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remarquerez aussi, que tous les mots des propositions particulières sont subordonnés les uns aux autres, dans le même ordre, dans lequel ils sont ici placés.

A quoi se reconnoissent les rapports de subordi

Ces rapports de subordination se reconnoissent à différens signes: au genre et au don. nombre, prince éclairé, princesses éclairées; à la place que les mots occupent, comme vous le voyez dans tout le tissu de cette phrase; aux conjonctions, vous en avez deux dans cet exemple, que, et; aux prépositions, il y en a aussi deux, de et à. Le nom est proprement le premier terme Le nom est le prede la proposition, puisque c'est à lui que proposition. tous les autres se rapportent. Lorsque je dis, courageux soldat, on voit bien qu'au moment où je prononce courageux, pense à un nom que j'ai dessein de modifier. Soldat, quoique énoncé le second, est donc le premier dans l'ordre des idées, et courageux est un mot subordonné.

mier terme d'une

De-là naissent deux sortes de construc- Construction di

tions: l'une qui suit la subordination des mots, et que nous avons nommée construction directe; l'autre qui s'en écarte, et que nous avons nommée construction

recte et construc

tion renversée, ou

inversion.

L'inversion est

vicieuse pour peu qu'elle tere le

renversée ou inversion. Soldat courageux est une construction directe, et courageux soldat est une inversion.

Il ne faut jamais faire d'inversion lorsapport des mots que le rapport des mots doit être marqué par la place qu'ils occupent. J'aurois à rendre compte de mille autres secrets, voilà une construction directe: on peut la renverser, et dire, de mille autres secrets j'aurois à rendre compte, parce que le rapport de compte à mille autres secrets, est suffisamment marqué par la préposition de: mais le rapport de compte à rendre, ne doit être marqué que par la place; et par conséquent ce seroit mal de dire de mille autres secrets j'aurois compte à vous rendre. On dira,j'aurois des comptes à rendre, ou j'aurois à rendre des comptes, et ces deux constructions sont même directes; car on dit également j'ai des comptes, je rends des comptes : mais on ne dit pas j'ai compte, comme on dit je rends compte.

Quelquefois une construction directe commence par un mot subordonné; c'est qu'alors le nom est sous-entendu. Des

savans pensent; savans est subordonné, puisqu'il est précédé de la préposition de et le mot sous-entendu est une partie, ou quelques-uns.

par régissant et

régime.

On distingue les mots en régissans et Cequ'on entend en régimes. Le régissant est celui qui détermine le genre, le nombre, la place ou la préposition qui doit précéder un mot subordonné; le régime est celui qui ne prend tel genre, tel nombre, telle place ou telle préposition, que parce qu'il est subordonné à un autre. Éclairé est régi par prince est persuadé est le regime de prince éclairé; ainsi du reste. Je parle de ces mots, parce que les grammairiens en font un grand usage: je crois cependant que nous nous en servirons peu. Ils sont plus nécessaires dans la grammaire latine, que dans la grammaire française.

Propositions sim

ples.

Preposition qui en renferme plu sieurs autres.

CHAPITRE II I.

Des propositions simples et des propositions composées de plusieurs sujets, ou de plusieurs

attributs.

Vous êtes heureux, vous lisez, sont des exemples de propositions simples. Vous voyez que ces propositions ne sont composées que d'un nom, du verbe étre et d'un adjectif, ou simplement d'un nom et d'un verbe équivalent à un adjectif précédé du verbe étre. Vous lisez, est la même chose que vous êtes lisant, qui ne se dit pas..

Des deux termes que l'on compare dans une proposition, l'un s'appelle sujet, et l'autre attribut.

On peut comparer plusieurs sujets avec un même attribut, plusieurs attributs avec un même sujet, ou tout-à-la fois plu sieurs sujets et plusieurs attributs. Et dans

tous ces cas, on a une proposition composée de plusieurs autres.

La construction de ces sortes de propositions ne souffre point de difficulté. Lorsque Boileau peint la mollesse par ce vers :

Soupire, étend les bras, ferme l'œil et s'endort; il renferme quatre attributs dans une proposition, et il les présente dans la gradation qui les lie davantage. L'ordre des mots est donc alors déterminé par la gradation des idées, et on n'a pas à choisir entre deux

constructions.

Si la gradation n'a pas lieu, les idées seront également liées, quel que soit l'ordre qu'on leur donne. En pareil cas, les constructions seront donc arbitraires : il suffira de consulter l'oreille.

Il seroit inutile de multiplier ici les exemples: ces sortes de phrases ne souffrent point de difficultés.

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