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„à l'autre, à la mode des Parthes & des „Lacédémoniens, c'eft pour reprocher à ,,Appien d'avoir été trop crédule. Mais ,,Plutarque, dans la Vie de Caton, avoit ,,déjà écrit la même chofe, & affûré que ce „même Caton envoia librement à l'Orateur Hortenfe fon épouse Martia pour en tirer „lignée, à quoi la Loi de Romulus, ou celle „dont parle Aulugelle, contre les adultères. ,,ne répugne pas, comme Bodin fe l'eft „,imaginé".

Scaliger traite encore affez mal Appien, qu'il appelle un véritable enfant dans l'Hiftoire, L'expreffion eft trop forte, mais il faut avouer qu'Appien a deux défauts confidérables. Le premier, c'eft la trop grande crédulité; le fecond, c'eft une partialité aveugle pour les Romains, qu'il flatte fans ceffe 21 au préjudice des Grecs, de toutes

les

tatem ignaviamque earum gentium apparebit in processu ha jus Hiftorie. Paucis enim præliis Romani in fuam potestatem redegerunt tot quas nunc tenent provincias, quamvis defenfas milite Macedonico: verum circa Africam Europam que exhauferunt laboris plurimum. Rurfus Affyriorum. Medorum, Perfarum tria maxima Imperia simul congesta ne tem. pus quidem nongentorum annorum æquare possunt, quantum duravit in hodiernum Romana potentia. Amplitudo vero illorum Imperiorum dimidio minor fuit, fi conferantur termini, Appian. Alex, Hist. Rom. Præfatio, p.5.

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les nations de la terre, & de la fienne même, Il vante avec une oftentation infinie la grandeur de leur Empire 22 la fageffe de leur Sénat. Quant à la fuperftition, il rapporte les prodiges les plus ridicules, fans donner la moindre marque qu'il les rejette. Tantôt c'eft 23 une mule qui a fait un poulain, peu après c'est une femme qui accouche d'un ferpent. Les tremblemens de terre, caufés par des caufes naturelles, deviennent chez lui des prodiges qui annon

L cent

11 At Romanum Imperium magnitudine felicitateque præftitit propter diuturnitatem fuam, & Senatus in confiliis providentiam: quamquam nec virtus nec tolerantia laborum difficultatumque fumma in eo parando defuit. Id. ib. Il eft bon de remarquer que lorsqu'Appien écrivoit ainsi, c'étoit après toutes les guerres civiles qui avoient partagé le Sènat & noïé la République dans des fleuves de fang. Lorsqu'on lit les guerres de Sylla & de Marius, de Céfar & de Pompée, d'Augufte & de Brutus, n'a t-on pas une bonne opinion de la fagefle & de la vertu de ce Senat Romain, toujours divifé, & toujours l'auteur de tous les malheurs de Rome, de l'Italie & des Provinces par fa defunion?

23 Inter alia (prodigia,} mula étiam peperit, & mulier ferpentem enixa eft: terræ motus quoque ingens in urbe aliquot Templa proftravit, & quamvis Senatus populique Romani cura minime ceffet in rebus talibus, tamen Capitolium incerta caufa conflagravit, a Regibus ante CCCC. annos con

La défaite des

cent les guerres civiles. Craffus fut prédite 24 par une chûte qu'ils firent tous les deux en fortant d'un Temple, de feptième Confulat de Marius 25 avoit été annoncé par fept petits aiglons qui étoient defcendus fur lui lorfqu'il étoit encore enfant. Mais tous ces prodiges ne font rien, eu égard à ceux qui arriverent à Rome lors de la guerre civile des Triumvirs 26 Les chiens pouffoient des hurlemens affreux, à la manière des loups; & les

loups,

ditum: quæ omnia portendebant ftrages, & expugnationes Italia, ipfique populo Romano fervitutem mutationemque Reipublicæ. Appian. Alex. de Bellis Civil, Lib. I. Au refte, je crois devoir remarquer que c'eft dans les gu erres civiles de Sylla contre Marius qu'arriverent tous ces prodiges.

24 In hujus Deæ Templo (quam quidam Venerem, qui. dam Junonem putant, quidam Naturam ex humore profe minantem omnia) primum ei prodigium oblatum eft: exeun◄ tibus enim Craffis, junior procidit in foribus, & mox fuper eum fenior: Appian. Alex. de Bellis parth. Lib. p. 137. 25 Ferunt enim decidiffe in gremium ejus feptem pullos aquilinos, vates prædixiffe fummum honorem illi obven' turum fepties. Appian, Alex. de Bellis Civil. Lib. I.

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26 Interea multa horrenda in urbe vifa funt prodigia: nam & canes quafi ex compofito ululatum lupino more fi mul edebant inauspicatum, lupi per forum difcurrebant,

loups, qu'on n'avoit jamais vûs entrer dans les villes, couroient dans toutes les placespubliques: un enfant nouveau-né parla, & qui plus eft, un bœuf eut l'ufage de la Les ftatues voix humaine, & parla aussi. parurent fuantes, & l'on vit même du fang mêlé dans la fueur de plufieurs. On entendoit les cris des hommes, le bruit des armes & des chevaux, & cependaut l'on ne voioit rien. Il plut plufieurs fois des pierres (tems véritablement fâcheux pour ceux qui fe trouvoient alors dans les rues), les Temples & les fimulacres des Dieux furent frappés de la foudre.

Convenons que dans les Mandemens, que Mr. de Monpellier a faits au fujet des miracles, operés par la terre du tombeau du Bienheureux Paris, il n'y a pas de plus

grands

animal_inassuetum civitatibus. Bos etiam humanam vocem emifit, & infans recens natus locutus eft: in fimulacris fudor apparuit, in quibusdam eorum etiam mixtus grumis fanguis: exauditi funt magni clamores virorum & armorum crepitus, ftrepitusque equorum currentium, quum nihil tale cerneretur oculis: circa folem qouque multa prodigia funt obfervata, & lapidibus aliquoties pluit; & facræ ædes de cælo fæpe tacta funt, pariterque aliquot ftatuæ. Appian. Alex. de Bellis Civil. Lib. IV. p. 591.

37 Quapropter Numine irate prodigia quoque prenuntia.

grands prodiges quoiqu'il y en ait pourtant d'une grande conféquence, qui font atteftés par de très honnêtes gens de tous les différens états; ce qui nous montre que l'on a tort de vouloir mettre les Anciens au-deffus des Modernes, & que nous ne cédons pas même en miracles aux Grecs & aux Romains.

Appien nous apprend encore un grand nombre de prodiges qui annoncerent à Caffius & à Brutus leur perte 27. Un Licteur mit à Caffius, qui faifoit la revûe de fes troupes, une couronne à l'envers; une ftatue de la Victoire, que ce Général Romain avoit confacrée, tomba d'elle-même par terre; des troupes d'oifeaux s'arrêterent dans fon camp, fans faire aucun cri, & l'on y vit un grand nombre d'effains d'abeilles. Brutus 28, célebrant à Samos fon jour de

naiffan

fuere illorum exitus: nam Cassio copias luftranti Li&tor inverfam coronam impofuit: & aurea Victoria dedicata ab eo fponte decidit: aves quoque gregatim fupra illius caftra fine ullo clangore confederunt. Appian. de Bellis Civil. Lib. IV. p. 669.

28 Brutum item Sami natalem fuum celebrantem in comeffatione, quamvis non effet proclivis ad talia, fine ulla evidente caufa hunc verfum protulisse aiunt:

Sed me fors mifera & Latona perdidit infans.

Id. ibid.

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