions, en def3 potifme, en tyrannie, ce n'eft qu'aux pas fons des hommes qu'il faut attribuer ces défordres, qui font directement contraires à l'inftitution primitive des Etats, & qu'une fageffe fupérieure fait faire rentrer dans l'ordre, en les faifant fervir à l'exécu tion de fes deffeins toujours pleins d'équité & de juftice.

ན་

Ce fpectacle, comme je l'ai déja dit est bien digne de notre attention & de notre admiration; il fe développera peu-àpeu à mesure que j'avancerai dans l'expofition de l'hiftoire ancienne, dont il fait ce me femble une partie effentielle. C'eft pour y rendre les efprits attentifs, que je me crois obligé d'ajouter au récit des faits & des événemens ce qui regarde les mœurs & les coutumes des peuples, parce que

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